Par: Pascal Vachon, journaliste
Un manque de communication sur le consentement entre patients et professionnels de la santé est évident. C’est ce qu’affirmait la professeure Audrey Ferron Parayre mardi dernier lors d’une conférence intitulée Les réalités et les fictions du consentement éclairé aux soins.
Cette conférence basée sur la thèse de doctorat de la professeure illustrait les failles de l’application du consentement lors des soins médicaux. Alors que le droit civil est fondé sur le plein accord que le patient donne au médecin pour recevoir des soins, sa thèse démontre qu’il est faux de croire que la décision revient au patient.
« Quand les juristes disent que la décision doit revenir aux patients, c’est irréel ; seul l’accord final revient au patient tandis que la décision revient au médecin », affirme la chercheuse sur ce type d’accord, lequel, rappelle-t-elle, est obligatoire selon le code de déontologie des médecins.
Faille communicationnelle
Après avoir mené des discussions avec plus d’une dizaine de médecins et de 60 patients québécois, elle a constaté que les patients ne sont pas toujours bien préparés lorsqu’ils arrivent devant le médecin. « Il y a un travail d’éducation à faire auprès des patients pour qu’ils sachent qu’ils peuvent poser des questions, ils peuvent être en désaccord avec le traitement proposé par le médecin », explique la professeure.
Des constats que partagent d’autres chercheuses comme Dawn Stacey, directrice du groupe de recherche sur les outils d’aide à la décision pour les patients à l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa. « Le docteur fournit une quantité d’information plus limitée et ensuite le patient sort de sa rencontre avec le médecin et il pense à des choses qu’il voudrait savoir », affirme Stacey.
Sanctions laxistes
La professeure Parayre avoue avoir été surprise du manque de sanctions et de leur faiblesse lorsque vient le temps de punir un médecin. « Plusieurs sanctions déontologiques pourraient s’appliquer, mais elles ne le sont pas. Si un patient veut aller au civil, son fardeau de preuve est très difficile car il doit prouver le mauvais consentement éclairé du médecin », explique la professeure.
Quant au patient francophone traité par un médecin anglophone, la langue représente un obstacle supplémentaire à l’obtention d’un consentement éclairé. « Dès que l’on cherche à obtenir un consentement éclairé et que le patient ne comprend pas strictement au point de vue de la langue, on part avec une prise », conclut Parayre.