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La fin des patinoire extérieur est prévue pour les années 2050

21 janvier 2013

– Par Philippe Pépin –

Scénario loufoque ou apocalyptique, la pratique du hockey extérieur se voit-elle menacée par les changements climatiques? Quels seraient les impacts d’une telle disparition? La Rotonde est allée consulter quelques experts de l’U d’O.

Ottawa se réchauffe

Prévoyant l’apocalypse, le Dr Luke Copland, professeur agrégé du Département de géographie, directeur du « Laboratory for Cryospheric Resesarch », et Ph. D en glaciologie estime que « la quantité de jours par année où les patinoires seront praticables atteindra essentiellement zéro dans les années 2050 ». Selon le professeur, même s’il est difficile de prédire avec précision cette évolution, vue les grandes variations dans les changements climatiques, on peut établir des trames évolutives. L’une d’elles, provenant d’une recherche à l’Université McGill, indique que la région du Sud-Est canadien, comprenant Ottawa, sera la plus touchée dans un future proche. Il insiste que les réchauffements les plus importants enregistrés au Canada sévissent principalement en hiver, lors des périodes les plus froides qui se raréfient lentement.

« En prenant en compte les preuves provenant d’observations à long terme sur les variations en pluie, en neige et en jours ensoleillés, les lois de la physique démontrent qu’il y a une augmentation certaine de la perte en neige et en glace pendant la période d’hiver », s’inquiète Dr John M. Last, professeur émérite de la Faculté de médecine se spécialisant sur les impacts des changements environnementaux sur la santé.

Une étude de 2005 préparée pour la Commission de la Capitale Nationale (CCN) par l’Université de Waterloo , démontre qu’il est indéniable que les hivers ottaviens deviennentplus en plus chauds et humides. En moyenne, la température se serait réchauffée de 1,5 oC et Ottawa reçoit aujourd’hui 13 % plus de précipitations depuis les années 1940. Si la tendance se maintient, l’étude prévoit une augmentation de la température hivernale entre 2,0 et 8,5 oC d’ici 2050, et entre 3,6 et 12,5 oC d’ici 2080.

« D’ici au jour où les enfants d’aujourd’hui grandissent et prennent leur retraite, il pourrait ne plus y avoir de glace naturelle apte au patin » affirme Dr Copland.

Le canal Rideau appelé à disparaître

Au moment de la publication de l’étude pour la CCN, le canal Rideau était ouvert en moyenne 61 jours par année et était ouvert habituellement le 1er janvier. Ces chiffres passeront à une moyenne entre 43 et 51 jours par année en 2020, et entre 20 et 49 jours en 2050. En 2080, le canal pourrait n’être ouvert qu’une semaine.

En 2010, Météo Média rapportait que le canal Rideau avait étét ouvert le 13 janvier sur 4,3 km. En 2011, l’ouverture s’est faite le 8 janvier sur 2,4 km et en 2012, on l’ouvrait le 15 janvier sur 2,2 km. La CCN soutient que c’est en janvier et en février que la température est la plus propice au patin.

« La quantité de glace s’est dangereusement abaissée ces 50 dernières années et les changements deviendront bientôt irréversibles » ajoute Dr Last. « Le canal Rideau, qui était ouvert pour presque 70 jours par année dans les années 1970, n’a une moyenne que de 55 jours par année dans les années 2000 », insiste Dr Copland.

La fin d’un sport, la fin d’un mythe

« Avec la disparition du hockey extérieur, c’est l’image de pureté du hockey, une image romantique de ce sport qui s’estompe au profit d’une représentation beaucoup plus commerciale de celui-ci, à l’instar de la Ligue nationale de hockey » indique Dr Nicholas Moreau, assistant professeur des Départements de sciences sociales et de travail social, se spécialisant sur la relation entre le sport et la santé mentale.

Dr Moreau insiste sur ce « mythe de l’étang gelé », qui définit en quelque sorte la société canadienne: « La pureté, l’essence du hockey réside dans ce mythe canadien de l’étang gelé (pour reprendre la terminologie d’Anouk Bélanger et de Fannie Valois-Nadeau), ou encore dans les ruelles des villes où on s’approprie l’espace sans distinction d’âge ou de genre. »

« Économiquement, on assiste à une dé-démocratisation du hockey. Le hockey en aréna coûte plus cher tant pour assister à une joute que pour simplement s’adonner à une partie entre amis. Le hockey devient par conséquent le sport du plus riche qui devient le seul à avoir le luxe de se permettre la pratique et le visionnement de ce sport, beaucoup plus policé à l’intérieur des arénas puisque institutionnalisé » conclut Dr Moreau.

Après le hockey, précarisation et maladies

Le Dr Last a tenu à souligner d’autres impacts beaucoup plus alarmants provenant des réchauffements climatiques. « La productivité de divers grains et céréales sera affectée, occasionnant carence et famine. Et il y aura une augmentation de la quantité de maladies transmises par la morsure d’insectes tels que les moustiques, mettant un milliard de personne à risque en plus de ceux qui le sont déjà. » À l’horizon, le professeur prévoit des vagues de chaleur meurtrière telles que celles ayant déjà eues cours en France en 2003, ou encore des feux sauvages de forêt également meurtriers, tels que les feux australiens  ayant affecté plusieurs centaines de personnes en 2009.

 

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