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Opinions

Jos Montferrand et les symboles historiques des minorités canadiennes

– Par Rachel Decoste –

La région de l’Outaouais va bientôt accueillir un nouveau club de football. Ce sera la troisième fois que l’équipe renait de ses cendres : les Ottawa Rough Riders ont fait faillite en 1996, et encore en 2006, sous le nom Renegades. À l’époque, les partisans franco-ontariens (et gatinois) s’attendaient à ce qu’une équipe en difficulté financière fasse des efforts pour rejoindre le maximum de disciples, incluant les 250 000 francophones de la région. Ils sont restés sur leur faim. Les Renegades avaient même omis d’offrir leur site web en français.

Ça faisait tellement dur que les médias anglophones supplient à la gestion de la nouvelle équipe de football d’adopter le bilinguisme par lequel se distingue l’Outaouais.
« One of the greatest blunders the Renegades made was not marketing the team in Quebec – across the Rideau Canal and only five minutes from our stadium! In the off-season, I would work in elementary schools in Gatineau/Hull, QC. Montreal Alouettes players used to travel more than two hours to visit these schools, while Renegades players were sitting on their couches only steps away. »
Bien sûr, c’est davantage un symptôme du capitalisme que par respect pour la minorité linguistique, mais c’est tout de même du progrès que de reconnaitre les francophones et l’apport qu’ils peuvent fournir à la santé de l’organisme sportif.
Peut-être est-ce dans cette veine d’ouverture culturelle que les RedBlacks choisissent un bucheron, symbole chéri des draveurs de la vallée de l’Outaouais, comme nouvelle mascotte. Son nom vient d’être dévoilé en grande pompe : il s’appelle « Big Joe Mufferaw ».
Apparemment que les footballeurs anglos ont découvert le récit du mythique personnage canadien-français Joseph Montferrand, et qu’ils veulent rendre hommage au « géant des rivières ». Pendant l’époque coloniale, Jos Montferrand s’est battu moralement et littéralement contre les anglophones (notamment contre les plus célèbres boulés (« bully ») anglais, irlandais et écossais). Les RedBlacks favorisent « Mufferaw », le patronyme abâtardi du héro canadien-français. Il s’agit d’une dénaturation anglicisée de « Montferrand » popularisée par l’auteur-compositeur-interprète Stompin’ Tom Connors en 1970. Les entrepreneurs annoncent du même coup la publication des bouquins infantiles à l’effigie de « Big Joe Mufferaw »… question de soustraire l’identité francophone de l’histoire racontée aux prochaines générations d’Ottaviens.
Ayoye.
Il va sans dire : les francophones n’ont pas apprécié.

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