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Une journée dans les souliers d’une sénatrice

27 janvier 2020

Crédit visuel : Loïc Gauthier Le Coz – Photographe 

Par Noémie Calderon Tremblay  Journaliste 

 

La Rotonde (LR) s’est introduite à la première simulation du Sénat 2020, les 25 et 26 janvier derniers. Sur place, il y avait Sarah Penasse (SP), une participante et étudiante de deuxième année d’études internationales et langues modernes à l’Université d’Ottawa .

LR : Pourquoi vous avez vous choisi d’étudier en études internationales ?

SP : Je suis quand même réservée, mais j’ai une grande ouverture d’esprit. Je suis attirée par ce qui se passe autour du monde. J’aime beaucoup voyager et j’ai des ami.e.s d’un peu partout.

Au Cégep, j’ai fait le programme en langues et je savais que je voulais continuer dans ce domaine-là. J’ai été attirée par le programme de l’Université d’Ottawa, par sa proximité avec le Parlement et le Sénat.

Aussi, le programme est très axé sur les relations internationales. Lors d’une rencontre, un professeur m’avait dit que les étudiant.e.s dans ce programme allaient souvent ensuite travailler en diplomatie.

C’était exactement ce que je cherchais, alors je me suis dit que c’est ce que j’allais choisir. Je peux continuer à étudier les langues, une de mes passions, alors c’est bien.

LR : Où pensez-vous vous diriger après vos études ?

SP : J’aimerais travailler dans les Nations Unies. C’est quelque chose qui m’intéresse beaucoup, d’aller dans les autres pays pour représenter la mondialisation et les relations internationales.

Présentement, je suis en langues modernes et j’ai choisi l’arabe. Je suis en train de l’apprendre, je pars de zéro. Je trouve que c’est une langue magnifique. Je l’ai choisie car je voulais apprendre une langue avec un alphabet différent et qui n’avait pas des racines latines.

J’aimerais bien travailler au Moyen-Orient. Je dois aussi avouer que devenir sénatrice, ça m’intéresserait peut-être en fin de carrière. Ce matin, quand j’ai vu comment s’exprimait la sénatrice, j’ai trouvé que ça serait un beau projet de fin de carrière.

LR : Comment avez-vous entendu parler de la simulation au Sénat ?

SP : J’ai reçu un courriel du Sénat, invitant les étudiant.e.s de l’Université à participer à la première simulation du Sénat. J’avais déjà participé à une simulation parlementaire de la Chambre des communes, il y a deux semaines.

À ce moment-là, j’avais pris le rôle d’une députée. J’étais intéressée par la perspective de devenir une sénatrice pour une journée. Je me suis dit que ça serait quelque chose qui serait amusant à essayer ! J’ai pensé que ça serait une belle expérience.

LR : Comment avez-vous été préparée à cet événement, et quel a été l’emploi du temps de votre journée ?

SP : On occupait un poste de sénateur ou un poste de journaliste. Moi, j’étais une sénatrice.

On a eu une petite séance de préparation la semaine passée. On est venu au Sénat et on nous a expliqué la procédure, à quoi s’attendre, les règles de bienséance et le décorum. On nous a aussi informés du déroulement de la journée.

Aujourd’hui, ça se passe comme suit : les sénateurs font des déclarations ; il y a la lecture du projet de loi ; les sénateurs proposent des motions ; on vote si l’on veut ou pas. Ensuite, il y a des débats. Par exemple, si la loi passe, on débat sur pourquoi elle devrait être adoptée par la Chambre et vice versa.

Nous, on a débattu sur si on devrait baisser l’âge minimum pour voter et on a créé un comité spécial sur le sirop d’érable pour pouvoir discuter de cette industrie-là, plus en détail. Ce n’est pas nous qui avons choisi les sujets ; ils avaient été déjà choisis à l’avance.

LR : Quel est le rôle du Sénat au Canada ?

SP : Le Sénat a quand même un rôle très important au Canada même si beaucoup pensent le contraire. Les projets lois doivent tous soit passer par la Chambre des communes puis par le Sénat, soit être créés par le Sénat puis envoyés à la Chambre des communes.

