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Sports et bien-être

La luminothérapie : un remède à la dépression saisonnière ?

Dawson Couture
8 octobre 2022

Crédit visuel : Dawson Couture – Chef du pupitre Sports et bien-être 

Article rédigé par Dawson Couture – Chef du pupitre Sports et bien-être

Depuis près de deux ans, le Salon du mieux-être de l’Université d’Ottawa (U d’O) offre un service de luminothérapie, une thérapie par exposition à la lumière artificielle. Cette forme de traitement au trouble affectif saisonnier (TAS), et même aux simples baisses d’énergie en période hivernale, gagne en popularité depuis les dernières années. Mais, est-ce réellement une approche valable pour combattre les « blues de l’hiver » ?

Un lien étroit entre la lumière et l’humeur

Le TAS est un syndrome dépressif qui survient en automne lors de la diminution de la luminosité du jour, et qui se résorbe naturellement au printemps, rapporte Dre Marie-Pier Lavoie. Selon la psychologue et fondatrice de la Clinique UniSanté à Québec, les symptômes incluent la fatigue, la baisse de moral et d’intérêt, ainsi que l’hypersomnie, l’augmentation de l’appétit et le gain de poids.

Dre Véronique Daneault est associée de recherche au Centre d’études avancées en médecine du sommeil. Selon elle, la prévalence de la dépression saisonnière plane autour de 2 à 5 %. Elle estime néanmoins qu’il est important de souligner que 5 à 10 % des Canadien.ne.s rapportent certains symptômes du TAS, sans pour autant avoir un diagnostic.

Les causes du TAS sont selon elle multifactorielles. « Des études ont démontré que les personnes atteintes du TAS ont souvent une sensibilité de l’œil réduite et un débalancement des niveaux de sérotonine », souligne-t-elle. Lavoie ajoute que le froid peut également faire augmenter les niveaux de dépression saisonnière. Les deux intervenantes s’accordent néanmoins sur la part génétique de la maladie.

La lumière joue alors un rôle déterminant dans l’humeur, suggère Daneault, mais aussi sur la santé globale de l’individu. La professeure à l’Université de Montréal explique que la lumière permet de synchroniser les rythmes biologiques afin de produire un éveil optimal et un sommeil de qualité. L’exposition à la lumière vient inhiber la production de mélatonine, qui cause la fatigue, et augmenter les niveaux de sérotonine, une des hormones responsables de l’humeur et du sommeil, enchaîne Lavoie. 

Daneault raconte qu’une découverte est venue changer le jeu en 2002 : il a été trouvé que la lumière de longueur d’onde courte (bleue et blanche) avait un effet particulièrement stimulant sur l’individu. Cette découverte a provoqué l’utilisation de l’éclairage artificiel, ou luminothérapie, comme moyen de compenser pour le raccourcissement des journées, explique-t-elle. 

La luminothérapie, ça mange quoi en hiver ?

Daneault et Lavoie s’accordent pour dire que la luminothérapie est un traitement reconnu et efficace pour le TAS. Selon cette dernière, la luminothérapie fonctionne chez 50 % des gens qui souffrent de TAS. Elle peut également apporter un soulagement aux individus qui vivent des symptômes plus légers, ajoute Lavoie. Selon elle, 80 % des utilisateur.ice.s voient une augmentation de leur énergie et une amélioration de leur humeur.

Christian Hirwa est l’un de ceux.celles qui a constaté un changement de son humeur après une séance de luminothérapie. L’étudiant de quatrième année en sciences de la santé qui tente de réduire sa consommation de café suggère que la thérapie à la lumière peut être un substitut partiel pour se « donner un petit élan le matin ».

Alors qu’il existe plusieurs lampes sur le marché, Lavoie préconise de s’en procurer une qui diffuse une lumière blanche d’une intensité lumineuse de 10 000 lux et d’une taille de 30 cm ou plus. Daneault et Lavoie recommandent de l’employer chaque matin dans les 30 minutes après l’éveil afin de maximiser son efficacité. Le traitement devrait idéalement commencer avant l’apparition des symptômes et cesser graduellement au printemps, souligne Lavoie. Il est essentiel, selon Daneault, de respecter les instructions du fabricant en matière de distance à laquelle se tenir et de temps d’exposition.

Lavoie explique que la luminothérapie peut avoir des effets secondaires, tels que des maux de tête, de la sécheresse oculaire ou de l’agitation, ainsi que d’autres complications. Daneault recommande donc de consulter son ou sa médecin et de suivre leurs instructions en cas d’incertitudes.

L’U d’O, éveillée à la santé mentale ?

La luminothérapie est un des services offerts aux étudiant.e.s de l’U d’O par le Salon du mieux-être, explique Hirwa. Cet espace, situé dans la salle 203 du Centre universitaire Jock-Turcot, « est conçu pour accueillir les étudiant.e.s en détresse tout comme ceux.celles qui veulent se détendre », souligne le chef d’équipe de soutien par les pairs à l’U d’O. Ce dernier ajoute que la salle de luminothérapie, tout comme la salle de plantes et d’équilibre, peut être réservée en ligne à partir du jeudi de chaque semaine.

Daneault est enchantée de l’existence de ce service à l’U d’O. « Je trouve ça super. Cela rend accessible aux étudiant.e.s des niveaux de lumière suffisants pour ceux.celles qui ressentent l’effet du changement de saison », déclare-t-elle.

Hirwa remarque une grande popularité pour la salle de luminothérapie. La salle est souvent réservée, souligne-t-il, surtout lors des mois hivernaux. Selon lui, plusieurs étudiant.e.s constatent un regain d’énergie après une session de luminothérapie. 

La salle de luminothérapie et le Salon de mieux-être font partie de l’investissement de l’U d’O dans les services de santé mentale sur le campus au cours des dernières années, ajoute le chef d’équipe. En janvier 2021, la Charte de l’Okanagan a été signée et adoptée par l’U d’O. L’institution s’est ainsi engagée à faire la promotion et à intégrer la santé dans tous les aspects de la culture du campus.

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