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Arts et culture

L’art corporel, une culture marginalisée

14 novembre 2016

Arts et culture

Par  Myriam Bourdeau-Potvin

Tatouage

Un véritable engouement pour le tatouage s’est développé depuis les années 90, mais le concept est loin d’être nouveau. Effectivement, qu’il soit temporaire ou permanent, la quasi-totalité des cultures pratiquent le tatouage. Aux quatre coins de la planète, depuis des lunes, l’humain modifie son apparence physique. La Rotonde a profité du TattooÉxpo de la fin de semaine du 12 novembre pour discuter avec des artistes tatoueurs de la région.

Esthétique, symbolique et identité

Les raisons qui poussent les gens à se tatouer sont nombreuses. Datant d’aussi loin que l’antiquité, les tatouages se font coutumiers, élitaires ou même thérapeutiques. Ils seront ensuite repris tour à tour par l’armée et les prisons, notamment les instituts carcéraux russes. Les nazis, par exemple, identifiaient leurs détenus dans les camps de concentration avec un matricule tatoué. Dans les années 20, plusieurs Arméniennes se retrouvent en Syrie pour fuir le génocide de leur peuple et sont contraintes à la prostitution; elles seront identifiées par des tatouages sur leurs bras et leur visage.

Cette notion subie d’identification est reprise par le peuple qui, depuis le 19e siècle, utilise le tatouage pour affirmer sa propre identité. On peut par exemple penser aux marins qui doivent bien passer le temps lors de longs voyages en mer et s’improvisent tatoueurs pour créer un carnet de voyage sur la peau d’un collègue. De nos jours, la panoplie de styles accessibles n’égale en abondance que la quantité d’artistes tatoueurs. Selon Tien Dat Tran, tatoueur au Rictus mieux connu sous le nom de Dack, « quand tu ne sais pas quel genre de tattoo tu veux, [une convention de tatouage] est la meilleure place où commencer ».

Une communauté diversifiée

Une fois l’illustration choisie, reste encore la tâche ardue de trouver un tatoueur. La relation entre tatoueur et tatoué en est une particulière : certains projets peuvent parfois prendre plus de vingt heures à réaliser. Comme l’exprime Steeve Laroque, un artiste tatoueur natif de la région, « passer vingt heures avec quelqu’un qui a une face de bœuf, c’est un peu long ». Il croit avant tout que la première étape consiste à étudier attentivement les portfolios des artistes : « Il faut beaucoup regarder le travail du tatoueur. Ce n’est pas n’importe qui qui fait n’importe quoi. » En second lieu, il « conseille souvent aux gens d’aller faire un tour dans la shop et de parler avec le tatoueur que tu choisis » suite à la consultation de leur portfolio. « Si ça clique pas avec la personne, c’est peut-être pas le bon tatoueur ou le bon client pour moi », ajoute-t-il en signalant la présence des nombreux autres tatoueurs disponibles autour de lui.

Si certains tatoueurs ou salons de tatouage se concentrent sur les reproductions réalistes ou offrent des designs plus classiques, Laroque insiste que « souvent, plus tu laisses l’inspiration à l’artiste plus le projet est nice ». Le choix d’un artiste dépend donc du style recherché et de l’illustration ou de la thématique à réaliser.

Les modifications corporelles

D’autres vont aussi pousser les modifications corporelles à l’extrême en employant des techniques de scarification, d’implants ou carrément d’injection. C’est le cas d’Amy-Lee Gosselin et de sa douce moitié Karl Roy, un couple qui a transformé sa passion pour les modifications corporelles en entreprise de soins après-tatouage. « D’ici deux semaines, je m’en vais me faire couper la langue, pis lui il va avoir des implants [sur son front], de vraies petites cornes », explique Gosselin en désignant son conjoint. Quelques pratiques modernes frôlent la chirurgie, allant jusqu’à l’ablation du nombril ou d’un mamelon. « Il n’y a pas très longtemps il y a eu des articles de médecins qui veulent règlementer », déplore la jeune femme. Selon elle, obtenir certaines modifications est déjà difficile et elle a peur que toute possibilité d’y accéder disparaisse. Elle persiste en expliquant : « C’est notre idéal de beauté, on s’épanouit là-dedans. »

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