Crédit visuel : Marie-Ève Duguay – Rédactrice en chef
Article rédigé par Jacob Hotte – Journaliste
Le séminaire Paying for a Warming World: Contemporary Challenges in Climate Finance After COP27 a eu lieu le 1er mars dernier. Celui-ci a été organisé par le Centre d’études en politiques internationales (CÉPI) et le Réseau de recherche en économie politique internationale (RÉPI). Menées par Ryan Katz-Rosene, les discussions entamées lors de l’événement apportent une réflexion sur la 27e Conférence des parties (COP), ainsi que les actions et décisions prises lors du sommet qui a eu lieu en novembre dernier.
Parmi les participant.e.s à ce séminaire se trouvaient Leia Achampong, agente principale des politiques et du plaidoyer en financement climatique à Eurodad, et Rishikesh Ram Bhandary, assistant directeur du Global Economic Governance Initiative au Boston University Global Development Policy Center. De plus, afin d’offrir la perspective d’une activiste, Mariama Williams était présente, une économiste féministe qui se concentre sur des questions d’économie globale en lien avec l’équité de genre et le réchauffement climatique, ainsi que Julie Segal, gestionnaire principale de programme en investissement climatique à Environnemental Defence.
De l’investissement pour le climat
Achampong a commencé la conversation en mettant en avant l’obstacle qui selon elle vient ralentir le développement économique de plusieurs nations émergentes, soit celui de la dette climatique. Les pays du Sud global, poursuit-elle, finissent par porter le fardeau de cette dette, ce qui impacte leur situation économique fragile. Plusieurs de ces pays se voient délaissés, par la faute d’un manque d’accès aux ressources financières nécessaires, ajoute-t-elle. Cela est pour Achampong dû au fait que plusieurs pays « développés » ne contribuent pas au financement climatique et qu’en majorité, les investissements entrepris par ces pays sont composés de prêts. Cette soi-disant aide, dénonce-t-elle, peut ensuite contribuer à l’endettement de ces économies émergentes, tout en participant au déclin de la situation financière de leurs citoyen.ne.s.
Ram Bhandary poursuit en faisant remarquer que la pandémie n’a guère aidé à l’amélioration de cette affaire. À son avis, la présence de haut taux d’intérêt dans les économies développées, la dépréciation des devises dans les pays du Sud global, ainsi que l’endettement de ceux-ci en lien avec la présence de la COVID-19 ont tous contribué à la diminution de leur capital. En outre, Ram Bhandary dévoile que la mobilisation d’investissements à l’international s’est avérée beaucoup plus difficile que ce qui en est habituellement.
Selon Williams, il faut mettre en place une solution qui avait été proposée lors de la COP 27, soit un accord sur les pertes et dommages. Cette résolution pourrait permettre à la formation d’un fond qui aiderait à alléger la responsabilité économique des pays plus vulnérables par rapport au réchauffement climatique, déclare-t-elle. L’économiste souhaite également voir des réformes au niveau des institutions financières internationales, comme la Banque mondiale, afin que celles-ci s’orientent davantage vers les besoins de leurs principaux utilisateurs, soit les pays du Sud global. Williams suggère aussi l’utilisation de subventions à la place des prêts comme moyen d’investissement de la part des économies « développées ».
À son tour, Segal exprime sa volonté que le secteur privé soit tenu responsable de sa contribution au réchauffement climatique. Cette dernière précise que le Canada est un grand contributeur au réchauffement climatique en raison des investissements continuels de son secteur privé dans les combustibles fossiles. Pour Williams, le secteur privé ne devrait pas participer au financement climatique, car celui-ci n’est utilisé dans la majorité des cas que pour en tirer profit. Cela, selon elle, ne ferait qu’aggraver la situation.
Qu’en est-il de la COP 28 ?
En raison du conflit en Ukraine, plusieurs panélistes, comme Segal et Williams, font remarquer qu’il y aura plus de questionnements, durant la prochaine COP, sur le manque de financement de la part des économies « développées ». En effet, si de telles sommes d’argent peuvent être récoltées pour le conflit entre l’Ukraine et la Russie, il devrait donc être possible d’en faire autant pour le climat, annonce Segal.
Certains participant.e.s, comme Achampong, reste douteux.se.s des intentions des économies « développées ». D’après elle, il y a plusieurs contributeurs financiers qui tentent de prioriser leurs intentions personnelles au détriment du but réel de la COP. Ces économies utiliseraient des initiatives, comme le fond de pertes et dommages, à leur avantage, soit pour tenter de justifier leur inaction, ce que Williams semble aussi vouloir faire comprendre.
En observant l’historique de l’événement, Segal considère que la COP en elle-même est insuffisante. Williams soutient l’opinion de cette dernière. Elle confie d’ailleurs que cela a pris plusieurs années avant même de voir la mise en place d’initiatives comme le Fonds vert pour le climat, qui avait été proposé en 2012, et qui n’a débuté ses opérations qu’à partir de 2015. Pour elle, d’autres alternatives devraient être mises en place pour assurer l’engagement des nations dites « développées » au financement climatique.
Pour conclure, les gouvernements ne sont pas les seuls à avoir leur mot à dire sur le déroulement des choses. Segal témoigne que les citoyen.ne.s peuvent aussi jouer un plus grand rôle sur les politiques en exerçant leur droit de vote et en communiquant avec les politicien.ne.s.