
Le Bureau des gouverneurs de l’U d’O comparé : La gouvernance universitaire, ici et ailleurs
– Par Frédérique Mazerolle –
Depuis maintenant 50 ans, l’Université confie au Bureau des gouverneurs le droit de prendre des décisions d’ordre financier, d’établir les règlements en matière de gestion de l’Université, ainsi que de gouverner et administrer l’U d’O. La Rotonde s’est penchée sur la gouvernance d’autres universités canadiennes pour dresser des similarités entre celles-ci.
C’est en 1965 que l’Université d’Ottawa a décidé d’établir la loi donnant son autorité au Bureau des gouverneurs. Présentement, 30 membres siègent au Bureau des gouverneurs, dont le recteur de l’U d’O, Allan Rock ; le président et éditeur du journal Le Droit, Jacques Pronovost ; et Sanni Yaya, directeur adjoint au premier cycle de l’École interdisciplinaire des sciences de la santé de l’U d’O. Il y a également quelques membres à titre honoraire, dont la très honorable Michaëlle Jean, chancelière de l’U d’O. Trois représentants étudiants sont élus pour siéger au Bureau des gouverneurs.
D’un point de vue organisationnel, le Bureau des gouverneurs et le Sénat de l’U d’O se situent au même niveau, juste en dessous de la chancelière, qui agit à titre de chef titulaire de l’Université. Dès lors, les pouvoirs décisionnels découlent vers le recteur et le vice-chancelier, le chef du cabinet du recteur, de la vérification interne et de la caisse de retraite. Finalement, il y a une division au niveau des vice-rectorats, soit ceux des études, de la recherche, des relations extérieures, des ressources et puis de la gouvernance.
Les membres du Bureau des gouverneurs peuvent investiguer des questions de leur choix. Dix comités sont présentement actifs, dont le Comité exécutif et le Comité consultatif du développement sur le campus, établi en 2011.
La Rotonde s’est entretenue avec l’Université de Moncton, qui quant à elle se doit de représenter trois campus à travers la province du Nouveau-Brunswick, soit ceux de Moncton, de Shippagan et d’Edmunston. Comparativement à l’Université d’Ottawa, l’Université de Moncton possède une structure organisationnelle similaire, à quelques exceptions près. En effet, pour tenter de mieux représenter les campus situés au nord de la province, deux vice-rectorats ont été établis pour les campus de Shippagan et d’Edmunston.
Mathieu Lemieux, étudiant à l’Université de Moncton au campus d’Edmunston et président de l’Association générale des étudiants et des étudiantes de l’Université de Moncton, campus d’Edmunston, en est maintenant à son troisième mandat à titre de membre votant au Conseil des gouverneurs.
« Mon défi est d’arrimer les intérêts supérieurs de l’Université et les positions étudiantes. Pour en être à mon troisième mandat, ce qui constitue un record à l’UMCE, j’ai appris et compris qu’il ne faut pas s’assoir au Conseil des gouverneurs avec des idées bornées », explique l’étudiant. « Ce que je veux dire est qu’il ne faut pas seulement avoir des positions qui ne sont pas à l’image du Conseil des gouverneurs, il faut plutôt, comme leader étudiant, opter pour une stratégie plus tranquille. La moyenne d’âge est surement au-delà des 45 ans donc il faut savoir comment interpeler ces gens-là sans qu’ils pensent que nous voulons faire des réformes sans précédent ».
Mathieu Lemieux nous explique donc que lorsqu’il siège aux réunions du Conseil, il tente d’expliquer clairement aux autres membres la réalité du campus, que la majorité de ceux-ci ne peuvent voir de leurs propres yeux, étant donné qu’ils sont des membres venant de l’externe. En rejoignant une situation avec des expériences réelles, témoignées par des étudiants, il trouve que le message passe plus clairement.
« Le Conseil des gouverneurs est une école en soi. Le savoir et l’expérience qu’on y retrouve sont sans pareils. Il peut être intimidant au départ de faire des interventions, mais je dois dire qu’après peu de temps, l’intérêt de faire valoir une opinion prend le dessus sur l’hésitation », affirme l’étudiant. « [J]e tiens à dire que le Conseil des gouverneurs devrait jouer un plus grand rôle en ce qui concerne l’image de l’université, il devrait être le pilier non seulement pour les affaires administratives de l’université, mais aussi un pilier en matière de sentiment d’appartenance envers l’institution. Une bonne gouvernance commence avec des gens qui croient dans les valeurs fondamentales de l’institution, qui est de toujours promouvoir que l’éducation postsecondaire constitue une richesse inestimable ».
En son ensemble, le Conseil des gouverneurs se compose de 27 membres votants, dont une majorité évoluent à l’extérieur des affaires universitaires et y siègent de façon bénévole. Selon Lynne M. Castonguay, secrétaire générale de l’U de M, il est normal que le Conseil rencontre des problèmes en raison de sa grande taille.
« Je dirais que la taille du Conseil peut être un défi », affirme-t-elle. Cependant, elle ajoute que « la diversité des expertises autour de la table est une force ».
La Rotonde a également eu la chance de s’entretenir avec un membre du Conseil des régents (Board of Regents) de l’Université Memorial de Terre-Neuve, la seule université de la province de Terre-Neuve et du Labrador. La formule Board of Regents est notamment populaire chez les universités américaines.
Le Conseil de l’Université Memorial est composé de trois membres de droit (soit le chancelier, le président et le vice-président de l’Université), six membres élus par l’Association des anciens étudiants, quatre étudiants à temps plein élus par leurs pairs et puis finalement 17 membres élus par le lieutenant-gouverneur.
Les quatre étudiants élus représentent les étudiants au premier cycle de l’Université, les étudiants aux études supérieures, ainsi que les étudiants du Campus Grenfell et de la Marine Institute. Il y a un total d’une trentaine de membres.
Matthew Brockell, qui en est à sa quatrième année au baccalauréat en commerce, siège au Conseil à titre de représentant du campus de Grenfell.
« Le Conseil fait de son mieux pour s’assurer que les étudiants soient impliqués et consultés. Lorsque nous devons faire face à un problème qui concerne les étudiants, l’un des étudiants siégeant au Conseil est tout de suite assigné à prendre place dans un sous-comité ».
Même si celui-ci n’avait que de bonnes choses à dire au sujet de la gouvernance de son université, il estime toutefois que le seul problème majeur serait celui de l’absentéisme de la part du membre représentant la Marine Institute. Il comprend tout de même que les étudiants de cet établissement ont des horaires stricts établis par Industrie Canada, mais estime que des solutions sont en train de se former.