C’est construit ainsi pour s’assurer que toutes les opinions sont entendues sur les lois que l’on veut mettre en place. Bref, le Sénat vérifie que tout a bien été discuté et analysé avant d’être approuvé.

LR : Quelle est la différence entre une assemblée par la Chambre des communes et une assemblée par le Sénat ?

SP : C’est beaucoup plus professionnel au Sénat. On était un beaucoup plus petit groupe qu’à la Chambre des communes.

Il y a 105 sénateurs au Sénat tandis qu’il y a 300 député.e.s à la Chambre des communes. Au Sénat, c’est vraiment les personnes qui ont été nommées et ils prennent cela à cœur. Les membres du Sénat veulent vraiment faire des projets.

À la Chambre des communes, c’est plutôt des personnes qui veulent rester et se faire réélire tous les quatre ans. Donc, souvent les député.e.s prennent des projets sur le court terme. Ils ne vont pas prendre des projets qui durent sur plusieurs années parce qu’ils veulent se faire réélire. Et c’est beaucoup moins « structuré ». Ce que je veux dire, par là, c’est que les député.e.s vont réagir les un.e.s aux autres. Ils vont se répondre et s’interrompre. Par exemple, ils vont dire : « tu devrais démissionner » ou « tu devrais partir » ou « ta limite de temps est atteinte » quand ce n’est pas nécessairement vrai, juste pour provoquer de la compétition.

Bref, à la Chambre des communes c’est beaucoup plus compétitif, on voit plus clairement les différents partis. On distingue qui sont les conservateurs et qui sont les libéraux. Au Sénat, c’est seulement un groupe de personnes qui discutent sur différents sujets. C’est plus détendu et c’est plus respectueux, je dirais. On ne se crie pas dessus.

LR : Comment trouvez-vous votre expérience ?

SP : C’est amusant, c’est vraiment différent, surtout qu’en classe on en apprend plus sur la Chambre des communes que sur le Sénat.

On est un peu tous nouveaux au Sénat, il y en a quand même plusieurs qui ont participé à la stimulation parlementaire de la Chambre des communes. La procédure est nouvelle pour tou.te.s.

Parfois, tout ne se déroule pas nécessairement dans les règles de l’art. Par exemple, tantôt, dans la Chambre, le président s’est levé et habituellement ça ne se fait pas. Ils ont laissé ça passer parce qu’on est un petit groupe et que c’est la première fois qu’on participe à une séance au Sénat.

C’est détendu, ils savent qu’on ne sait pas tout et qu’on est en train d’apprendre le fonctionnement. C’est une petite journée qui se passe bien. À date, ça passe vite et on nous explique à chaque étape ce qu’il faut savoir.

LR : Est-ce que les étudiant.e.s qui participent sont informé.e.s sur la politique ?

SP : J’aime beaucoup la politique alors, moi, je m’informe. Il y en a définitivement qui en savent encore plus que moi. Ce sont des passionné.e.s de la procédure. Ils connaissent tous les petits détails. Moi, je sais comment ça marche, en général. J’ai appris la base dans mes cours de politique. Il ne faut pas me demander trop de détails. Je dirais que je me situe dans la moyenne.

Je n’en connais pas trop, mais j’en connais assez pour me tenir au courant de ce qui se passe.

LR : Qu’est-ce qui est nécessaire pour être un bon sénateur ou une bonne sénatrice ?

SP : Selon moi, il faut de l’ouverture d’esprit. Il faut tout le temps que tu penses aux autres. Il ne faut garder en tête les intérêts de la région que tu représentes, ce n’est pas seulement ton avis personnel ; j’aime ce côté-là. 

On a rencontré la sénatrice [Julie] Miville-Dechêne qui représente le Québec et j’ai été très impressionnée par la façon dont elle s’exprimait. Elle est extraordinaire ! Je suis québécoise et j’étais fière qu’elle représente ma région.

Elle nous a expliqué que, parfois, elle ne souhaite pas nécessairement voter pour mais qu’elle décidait quand même de le faire parce qu’elle savait que ça allait être bénéfique pour la population.

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