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Arts et culture

Kim’s Convenience, un vent de fraîcheur sur la scène théâtrale canadienne

3 février 2014

– Par Sara Ghalia –

Créée par Ins Choi, la pièce de théâtre Kim’s Convenience s’est démarquée en 2011 en remportant le prix de la meilleure nouvelle pièce de théâtre au Festival Fringe de Toronto. Depuis 2013, la pièce est en tournée au Canada.

Le décor, qui reste le même tout au long de la présentation, emmène les spectateurs à Toronto, et plus spécifiquement dans un dépanneur tenu depuis 30 ans par une famille coréenne-canadienne. M. et Mme Kim sont arrivés de la Corée du Sud dans l’espoir d’une vie meilleure pour leurs (futurs) enfants.

Appa (« papa » en coréen) est en quelque sorte le stéréotype du père de famille autocrate. Rigide, conservateur, pas très ouvert d’esprit, il critique le célibat de sa fille de 30 ans, juge les clients pour leur couleur de peau et leur orientation sexuelle et surtout, a beaucoup de mal à accepter le changement qui a lieu autour de lui.

Son quotidien est chamboulé lorsque M. Lee, un agent immobilier, offre d’acheter le magasin, car Walmart a décidé de s’installer dans le quartier. L’offre est très généreuse et permettrait à M. Kim de prendre sa retraite. Mais pour lui, le magasin est toute sa vie, c’est son héritage à ses enfants. Le vendre est inconcevable.

Il essaye donc de convaincre sa fille de prendre en main l’affaire familiale. Janet rêve d’une carrière de photographe, un métier que son père considère comme étant une perte d’argent et de temps. Tous les deux ont une personnalité forte qui donne souvent lieu à des concours de qui-va-crier-le-plus-fort et de qui-va-avoir-le-dernier-mot. Le spectateur remarque alors que derrière les situations loufoques entre le père et sa fille, se trouve une famille brisée qui a de sérieux problèmes de communication. Le père a du mal à exprimer ses sentiments à sa famille et la fille est exaspérée par le manque d’affection et de gratitude de la part de son père. Au fil des scènes, on apprend que Jung, le fils ainé et l’enfant prodige, a quitté le cocon familial à l’âge de 16 ans pour les mêmes raisons. C’est un sujet sensible que tous évitent d’aborder devant Appa. Au milieu se trouve Umma (« maman » en coréen) qui essaye, tant bien que mal, d’aider les membres de sa famille.

Plus qu’une fenêtre sur la culture coréenne et la vie quotidienne des immigrants, Kim’s Convenience montre le choc culturel entre les générations, jusque dans les petits détails. Ainsi, si M. et Mme Kim se parlent en coréen et ont un accent prononcé en anglais, Janet et Jung sont parfaitement anglophones et disent rarement quelque chose dans la langue maternelle de leurs parents. Ces différences, de plus en plus visibles, finissent par les éloigner les uns des autres, jusqu’à douter de l’affection qu’ils portent aux autres. Au final, tout ce que Janet souhaitait était un « je t’aime » de son père.

Finalement, c’est avant tout l’histoire d’une famille qui essaye de se retrouver. À la fois drôle et amer, Ins Choi nous amène des rires aux larmes si facilement qu’on en reste un peu bouche-bée à la fin.

Kim’s Convenience jouera jusqu’au 8 février au Centre national des Arts.

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