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L’affaire Yanéric Bisaillon prend de nouvelles proportions

1 Décembre 2014

– Par Clémence Labasse –

Les témoignages de harcèlement sexuel continuent de se multiplier à l’encontre de Yanéric Bisaillon, ancien vice-président académique de l’Association des étudiants en études internationales et politiques (AEEIP). Dans une lettre ouverte anonyme sur Facebook, des victimes ont publié de nouvelles allégations en racontant leurs expériences avec l’ancien leader étudiant.

Une première affaire

Début novembre en effet, Arezoo Najibzadeh, étudiante de sciences politiques et membre de l’AEEIP, a décidé de dénoncer, via les réseaux sociaux notamment, le comportement du leader étudiant à son égard lors de la semaine 101. Elle rapportait alors qu’il aurait fait un commentaire déplacé, devant plusieurs autres personnes, la menaçant de « mettre son pénis dans sa bouche et l’étouffer sur le lit ». Les sanctions sont vite tombées pour M. Bisaillon, qui a été suspendu de son emploi d’adjoint parlementaire à la députée NPD Marie-Claude Morin et a perdu son poste de vice-président au sein de son corps fédéré étudiant.

Le jeune homme s’est défendu d’avoir tenu des propos aussi violents. Lors de diverses entrevues, il a reconnu avoir « fait une blague déplacée » à une personne qu’il considérait être son amie, et s’est excusé pour ce faux pas. Il a d’ailleurs affirmé publiquement avoir appris sa leçon et vouloir dans le futur travailler à contrer ce genre de comportement irrespectueux.

Il a également admis vouloir entamer des procédures juridiques. Selon diverses sources, il aurait eu recours à des avocats, pour plus de 10 000 $, afin de se défendre contre son accusatrice et l’association étudiante qui l’a destitué.

M. Bisaillon était très présent dans les médias pour faire entendre sa version des faits. Or, depuis que de nouvelles accusations à son encontre ont fait surface lundi dernier, Yanéric Bisaillon a refusé toute entrevue à La Rotonde.

De nouveaux témoignages accablants

Lundi, un collectif anonyme a publié sur Facebook, via les comptes de plusieurs étudiants, une lettre ouverte intitulée
« Yanéric Bisaillon – We demand justice through accountability ».

Dans celle-ci, les auteurs demandent au jeune homme de prendre conscience de la gravité de ses actes et d’en assumer la responsabilité, afin qu’il puisse prendre des mesures pour se réhabiliter. Pour ce faire, ils ont livré de nouveaux témoignages, de deux étudiants, anonymes eux aussi, qui disent avoir respectivement été victimes de harcèlement et d’agression sexuels.

Appelé à témoigner à ce sujet, M. Bisaillon a répondu : « Je n’ai rien à ajouter sur ce sujet. Ma famille et mes amis savent que je suis une bonne personne et j’ai reçu des centaines de messages de soutien depuis ces fausses allégations, alors c’est tout ce qui compte ».

La Rotonde a rencontré une personne de ce collectif, qui a désiré rester anonyme. Pour le collectif, c’est dans ce soutien collectif que réside le problème.

« Nous ne voulons pas qu’il y ait des sanctions pénales à son encontre, ou qu’il soit renvoyé par exemple. Cela n’est pas notre objectif », nous a-t-on expliqué. « Nous voulons qu’il y ait une prise de conscience sur son comportement, une prise de conscience de sa part mais aussi de la part de son entourage ».

À propos des témoignages rapportés dans cette lettre ouverte, la personne a déclaré : « Si nous avons décidé de publier ces histoires particulièrement, c’est pour que les gens prennent conscience de la gravité des actes de Yanéric, et du fait qu’il ne s’agissait pas d’une simple blague isolée, mais d’un comportement enraciné depuis longtemps ».

« Nous avons choisi de dévoiler ces deux histoires en particulier parce qu’elles nous semblaient représentatives de ce comportement, mais nous pouvons confirmer qu’il y a certainementeu plus de cas ».

Se faire justice soi-même

Avec l’apparition de ces nouvelles accusations subsiste toutefois des interrogations importantes : est-il sain de se faire justice soi-même, par le biais des médias sociaux? Quelle crédibilité est-on en mesure d’accorder à de telles accusations, sans autres preuves?

Pour le collectif, il n’y a pas de doute que cette lettre ouverte sur Facebook était le moyen le plus efficace de communiquer avec la communauté universitaire. « Nous voulions donner une légitimité aux paroles des victimes, une parole qui avec les moyens de plainte plus traditionnels, justice ou médias, est trop souvent ignorée ou décrédibilisée », explique-t-on. « Grâce aux réseaux sociaux, nous souhaitions ouvrir un dialogue, un débat chez les étudiants, ainsi que chez Yanéric et ses proches ».

Les individus dont l’histoire a été rapportée dans la lettre n’ont pas souhaité entrer en contact avec M. Bisaillon, ni émettre de plainte officielle outre mesure, nous a-t-on appris.

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