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Génocide trans
Arts et culture

La situation des personnes transgenres : un génocide possible à l’horizon ?

Jacob Hotte
22 juillet 2023

Crédit visuel : Dawson Couture – Co-rédacteur en chef

Chronique rédigée par Jacob Hotte – Journaliste

Depuis le début de l’année 2023, près de 560 projets de loi hostiles envers les personnes trans ont été introduits aux États-Unis, selon le Trans Legislation Tracker. Parmi ces 560 propositions, 79 ont été adoptées et près des deux tiers sont encore actifs. Le sentiment des Américain.e.s ne semblent, toutefois, pas se limiter à leur nation et paraît en réalité se diffuser vers son voisin du nord. 

En juin dernier, le gouvernement du Nouveau-Brunswick a annoncé une révision à la politique 713. Celle-ci porte sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre et vise à fixer des exigences minimales à suivre pour assurer la prospérité et la sécurité des élèves LGBTQ+ dans un environnement scolaire. En réalité, les changements adoptés par le gouvernement conservateur actuel empêcheraient l’utilisation des prénoms et des pronoms préférés des écolier.ère.s transgenres et non binaires lorsque ceux.celles-ci n’ont pas 16 ans.

Déconstruire l’identité et le problème

Vous l’avez peut-être déjà entendu à maintes reprises, mais les crimes haineux envers les personnes transgenres se font aussi de plus en plus fréquents. Notamment, une attaque au couteau a fait trois blessés à l’Université de Waterloo la semaine dernière, un coup présumé avoir été motivé par l’expression et l’identité de genre. 

Ce phénomène semble avoir émergé bien avant la pandémie, contrairement à ce que peut croire certain.e.s. Un article de la part de Abigail Curlew, une docteure en sociologie de l’Université Carleton, souligne ce fait en élaborant davantage sur le manque de protection légale offerte aux Canadien.ne.s transgenres.

La situation paraît être encore pire pour les individus transgenres qui s’identifient comme appartenant à une autre identité marginalisée. Une recherche de Trans PULSE Canada a rapporté qu’en ce qui concernait les personnes trans et non binaires racisées, celles-ci étaient hautement éduquées, mais sous-employées. La recherche conclut aussi que cette démographie spécifique est plus susceptible à décrire leur santé comme étant en mauvais état et à reporter une incapacité et/ou une douleur chronique, même s’ils.elles avaient un accès similaire aux services de santé. Cela se manifeste surtout lors des procédures médicales d’affirmation de genre où les personnes trans et non binaires semblaient plus incertaines de vouloir planifier de telles procédures. 

Au cours de la recherche, les participant.e.s racisé.e.s ont aussi exprimé qu’ils.elles ont été victimes de discrimination, de violence, et d’agression beaucoup plus fréquemment que leurs homologues non-racisés. Elle rapporte également que les expériences vécues par ce groupe d’individus aux mains de la police et du système légal sont en majorité négatives. Cela engendre souvent une approche sceptique de la part des personnes transgenres et non-binaires racisées lors de leurs interactions avec les représentant.e.s du système de justice. 

À l’intersection de la transidentité et de l’handicap

La situation ne s’arrête pas là. La réalité de ce groupe se complique aussi par leurs incapacités. Niles Clipson, une personne non binaire ayant une incapacité témoigne de son expérience en tant qu’individu handicapé et transgenre dans un article pour le Gay, Lesbian & Straight Education Network (GLSEN). Iel explique que toutes les parties de son identité lui sont inséparables. 

Cependant, iel lui arrive souvent de devoir choisir entre sa sécurité et son confort personnel, soit sa santé physique en tant que personne ayant une incapacité. En plus d’être obligées à vivre une telle réalité, les projets de loi anti-trans ne feraient qu’aggraver les difficultés éprouvées par cette démographie, en particulier. 

Selon Charlotte Stasio du World Institute of Disability, de tels projets de loi peuvent réduire l’agentivité et l’autonomie des citoyen.ne.s en limitant l’accès aux soins d’affirmation de genre. Il s’agit, selon elle, d’un phénomène commun auprès des personnes avec une incapacité qui sont souvent refusées l’accès aux opportunités nécessaires afin d’assurer leur prospérité. Pour les personnes de divers genres qui sont autistes, qui souffrent de dépression, qui ont un trouble d’apprentissage, ou qui sont neurodivergentes, iels ont tendance, selon elle, à être niés l’accès aux soins d’affirmation de genre. Ceci est dû à la perception qu’on a de leur condition, soit que leur transidentité se manifeste en raison de leur condition antérieure. 

Mais alors, pourquoi parle-t-on d’un génocide ? 

Contrairement à ce que l’on peut croire, identifier un génocide est un processus à plusieurs étapes. En ce fiant aux dix étapes de génocide, selon le Holocaust Memorial Day Trust, certain.e.s croient qu’on serait à l’étape sept, soit l’utilisation de phrases et de la légitime défense afin de masquer l’intention d’un génocide. Pour le cas des personnes transgenres, la phrase « il faut sauver les enfants » a été popularisée par la droite afin de justifier les propositions de projets de loi qui limiteraient l’accessibilité aux services et aux soins nécessaires aux personnes trans.  

Avec les manifestations anti-LGBTQ+ ayant eu lieu à Ottawa et qui se sont popularisées en ligne par le partage de vidéos, la situation peut paraître inquiétante. Renseignez-vous sur ce que vous êtes capable d’accomplir et de changer afin d’éviter un réel génocide.

Les personnes transgenres ont autant le droit à la vie que toute autre personne. Comparativement à ce que pourrait penser divers groupes politiques de droite, l’existence de ce groupe d’individus ne pose pas un réel danger à la société. Les identités de genre sont une affaire personnelle qui ne s’applique qu’à soi. Que vous soyez pour ou contre, je peux vous garantir que la transition d’une personne n’aura aucun effet néfaste sur vous.



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