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Une compensation pour répondre aux questions 

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Par : Shérazade Faÿnel – Journaliste 

Un sondage visant à mesurer l’opinion sur la violence sexuelle a été transmis par l’Université d’Ottawa (U d’O) à ses étudiant.e.s au nom du gouvernement de l’Ontario. La participation à ce questionnaire administré par CCI Research est récompensée d’une « carte-cadeau d’une valeur de 5 $ pour magasiner chez Amazon.ca, Indigo.ca ou Starbucks ».

Une condition à cette compensation financière, à savoir qu’un certain nombre de questions soient complétées, n’est précisée qu’à la fin du formulaire. Une démarche qui a fait se questionner de nombreuses et nombreux étudiant.e.s quant à sa déontologie.

Le sondage, commandité par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, s’inscrit dans l’un des combats entrepris par le gouvernement de l’Ontario. Ce dernier a lancé en ce début de mois de mars « Ce n’est jamais acceptable : la Stratégie ontarienne contre la violence sexiste ».

Parmi les objectifs affichés, on trouve l’amélioration des services de soutien aux survivantes et l’éducation du public afin de mieux reconnaître la violence sexiste afin d’y réagir. Ceux-ci rejoignent le sens des questions du sondage, envoyé aux étudiant.e.s post-secondaires de la province, dont l’objectif est de cibler les améliorations à effectuer au niveau des politiques, procédures et services en matière de violences sexuelles à l’université.

L’éthique de la récompense

Professeure agrégée de sociologie à l’U d’O, Phyllis Rippey explique que « tant que le montant est raisonnable, rémunérer la contribution ne va pas à l’encontre de l’éthique de la conduite d’un sondage ». Une appréhension confirmée par Catherine Paquet, directrice du comité d’éthique et d’intégrité de la recherche de l’Université, un organisme qui a pour objet de déterminer si les projets des chercheurs respectent les règlements et les lois.

Paquet précise qu’« une compensation financière ne pose pas de problèmes tant qu’elle n’est pas coercitive », avant d’ajouter que pour cette étude, « le montant n’est pas suffisant pour influencer les décisions de la personne qui va répondre au sondage; c’est ce qu’examine le comité d’éthique ». La compensation financière est également examinée au regard de la population étudiée : « Offrir 100 dollars à un étudiant ou à un avocat, cela n’a pas les mêmes effets ».

65% de réponses pour l’obtention d’une carte-cadeau

Avant de commencer le sondage, des précisions sont apportées aux étudiant.e.s. Ils pourraient se sentir mal à l’aise, voire éprouvés. Pour cause, une longue série de questions sensibles, aptes à raviver certains traumatismes. « Si vous devez sauter quelques questions, vous pourrez le faire et recevoir quand même la carte-cadeau à la fin du sondage », précise CCI Research. Pourtant, à la fin du sondage, si 65% des questions nous concernant ne sont pas remplies, un message nous invitant à revenir sur certaines d’entre elles apparaît.

Selon Rippey, « l’éthique est importante pour s’assurer que la personne puisse quitter le sondage à tout moment et qu’elle ne se sente pas forcée de répondre aux questions, particulièrement à propos d’un sujet comme celui-ci ». La chercheuse ajoute que la meilleure façon de s’en assurer serait d’offrir la compensation financière au début du sondage.

Un sondage indépendant de l’U d’O

Paquet confie qu’il a été question, pendant un long moment, de savoir si ce sondage relevait du comité de l’Université, qui passe au crible ce qui a trait à « la recherche avec les êtres humains », mais il s’est avéré que cela ne rentrait pas dans ses prérogatives en vue de l’émetteur du sondage et de ses objectifs finaux. Le sondage est mandaté par le Ministère, donc les universités se trouvent dans une quasi-obligation d’y participer et le but de l’étude est une assurance de qualité.

Le gouvernement de l’Ontario souhaite s’assurer de l’efficacité des services en matière de lutte contre les violences sexuelles dans les universités. Paquet assure que si le sondage était passé par le comité, la compensation n’aurait pas été conditionnée de cette façon : « Si une personne veut quitter le formulaire, peu importe la raison, elle doit recevoir l’argent malgré tout, c’est une ligne directrice du bureau ».

In fine, la compensation financière doit être donnée à partir du moment où une personne accepte de répondre au sondage, peu importe le nombre de questions auxquelles elle répond et à quel moment elle décide d’y mettre fin. Quant à ceux qui sont à l’origine du sondage, les contraintes, y compris financières, semblent compréhensibles, car il est diffusé auprès de tout.e.s les étudiant.e.s de niveau post-secondaire provenant de collèges, d’universités et de collèges privés en Ontario. Cependant, « si ce genre de sondage est important, il faut qu’il soit fait avec éthique » conclut Paquet.

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