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Arts et culture

La puissance d’un seul mouvement

24 septembre 2019

Crédit visuel; Agathe Poupeney

Par Noémie Calderon- Tremblay – Journaliste

Lors du festival Cinédanse qui avait lieu du 17 au 22 septembre 2019 à Ottawa, la chorégraphe Nacera Belaza était de passage afin de présenter Le Cri les 17 et 18, au soir.

Cette chorégraphie, interprétée par Nacera Belaza et sa soeur, Dalila Belaza, proposait radicalement un seul mouvement répétitif et restreint à certaines parties du corps. Les principaux endroits du corps utilisés étaient le bassin et les bras.

La chorégraphe croit fermement que la danse est accessible à tous, qu’il suffit d’apprendre à se laisser bouger librement pour y accéder et elle travaille souvent avec des « non-danseurs ».

C’est d’ailleurs suite au visionnement d’un spectacle de danse à Paris mettant en scène des danseurs non professionnels se berçant l’un contre l’autre pendant l’entièreté du spectacle que Nacera Belaza a eu l’idée du « cri ». Elle a été inspirée par la salle qui était dans une espèce de transe, car le spectacle apportait un état de bien-être et de réconfort profond, selon elle.

Exploration approfondie du mouvement

Le peu de mouvements ne s’agissaient pas d’un même geste répliqué exactement, encore et encore. Le mouvement se laissait bercer et suivait le rythme des voix de Nina Simone, Maria Callas, Amy Winehouse et d’une chanson arabe. Intuitive, la fluidité des corps envoûtait et accrochait le spectateur.

Les éléments scéniques créaient une ambiance intime. Les danseuses étaient proches du public et isolées, elles portaient des vêtements identiques, amples et de couleurs mauves qui flouaient la forme de leur corps. 

Quelques projections visuelles éclairaient le mur du fond. Créant un effet hypnotique, le son de la musique s’amplifiait tout comme leurs mouvements. Toutefois, le son augmentait si fort que plusieurs spectateurs à l’ouïe plus fragile devaient boucher leurs oreilles.

L’imprévu y était permis, les danseuses dansaient selon les possibilités de leur corps respectif. Les bruits environnants, les toux, les froissements, les chuchotements ne nuisaient pas, mais ajoutaient à l’oeuvre. On se laissait bercer malgré l’apparence minimaliste de la pièce. 

Public en quête de vide

Le Cri a offert ce que peu de lieu et d’occasion proposent encore aujourd’hui; un espace pour respirer et être, sans avoir à réfléchir. Le flot intarissable des pensées se taisait et se laissait guider par ce qui se produit sur scène. 

On ne sortait pas de là en grand questionnement sur l’essence de la pièce, le sens était là, à la portée de tous et durait un temps; celui de la représentation. C’était une expérience évanescente. Accessible à tous ceux qui entretiennent leur sensibilité; la pièce parle d’un invisible universel, un non-lieu, un non-temps, où les esprits fatigués peuvent se reposer. 

C’est à se questionner sur l’idée contrôlée et castratrice que peuvent parfois imposer les formalités artistiques.

Combien de personnes refusent d’exécuter le moindre pas de danse par crainte d’être ridiculisées ou parce qu’ils s’en croient incapables? La danse ne devrait pas comme toute forme d’art porter la couleur de celui qui l’interprète, peu importe sa formation? 

Il est possible d’avoir accès à un extrait du spectacle Le Cri grâce à un court métrage disponible en ligne: (https://www.dailymotion.com/video/x4uxmde)

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