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Journée d’action pour l’Université franco-ontarienne : Les Franco-Ontariens exigent leur temple du savoir

22 février 2016

Frédérique Mazerolle et Yasmine Mehdi

Le combat pour l’obtention d’une éducation en français en Ontario est un combat toujours d’actualité, qui se poursuit d’une génération à l’autre; c’est certainement ce qu’ont voulu démontrer les 200 manifestants devant l’Assemblée législative à Toronto, le 18 février dernier. Malgré la température glaciale, des étudiants de partout à travers la province, jeunes et vieux, se sont mobilisés sur le parterre de Queen’s Park à l’occasion de la première journée d’action provinciale pour une université franco-ontarienne (UFO).  Cet évènement marquant dans l’histoire des droits de la francophonie en Ontario était organisé par le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO).

Plus d’une trentaine d’étudiants étaient à bord de l’autobus partant de la capitale nationale au petit matin jeudi dernier. Alors que la majorité des étudiants ontariens étaient en pleine semaine de lecture, certains étaient prêts à braver la fatigue pour la cause d’une institution postsecondaire par et pour les Franco-Ontariens.

Jocelyn Leblanc, originaire de Dalhousie au Nouveau-Brunswick, est étudiant à Institut d’études féministes et de genre de l’Université d’Ottawa (U d’O) et représentant au sein du Conseil d’administration du RÉFO. Selon lui, la création d’une université de langue française en Ontario nécessite un processus similaire à celui de l’Université de Moncton, qui possède trois campus à travers le Nouveau-Brunswick depuis les années 60. Cependant, une coopération entre institutions serait nécessaire pour le bon fonctionnement de l’UFO.

« Je crois qu’il sera important que l’UFO fasse des partenariats avec les autres universités et collèges qui offrent déjà des cours en français en Ontario. Si ça devient une compétition avec l’Université d’Ottawa, qui chercherait à garder ses étudiants francophones, ça deviendrait un sérieux problème », déclare l’étudiant. Selon lui, les étudiants francophones à l’U d’O vivent déjà leur vie sociale majoritairement en anglais.

Dès l’arrivée à Toronto, près d’une soixantaine de manifestants ont commencé à faire entendre leurs revendications devant le ministère de la Formation et des Collèges et Universités de l’Ontario au 900, rue Bay.

Brian, un passant torontois, a fait une halte devant le Ministère alors que les chants accusant l’inaction du gouvernement de Kathleen Wynne battaient leur plein. L’enthousiasme de ceux-ci n’a toutefois pas su convaincre l’homme d’âge mûr. « Je ne crois pas que l’assimilation soit un problème dans une province bilingue [ndr, l’Ontario est officiellement unilingue anglophone]. Il existe des universités bilingues en Ontario et plusieurs universités francophones au Québec. »

Les manifestants se sont dès lors rendus devant l’Assemblée législative de l’Ontario, où allait se dérouler le clou du spectacle. Près de 15 députés des trois partis politiques étaient présents pour montrer leur soutien à la cause, dont Marie-France Lalonde, députée libérale pour Ottawa-Orléans et Madeleine Meilleure, ministre déléguée aux affaires francophones. Toutes deux ont réitéré leur soutien au mouvement, mais ont ajouté qu’elles devaient laisser le temps faire son travail, une réponse qui n’a pas su susciter l’approbation des manifestants.

La députée a avoué qu’Allan Rock, recteur de l’U d’O, lui avait fait part de ses inquiétudes quant à la création de l’UFO. « On ne veut pas qu’il y ait de la compétition et on ne veut pas faire un dédoublement de services, […] il n’y a pas une université qui va vouloir ça », a-t-elle ajouté.

L’histoire aurait pu s’arrêter là si Lucas Egan, étudiant en science politique à l’U d’O, n’avait pas approché la députée pour lui reprocher le manque de réponse concrète du parti libéral quant à la question de l’UFO.

Le ton est monté entre l’étudiant et la députée lorsque celui-ci s’est écrié : « Soit vous appuyez l’Université ou vous ne [l’] appuyez pas et il est grand temps que la communauté reçoive une réponse de sa députée. » L’étudiant a aussi accusé le parti libéral de vouloir « mettre des bâtons dans les roues du projet ».

Lalonde a tenté de rassurer l’étudiant en lui expliquant qu’elle voulait prendre le temps qu’il fallait pour « avoir un succès », ajoutant : « Comme personne, comme maman, comme future grand-maman, je veux être certaine que je ne serais pas obligée de la [l’UFO] fermer. »

Si Lalonde voulait ménager les inquiétudes de l’U d’O quant à un dédoublement des services, France Gélinas, députée provinciale néo-démocrate de Nickel Belt, a remis en question la conviction de Rock comme quoi l’U d’O était déjà l’Université des Franco-Ontariens. Pour elle, « n’importe qui qui dit des choses comme cela est complètement déconnecté de la jeunesse et de la population franco-ontarienne. »

Il faut rappeler que Gélinas a présenté en mai dernier le projet de loi en vue de la création de l’UFO, qui en était à sa deuxième lecture en novembre. Le sort du projet pourrait se concrétiser dans les prochains jours, avec la publication du budget du gouvernement Wynne.

 

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