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Arts et culture

Jeux vidéo, oui, mais en français, s’il vous plaît !

Crédit visuel : Sophie Désy — Photographe

Chronique rédigée par Charlie Correia — Journaliste

En ce Mois de la francophonie, la Bibliothèque de l’Université d’Ottawa propose jusqu’au 31 mars aux étudiant.e.s de se réunir au deuxième étage du Carrefour des apprentissages (CRX), au Laboratoire d’exploration. L’objectif ? Découvrir et tester des jeux vidéo développés par des francophones ou inspirés par la culture francophone. La Rotonde s’est rendue sur place pour tenter l’expérience.

C’est dans la salle 220 de CRX que la magie opère. Dès que l’on entre, on peut apercevoir un écran géant, ainsi que plusieurs consoles et casques de réalité virtuelle. Chaque mardi et jeudi, de midi à 14h, divers jeux sont mis à la disposition des étudiant.e.s.

De nombreux jeux vidéo sont disponibles sur place, comme Two Falls, qui touche à des récits autochtones vus par une équipe canadienne bilingue, Été, un jeu québécois aux références locales, ou encore Dordogne, qui évoque le sud de la France. Le catalogue est varié et permet de découvrir certains titres auxquels nous ne sommes pas habitués à jouer. J’ai réalisé que je connaissais très peu les jeux développés en français, et encore moins ceux qui mettent en avant la culture francophone. Par exemple, j’ignorais qu’Ubisoft a été fondé en France. Je me suis couchée moins niaiseuse ce soir-là !

Premiers pas, manette en main

Pour cette chronique, j’ai réussi à traîner ma meilleure amie afin qu’elle puisse jouer avec moi. Nous avons testé Rayman Legends, un jeu développé par le studio Ubisoft qui m’a rappelé Mario Kart, avec des graphismes qui m’ont évoqué la bande dessinée québécoise L’Agent Jean.

Étant relativement néophyte dans le monde des jeux vidéo, j’avais bien besoin d’une coéquipière de jeu. Nous avons eu beaucoup de fous rires, car je mourais constamment et j’avais de la difficulté à comprendre les touches. Mon adversaire riait de mon expression faciale, car lorsque je suis concentrée, je tenais ma langue entre mes lèvres pour essayer de ne pas mourir.

Jeu et bien-être : un duo gagnant

Malgré le fait que nous sommes en fin de session et qu’on manque de temps dû à notre charge de travail élevée, prendre le temps d’aller jouer au jeux vidéo avec ses ami.e.s est une bonne manière de faire redescendre la pression. Que ce soit pour célébrer la fin d’un examen ou simplement pour rire un bon coup, ces moments sont bénéfiques. Il est important de ne pas négliger notre santé mentale en cette période d’examens.

Ce moment de jeu improvisé est en effet vite devenu pour moi une bulle de décompression. Et je ne suis pas la seule à le ressentir : selon une étude réalisée en 2023 par l’Association canadienne du logiciel de divertissement (ALD), 75% des Québécois.e.s jouent aux jeux vidéo pour réduire leur stress. Les jeux vidéo peuvent avoir un effet positif sur la santé mentale, tant qu’on sait y jouer avec modération.

Revaloriser le jeu vidéo francophone

L’organisateur de l’événement, Mish Boutet, bibliothécaire spécialisé en compétences numériques à l’Université d’Ottawa, explique que la culture du jeu vidéo est importante et n’est pas à sous-estimer. Selon lui, on ne donne pas assez de crédit à l’art du jeu vidéo par rapport à la littérature ou au cinéma, alors qu’il ne faut pas oublier que l’industrie vidéoludique fait aussi partie de la culture. « Les jeux ont une importance culturelle, au même titre que les films ou les livres. Il est essentiel de noter les jeux qui ont été développés par des studios francophones, de reconnaître leur travail et de l’apprécier », exprime-t-il.

Mettre la langue française à l’honneur est une initiative essentielle en ce Mois de la francophonie. Lorsqu’on prend conscience des inégalités entre les développeurs francophones et anglophones dans l’industrie du jeu vidéo, on comprend pourquoi des événements comme celui-ci sont essentiels. L’industrie du jeu vidéo est largement dominée par les studios anglophones, qui disposent de plus de moyens et de visibilité. À l’inverse, les studios francophones, souvent plus petits, peinent à se faire connaître, malgré leur talent.

Ce type d’initiatives permet ainsi aux joueur.se.s de découvrir des créations francophones de qualité et de valoriser la diversité culturelle dans le monde vidéoludique. Les jeux qui sont disponibles ce mois-ci vont également demeurer accessibles pour les étudiant.e.s qui n’auraient pas eu le temps d’y jouer, explique Boutet : « On a acheté les jeux, alors on les a toujours. Si quelqu’un a manqué cette opportunité, il.elle peut venir à la Bibliothèque et faire une requête pour y jouer de son propre chef ». 

En ce Mois de la francophonie, et si on offrait aux jeux vidéo francophones la place qu’ils méritent dans notre culture ? Je vous invite à découvrir et jouer aux jeux vidéo francophones afin de lutter contre les inégalités et promouvoir une plus grande diversité dans cette industrie. 

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