Sports et Bien-être
Par: Maxime Jolicoeur, chef du pupitre sports
« Ce n’est pas personnel, c’est un business. » Voici l’excuse de plusieurs directeurs généraux de la Ligue nationale de hockey (LNH) lorsqu’ils échangent leurs joueurs. Il est évident que quand des joueurs de hockey, qui se font payer des millions de dollars pour jouer, se font échanger, il est difficile d’avoir de la compassion pour eux. J’ai cependant découvert un nouveau monde cette année… une réalité qui frappe tous les joueurs aspirant à la LNH.
Une réalité peu connue
La plupart des joueurs de la LNH passent par le circuit du hockey junior avant d’atteindre les niveaux professionnels. La réalité de la vie d’un joueur de hockey junior peut sembler être une vie formidable, mais c’est bel et bien le contraire. Premièrement, nous devons mettre quelque chose au clair : la vaste majorité de ces jeunes adolescents âgés de 16 à 21 ans n’habitent pas avec leurs parents, ils doivent s’acclimater à une nouvelle ville, de nouveaux amis et oui, une nouvelle famille. Ceci signifie donc que lorsqu’un joueur se fait échanger, il doit répéter le même processus d’acclimatation, ce qui devrait vraisemblablement affecter sa performance sur la patinoire. Ce qui est frustrant, ce sont les réactions des partisans envers ces joueurs lorsqu’il ont de la difficulté lors de leur premier match dans leur nouvel uniforme.
Il faut aussi mentionner qu’il y a des joueurs européens qui font le trajet pour venir dans la LHJMQ (Ligue de hockey junior majeure du Québec), tout ça pour l’amour du hockey. On s’entend que ce n’est pas pour habiter dans la belle ville de Baie-Comeau… Depuis le début de la saison, j’ai eu la chance de suivre les Olympiques de Gatineau et, comme les Sénateurs, les Olympiques sont présentement dans une phase de reconstruction. Donc, plusieurs morceaux de l’équipe se font bien évidemment échanger.
25 % des joueurs échangés
Dans la LHJMQ, la dernière période de transaction avait lieu pendant le temps des fêtes et au total, 105 joueurs ont changé d’adresse, soit presque 25 % des joueurs de la ligue. Comparativement aux autres ligues junior au Canada (WHL et OHL), les directeurs généraux de la LHJMQ ne peuvent pas échanger leurs joueurs quand ils le veulent. En raison du système d’éducation, les étudiants doivent compléter leur trimestre au même CÉGEP. Voici donc pourquoi 105 joueurs ont été échangés en quelques semaines dans la LHJMQ. Depuis cela, plusieurs demandent un changement, mais dans une entrevue accordée à Radio-Canada, le commissaire Gilles Courteau a indiqué que « ce n’est pas demain que ça va changer. Les échanges sont conclus selon les besoins et les aspirations des équipes. Imposer des quotas n’est pas une avenue. »
Il ne faut surtout pas oublier que la réussite scolaire de ces athlètes est très importante. Dans un texte de Radio-Canada, une mère d’accueil a raconté qu’elle a appelé l’équipe pour leur dire que le joueur en question n’était pas lui-même depuis que son nom circulait dans les rumeurs d’échange et qu’une transaction pourrait affecter son école. La réponse de l’équipe ? « L’entraîneur de la formation lui avait alors répondu que son équipe n’était pas une garderie, qu’il n’était pas ici pour ça et qu’il ne pouvait pas gérer avec son cœur. » En d’autres mots : le succès de mon équipe est bien plus important que le futur d’un jeune homme qui débute sa vie adulte.
Ces jeunes joueurs se mettent beaucoup de pression sur les épaules. La majorité d’entre eux n’ont pas le luxe de parler ou même pleurer à leurs familles. La LHJMQ se doit d’agir. Un âge minimum pour échanger un joueur ? Un nombre limite de transactions ? Être obligé d’indiquer à un joueur qu’il sera probablement échangé ? Il y a beaucoup de solutions, et maintenant, c’est aux big boys d’agir : les joueurs en seront certainement reconnaissants.