
Théâtre folklorique : Il était une fois… Ne contez pas les heures!
Par Sophie Bernier
Le 22 janvier dernier, Les contes nomades présentaient deux récits provenant d’univers diamétralement opposés. Stéphane Guertin, auteur et conteur, a livré Vie et mort d’un char boiteux, conte mettant en scène deux jeunes hommes unis par les biscuits. Vient ensuite Nadine Walsh, conteuse et interprète, qui a présenté sa version de La Chatte blanche de Madame la Baronne d’Aulnoy, dites « L’éloquente », un conte de 300 ans.
Premier acte
Ancien étudiant en théâtre de l’Université d’Ottawa, Stéphane Guertin débarque sur scène armée de sa guitare, paré d’un regard malicieux qui ne trompe pas. Il sait exactement où conduire ses spectateurs et par où passer. L’épopée met en scène deux amis de longue date, déterminés à offrir une dernière promenade digne de ce nom dans leur vieille bagnole. Tous deux charmés par l’idée de l’aventure, les complices prévoient atteindre le Panama avant que le véhicule ne rende l’âme.
D’une voix tantôt chantante, tantôt théâtrale, le conteur crée une ambiance intime et enivrante qui suffit à faire oublier l’aspect fictionnel du récit. Il raconte avec une ingénieuse naïveté les péripéties du voyage des adolescents, qui flottent entre la fantaisie et le sérieux, et qui mènent ses auditeurs jusqu’au bord du ravin. Une fois arrivé, après avoir été le seul à jeter un regard à la profondeur du précipice devant lequel il a conduit la foule pendue à ses paroles, il lève le regard et annonce : « le reste… ce sera pour la prochaine fois! » Il laisse ainsi à l’imagination de chacun la possibilité de créer la fin du récit. Avis aux intéressé.e.s, la deuxième partie sera présentée le 19 février au CNA.
Deuxième acte
Vint ensuite le temps pour Nadine Walsh de s’exécuter. Contrairement à Guertin, qui est monté seul sur scène, la conteuse était accompagnée par trois musiciennes. Son récit est celui d’un jeune prince en quête du trône royal qui s’éprend de la plus belle des chattes, la Chatte blanche. Aussi bizarre que cela puisse paraitre, cet amour semble crédible au moment de la représentation, et ce grâce à l’interprétation finement travaillée de Walsh. Loin d’être déconcertant, le récit de « La Chatte blanche » nous guide, mine de rien, vers une chute heureuse et remplie d’espoir.
Le trio de musique, qui assurait les transitions, donnait parfois l’impression, par la longueur de leurs interprétations, de diluer l’ambiance dans laquelle plongeait la narration.
En fin de compte, ce qui donne toute sa magie aux représentations, c’est cette pensée pour les auteurs des contes, qui n’avaient probablement jamais imaginé qu’un jour, plusieurs siècles après leur mort, il y aurait encore des oreilles pour les écouter et des mains pour les applaudir.