– Par David Beaudin Hyppia –
Du 21 au 24 février prochain aura lieu le congrès annuel de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants (FCÉÉ), ici même à Ottawa-Gatineau. 83 associations étudiantes, universitaires et collégiales, enverront leurs représentants et délégués à cette convention pancanadienne. Diverses motions y seront présentées et discutées. Or, cela ne se fera certainement pas sans mention du mouvement de désaffiliation que 16 associations étudiantes avaient initié au début du mois de septembre 2013.
Motions et discussions
Les différentes associations discuteront de plusieurs sujets formulés sous forme de motion, dont plus d’une cinquantaine seront présentées au congrès. Les motions sont présentées par une section dans le but d’amender, modifier ou encore clarifier les positions de la FCÉÉ. Par exemple, la motion n°4 qui, émise par le Nova Scotia College of Art and Design suite à la vidéo controversée dans laquelle des représentants étudiants de l’Université Sainte-Marie de Halifax chantent un hymne au message ambigu sur le viol, veut que ces derniers réaffirment leur engagement pour la campagne Non c’est Non (campagne de sensibilisation contre le viol). Les motions peuvent toucher autant la politique étudiante que nationale, comme la motion n°6, qui veut que la réforme du Sénat soit soutenue par la Fédération. La motion n°12, quant à elle, veut que la Chartre des valeurs québécoises soit condamnée par la FCÉÉ. La motion n°22, visant directement la FCÉÉ, sera présentée par l’Université Laurentienne, celle-ci voulant que la FCÉÉ donne deux semaines d’avis avant de faire campagne sur les campus universitaires lors d’un vote la concernant. D’autres motions seront soumises en vue d’adresser divers messages à la scène politique canadienne. L’association étudiante du Collège Camosun (Colombie-Britannique) est d’avis qu’il faut que la FCÉÉ soutienne publiquement la nation Elsipogtog, et ce après les échauffourées avec la GRC qui ont eu lieu le mois derniers au Nouveau-Brunswick. La York Fédération of Students souhaite quant à elle que le syndicat étudiant canadien appelle au boycott des Jeux olympiques d’hiver qui se débutent en janvier à Sotchi, en Russie. La raison invoquée est la politique de l’État russe en ce qui concerne les droits de la communauté LGBT.
Le déroulement du congrès
Le congrès, qui prendra place au Holiday Inn à Hull, procédera par assemblées plénières. « D’abord, on a notre plénière d’ouverture. À ce moment-là, on adopte les motions et c’est à partir de là que les débats commencent. Il va y avoir des ateliers sur les enjeux courants postsecondaires sur une perspective nationale, mais il va aussi y avoir des débats en groupes modulaires. », explique Anne-Marie Roy, présidente de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO). Elle, Dave Eaton (vp finances), Nicole Desnoyers (vp aux affaires de l’équité), Chris Hynes (vp aux affaires universitaires), Ikram Hamoud (vp aux services de communications), Cody Duek et Ahmed Hussein de la FÉUO seront présents au congrès. « À partir de ces débats, il y a des modifications qui sont apportées aux motions. Soit les motions ne sont tout simplement pas adoptées, soit elles sont modifiées. » La FÉUO ne présentera cependant aucune motion cette année. Il est aussi important de noter que chaque étudiant à temps plein paye 4.26$ pour la FCÉÉ nationale et 3.55$ pour la FCÉÉ ontarienne par semestre. Les étudiants à temps partiels paye un peu moins, soit 2.13$ pour la FCÉÉ nationale et 1.78$ pour la FCÉÉ ontarienne par semestre.
Opinions mitigées
Nicholas Di Penna, vice-président aux affaires externes du Collège Dawson, affirmait en entrevue à La Rotonde (édition du 16 septembre 2013) que « leur démocratie [celle de la FCÉÉ] semble atteinte d’un cancer nommé capital social. […] Le favoritisme au sein de la FCÉÉ, la question des employés permanents qui peuvent passer des motions et qui peuvent être impliqués dans la démocratie étudiante, c’est très malsain. […] La FCÉÉ n’est pas une entité démocratique. » La présidente de la FÉUO n’est cependant pas d’accord avec ces propos, tout comme Melissa Palermo, présidente de l’association étudiant de l’Université de Ryerson, qui affirme « L’association des étudiants l’Université de Ryerson n’a pas exprimer son intérêt envers la désaffiliation. Il y avait des rumeurs qui circulaient à ce propos en septembre, mais rien ne s’est concrétisé. Nous sommes satisfaits de notre affiliation à la FCÉÉ. ».
Une présence francophone limitée
Les débats se font majoritairement en anglais, mais il y a un accès à des traducteurs simultanés. La FCÉÉ est cependant officiellement bilingue. « Je compte bien appliquer mon droit de m’exprimer en français », affirme Anne-Marie Roy. Il faut noter que la FCÉÉ ne compte aucune université unilingue francophone en son sein. Le Collège Dawson est le dernier établissement scolaire québécois faisant encore partie de la FCÉÉ.