– Par Steeve Ferron –
C’est l’automne
et je pisse mon envie sur les feuilles mortes
pour en enlever le givre qui se forme la nuit
et pour aussi laisser ma marque avant que n’arrive la neige de décembre.
Je me permets de t’écrire
même si tu ne me liras jamais.
Je me permets de jeter une larme dans l’eau
pour faire vibrer un peu plus doucement ce monde.
Je marche en cherchant les traces de tes pas
sur le sentier du Lac-Leamy.
Il ne reste que la sensation de fourmillement hallucinosique de ta main dans la mienne.
Il ne reste que les fantômes de tes massages.
Il reste un couple de canards
et une bande de goélands qui se font passer pour eux.
Je retrouve aussi les cerfs pas trop peureux
et la gorge me serre, serre, chère.
Les cyclistes passent rompant le silence et me rappelant que
je marche seul autour du Lac Leamy avec rien d’autre que mes maux dits.
Et je suis sans mot de toi. Et je suis à sec.
Et je suis affamé.
Et je suis âme-aigrie.
C’est comme se réveiller dans la peau de Macaulay Culkin un matin de Noël.
C’est comme se réveiller dans la peau de Macaulay Culkin un matin, point.
Notre histoire redonnait de l’espoir aux plus cyniques de ce monde.
Pendant longtemps, on a permis à Zygmunt Bauman lui-même de croire
en l’amour solide confrontant ainsi les idéologies et les théories modernes sur la vie.
Mais la réalité liquide nous a rattrapés
Et nous avons glissé entre nos doigts
Et nous nous sommes évanouis Sous nos regards passifs et complices
Nous nous sommes sentis à la fois libres et impuissants
Et nous sommes vulnérables. Depuis je suis en exil parmi le monde.
Je suis un oiseau qui a perdu une Elle
Mais qui en a une autre avec assez de plume pour t’écrire.
Je suis largué sur l’Île-aux-Souvenirs de ton premier regard vers moi.
Je suis poussé par l’air de ton dernier souffle sur nos dix bougies. Je suis bani de ta vie pendant que tu brûles pour d’autres envies.
Je suis jeté dans le compost de notre errance sur Terre.
Et nous sommes poussière.
Sans écho.
Le silence
De la distance entre nos étoiles Est.