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Par : Stéphanie Bacher
À l’occasion des consultations préalables au prochain budget de l’Ontario, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Carol Jolin, a exposé les six recommandations de la communauté franco-ontarienne. Des recommandations qui touchent divers secteurs, tant les affaires francophones, que les arts et la culture, la santé, les médias et le financement des organismes communautaires.
En prévision du prochain budget provincial, le gouvernement de l’Ontario a organisé une série de consultations prébudgétaires où les organismes étaient invités à soumettre leurs suggestions et recommandations devant le Comité permanent des finances et des affaires économiques. Jolin y était présent pour exposer les six recommandations de la communauté franco-ontarienne. Ces recommandations s’appuient sur une série de documents clés de l’organisme, dont Vision 2020, son Plan stratégique communautaire de l’Ontario français et des idées proposées lors de son Assemblée générale annuelle.
L’AFO propose notamment d’augmenter le budget du ministère des Affaires francophones de 75% et les investissements dans les infrastructures culturelles et artistiques francophones, de bonifier le budget pour les services de santé physique et mentale en français et celui pour les médias francophones de l’Ontario.
Conséquences de la hausse du salaire minimum
Une des recommandations concerne l’augmentation du salaire minimum en Ontario à 14 $ en 2018, puis à 15 $ en 2019 si les libéraux sont ré-élus. Pour faciliter la transition des organismes franco-ontariens, l’AFO propose au gouvernement de débloquer un fonds d’aide pluriannuel. En effet, selon Jolin, l’augmentation du salaire minimum « pourrait amener des parents francophones à dire « « bien moi, je vais aller du côté anglophone parce que ça coûte trop cher du côté francophone » ». Cette situation est due selon lui aux faibles ressources des organisations franco-ontariennes pour éponger les coûts liés à l’augmentation du salaire minimum en comparaison avec leurs consœurs anglophones.
Stéphanie Chouinard, professeure en science politique au Collège militaire royal du Canada et spécialiste des questions linguistiques, affirme qu’un des impacts de la hausse du salaire minimum est que « les organismes [franco-ontariens] se retrouvent coincés ». Elle pense que la recommandation de l’AFO pour un budget pluriannuel viendrait « aider non seulement à respecter la nouvelle loi sur le salaire minimum, mais aussi à garder des employés qui ont une formation particulière dans le milieu communautaire » et offrir des contrats de plus d’un an.
Accueil positif par le gouvernement ontarien
Ronan Le Guern, attaché de presse du Cabinet de la Première ministre de l’Ontario, s’est dit « heureux de constater que la communauté francophone a répondu à l’appel et a participé à cet exercice [prébudgétaire] important ». Il souligne que « le gouvernement est mobilisé à travers les différents ministères pour soutenir et renforcer la capacité de la communauté francophone » qui n’a, selon lui, jamais bénéficié d’autant d’avancées.
Jolin croit également que les recommandations de l’AFO ont été bien reçues par le gouvernement ontarien. Pour lui, ce sont des recommandations de longue date de l’organisation, sauf la question du salaire minimum qui est plus récente. Par contre, selon lui, « les attentes de la communauté sont élevées, d’autant plus que l’enveloppe [financière] a été gelée depuis une dizaine d’années ».
Un ministère sans ressources supplémentaires
Une affirmation qui est confirmée par Chouinard étant donné qu’« avec le nouveau ministère des Affaires francophones, il n’y a pas eu de bonification du budget par rapport à l’Office des Affaires francophones qui existait auparavant. On se retrouve avec un nouveau ministère qui n’a pas plus de ressources ».
Chouinard ajoute que « dans le discours du gouvernement, présentement, ils tentent de se présenter comme le champion de la francophonie ontarienne, non seulement avec l’Université de l’Ontario Français, mais aussi avec le dossier d’Ottawa ville bilingue qui a finalement bougé, [et] avec la création d’un ministère aux Affaires francophones ». Elle croit donc qu’il y a eu beaucoup de mouvement et que « ce qu’on voit, c’est qu’il y a un bon vouloir, mais il y a un manque de ressources pour offrir les services et faire la promotion de ces services ».