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Opinions

Le suicide de l’Ontario Français

11 novembre 2013

Photo courtoisie

 

 

 

 

 

 

 

– Par Lucas Egan –

La Franco-Ontarie est mourante. S’il y a une place où nous pouvons attester cela sans crainte, c’est bel et bien ici. Mais la mort du peuple franco-ontarien ne sera ni la faute du monolithe anglophone, ni des orangistes, et ni même de (soupir) l’assimilation. Non, la mort de l’Ontario français aura pour cause que celui-ci s’est tranquillement et progressivement asphyxié. Et donc, comme tout bon suicide, une note de la victime est en ordre. Je propose alors la suivante.

Au peuple du Pays-d’en-Haut, de l’Ontario français,

Je m’excuse.

Je m’excuse que je ne puisse résister à l’apathie générale qui entoure mon existence.

Je m’excuse que je ne peux plus me battre contre cette apathie.

Je m’excuse aux combattants pour mon avenir. Mon apathie envers votre cause était inacceptable.

Je m’excuse aux anciens, les Lajoie, Desloges, Ormeaux, et Brulé. Mon abandon trahit vos efforts.

Je m’excuse que les deux seules versions de la langue française que j’accepte comme « normales » sont celles de l’Est et du Nord ontarien.

Je m’excuse au peuple minoritaire, qui, en souffrant, m’ont vu prêter toute mon attention aux communautés fortes, telles que Sudbury et Ottawa.

Je m’excuse d’avoir divisé un groupe déjà minoritaire en catholiques et en publics.

Je m’excuse d’avoir été conservateur en ce qui concerne la religion.

Je m’excuse aux francophones qui ne sont pas « pure laine » que j’ai tant aliénés et marginalisés.

Je m’excuse pour ma xénophobie.

Je m’excuse d’avoir créé une société tellement exclusive que des jeunes par des noms tels que Giroux, Leblanc, Veilleux, et Desrochers se sentent rejetés par celle-ci.

Je m’excuse aux jeunes francophiles et d’immersion. Je vous ai ignorés car je vous vo yais comme francophones de deuxième classe, qui n’étaient pas assez purs pour être considérés un des miens.

Je m’excuse d’avoir corrompu notre jeunesse avec ces pensées.

Je m’excuse aux jeunes de familles exogames, qui je n’ai pu encadrer afin qu’ils choisissent de vivre en français plus tard dans leur vie.

Je m’excuse que, quand est venu le temps de poursuivre leurs études universitaires, je les ai offerts au bourreau de la culture.

Je m’excuse pour un système d’éducation qui ne fait rien pour retenir une jeunesse déjà susceptible à adopter la culture de la majorité.

Je m’excuse aux francophones assimilés et acculturés que j’ai osé utiliser comme boogeyman pour nos jeunes. Vous n’êtes pas un boogeyman, vous êtes ma raison d’exister.

Je m’excuse d’avoir transmis la pensée que l’assimilation est un choix.

Je m’excuse d’avoir participé à cette assimilation en oubliant de m’occuper de ceux qui se font assimiler.

Je m’excuse d’avoir gardé le silence en voyant tout cela arriver.

Je m’excuse.

Je m’excuse.

 

Sincèrement,

L’Ontario Français.

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