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Chronique rédigée par Jacob Hotte – Journaliste
Dans cet âge d’or de la technologie, Internet est à son apogée en termes d’accessibilité. Cette croissance a été accompagnée par la montée récente de personnalités diverses, dont Andrew Tate, Joe Rogan et Jordan Peterson qui ont depuis récolté une immense popularité chez les jeunes hommes. Ces figures sont toutefois critiquées pour leurs idées misogynes et discriminatoires qu’ils présentent à leurs admirateurs. Pourtant, si ces hommes semblent propager autant de haine, pourquoi ont-ils autant d’abonnés ?
Si nous prenons un moment à réfléchir et qu’on tente de se mettre à la place d’un de leurs disciples, diverses conclusions peuvent être émises. L’adolescence est une période de questionnement identitaire pour plusieurs ; il arrive que plusieurs garçons se laissent entraîner par la définition d’un « vrai homme ». Des figures comme Andrew Tate servent souvent de modèles pour ces jeunes hommes. Ils tentent à leur tour d’atteindre l’hypermasculinité idéalisée par ces personnalités publiques.
En société, les hommes sont souvent délaissés comparativement aux femmes, comme le démontre le proverbe populaire « boys will be boys ». Cette phrase anglophone est couramment utilisée pour excuser le comportement de certains garçons, spécifiquement la conduite agressive des hommes lors de leur croissance. Selon un article de The Independent, ces jeunes se tournent alors vers ces figures controversées par le manque de directions, notamment en utilisant des phrases comme « boys will be boys ».
Qu’est-ce que la masculinité toxique ?
La notion de masculinité toxique peut être expliquée par l’adoption d’une image masculine extrême chez les hommes. Cette conception est souvent accompagnée d’insécurités et d’instabilité dans leur identité de genre qui la rend « fragile », d’après The New York Times. L’article continue sur le fait que la masculinité toxique se fit beaucoup sur une idéologie masculine traditionnelle qui encourage la répression de nos émotions, l’utilisation de la violence en guise de solutions, ainsi que l’entretien d’un caractère fort et froid.
Les hommes adoptent souvent cette façade hypermasculine afin d’être acceptés par leurs pairs. Ces individus iraient même jusqu’à exprimer des comportements discriminatoires, dont la misogynie, l’homophobie, la transphobie et le sexisme, afin de pouvoir obtenir le soutien de leurs amis. Les hommes souffrant d’isolement social seraient alors plus aptes à reproduire des comportements violents si ces derniers dépendent de l’acceptabilité sociale.
Plusieurs de ces individus vont jusqu’à blâmer certains groupes, surtout les femmes, pour les injustices qu’ils vivent en société. En tentant de dénigrer la notion du féminisme et des inégalités de genre vécues par les femmes, certains d’entre eux exploitent les taux élevés de décrochage scolaire et de suicide chez les hommes comme preuve de leur statut de victime. Mickaël Bergeron, chroniqueur et journaliste pour La Tribune, explique qu’en réalité, les hommes subissent plus de difficultés en raison de la composition de la société et de l’éducation que les hommes reçoivent face à leur genre. Les hommes seraient alors eux aussi victimes de la masculinité toxique qui les force dans ce rôle de personne composée et autoritaire.
Mais alors, quoi faire ?
En termes de solutions possibles, Bergeron précise que l’image de l’alpha mâle qui est souvent associé à l’homme doit être déconstruite. Le but serait donc de permettre la reconstruction de cette identité et de tout ce qu’elle comprend, y compris les stéréotypes.
En tant que personne ayant été assignée au sexe masculin à la naissance, prendre un pas vers l’arrière afin de pouvoir contempler la personne que je souhaitais devenir m’a fait réévaluer plusieurs parties de mon identité, dont mon genre. Par l’entremise de ce questionnement, j’ai pu observer l’impact que certaines normes avaient sur mes relations interpersonnelles, mais aussi ma relation intrapersonnelle. Grâce à cette réflexion, j’ai pu redéfinir mes propres notions de féminité et de masculinité, de prendre confiance en moi et de me sécuriser dans ma singularité.
Prendre le temps de déconstruire notre image de soi nous permet aussi de nous rapprocher de nos émotions sans nous laisser être limitée par les jugements des autres ainsi que les normes sociales attachées à notre identité de genre. Comme le mentionne First Step Men’s Therapy, la vulnérabilité nous permet de nous rapprocher de notre être authentique. Le développement d’une intelligence émotionnelle peut aussi se produire. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’empathie requiert aussi un certain niveau de logique, étant donné qu’elle nous permet de comprendre et de discerner les émotions et les perspectives de ceux.celles qui nous entourent.