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Sports et bien-être

« Je ne me suis jamais dit : je lâche, j’arrête »

16 septembre 2019

Crédit visuel : Loïc Gauthier Le Coz, photographe

Par: Pascal Vachon, journaliste

« Mes joues étaient toutes rondes, ma face était toute gonflée, je prenais mes cheveux et je les enlevais juste de même, c’est à ce moment-là que j’ai vraiment réalisé que j’avais le cancer ».  À la fin août 2018, un cancer des testicules s’attaqua au défenseur des Gee-Gees de l’Université d’Ottawa (Ud’O), Jean-Robin Mantha. 

Après une visite chez son médecin famille et une échographie, le jeune adulte de 23 ans a reçu la pire nouvelle de sa vie. Une nouvelle qui allait marquer le début de son combat contre un cancer des testicules de stade 2. Il s’en est ensuite suivi une chirurgie et près de trois mois de chimiothérapie, et ce, 8 heures par jour, 5 jours par semaine. Mantha effectuait des rondes de chimiothérapie qui étaient à recommencer tous les mois. « La première semaine, tu es correct, tu te dis alors que c’est juste ça. Finalement, non. La deuxième, tu deviens quasiment mort et à la troisième, c’est encore pire, et ensuite tu recommences » affirme le jeune homme, qui avoue que ces deux mois et demi lui ont paru durer une demi-année.

En plus de séquelles physiques, le traitement de Mantha lui provoquait des pertes de mémoire ou des moments de fatigue et de faiblesse de façon récurrente. « Tu me regardais et j’avais les yeux vides et je n’étais pas capable de comprendre ce que le monde disait. Quand t’es en traitement de chimiothérapie, on dirait que ton conscient ne se soucie de rien, alors tu ne fais que survivre » décrit-il.

C’est le 18 décembre 2018 que Mantha a effectué son dernier traitement. Ce dernier coïncidait aussi avec les vacances de Noël! « C’était incroyable, car tu es mort pendant trois mois et à chaque jour, je reprenais des forces et j’avais des petits cheveux qui recommençaient à pousser et j’ai pu  recommencer à voir mes amis », déclare-t-il, optimiste.

Retour au jeu, cette saison

Le défenseur des Gee-Gees retourne au jeu cette année pour le gris et grenat. « Dans ma tête, c’était certain que je voulais rejouer au hockey… C’est le joueur en moi qui a toujours voulu performer au plus haut niveau possible ». Le natif d’Aylmer n’a pas joué dans une rencontre officielle depuis la saison 2017-2018 et sa date de retour est encore incertaine. L’attente a été longue pour lui et il avoue qu’il a hâte.

« J’ai juste hâte à ma première présence et d’entendre les gars crier des jeux et de faire une passe bien normale et surtout, juste le feeling d’être dans une partie de hockey », souligne-t-il. Pour l’instant, il affirme ne pas être trop rouillé physiquement. Mantha a recommencé à s’entraîner en mai dernier en prévision de la saison de hockey.

Du support à ne plus finir

L’étudiant de l’Ud’O a avoué avoir eu beaucoup de difficultés à vivre avec le fait d’avoir un cancer. Au début, Mantha gardait la nouvelle de sa maladie pour lui et ses proches, mais trois semaines après le verdict, le défenseur a décidé de sortir publiquement avec la nouvelle. 

« Je me suis dit que si jamais il y avait quelqu’un qui avait la même histoire que moi, je pouvais être là pour les aider, car j’ai eu moi-même du monde qui m’ont beaucoup aidé. Ça aurait été un peu égocentrique de ma part de garder ça sous silence alors que je pouvais aider du monde », partage le joueur des Gee-Gees avec La Rotonde.

Le support de son entourage lui permettait de survivre tous les jours; « j’ai eu beaucoup de support via les textos, les appels. Tout ça te fait réaliser que tu n’es pas tout seul et que t’as beaucoup de monde qui te supporte. L’équipe et les gars ont fait beaucoup de choses pour moi. Ils venaient me voir, c’est ce qui me nourrissait pour continuer et garder le sourire. Mes parents ont fait beaucoup d’efforts pour moi… Je suis vraiment reconnaissant envers eux ».

De quoi l’athlète est-il le plus fier un peu plus d’un an après ce combat? « Je suis fier de ne pas avoir lâché et de la façon dont je l’ai combattu, je n’ai jamais mis un genou à terre et je ne me suis jamais dit : je lâche, j’arrête », affirme le joueur.  « Je pense que mon histoire peut transporter mon équipe, les gars sont contents de me revoir, et ça doit faire de quoi, si je me mets dans leur situation, je me dis que voir quelqu’un qui revient après ça, ça doit donner une petite motivation pour ne pas avoir d’excuses » explique Mantha qui souligne au passage le support incroyable de la dernière année de son entraîneur-chef, Patrick Grandmaître.

Pour l’instant, il avoue ne pas avoir pleinement réalisé le fait qu’il a eu un cancer malgré les épreuves qu’il a dû traverser. L’élève de l’Ud’O en sera-t-il plus conscient dans 10-15 ans? « Oui. Je pense, je vais être très fier d’avoir combattu une des maladies les plus dangereuses dans le monde et dire que j’ai combattu ça, c’est quelque chose dont je dois être fier. Cela va m’aider dans plusieurs choses dans ma vie, même si c’est quelque chose qui a été techniquement négatif, je ressors du positif de ce combat ».

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