– Par Frédéric Lanouette –
L’Halloween est la fête de la peur, nous en sommes tous conscients. Or, la peur ne semble plus être liée à ce que la fête représente, mais bien à ce qu’elle implique. Les adultes ne la célèbrent que parce qu’ils ont des enfants ou parce que le party auquel ils assistent nécessite le port d’un costume. Il n’y a plus dans le fait de se déguiser ce plaisir que prennent les enfants à être autre chose pour une journée. Je me suis déguisé pour l’Halloween. Je devais bien être l’un des seuls. Mais pourquoi est-ce ainsi? Nous évoluons dans un univers académique stressant qui nous force à entrer dans un moule d’« adulte prêt au travail » et qui a des responsabilités et une image sociale neutre. Or, nous oublions lentement d’avoir du plaisir, de faire des choses parce qu’on le désire plutôt que parce que c’est la norme. Les jeunes adultes passent trop de temps à essayer de se découvrir dans les autres et en viennent à perdre leur propre désir d’être unique. L’Halloween offre la possibilité à tous d’être autre, tout en restant soi-même, ceci puisque nous décidons d’être autre. La peur n’est plus ressentie lorsque nous croisons une sorcière dans une rue mal éclairée ou un loup-garou au coin d’un couloir, mais bien lorsque nous sommes devant notre lit, au pied de notre costume et que nous pensons : « si je me déguise, qu’est-ce que les autres vont penser? ». C’est ce qui est étonnant, c’est que les gens regardent étrangement ceux qui se déguisent. Ils ne s’attendent pas à voir quelqu’un rompre la normalité du milieu académique en s’habillant comme un enfant, et ils en sont surpris, sinon jaloux. Or, ce n’est pas comme s’ils ne savaient pas que l’Halloween c’est le 31 octobre. Donc où est le problème? Dans la peur? Oui, mais pas dans celle de ceux qui se déguisent, eux ont peur, mais y vont quand même. Ce sont les autres qui tremblent, ceux qui auraient pu être autre chose mais qui ont décidé de ne pas faire le pas, parce que c’est plus facile de se perdre dans la foule que d’être le monstre au milieu des hommes.