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Arts et culture

Critique de film: The Hunting Ground, ou l’épineuse question du viol estudiantin

7 Décembre 2015

Par Marine Dumas

Après avoir été violées, deux étudiantes apprennent que les coupables, connus et avérés, ne seront jamais condamnés par leur université. Telle est l’évènement perturbateur du documentaire The Hunting Ground, réalisé par Kirby Dick et Amy Ziering en 2015. Présenté vendredi dernier à l’occasion du 3e Festival du film des droits de la personne de l’Université d’Ottawa, ce film dénonce une réalité qui fait écho à l’actualité de notre établissement, soit celle du viol dans les universités nord-américaines.

Apprenant que leurs agresseurs échappent à la justice universitaire, les étudiantes contactent d’autres victimes. Elles font sitôt un constat alarmant : ce qu’elles pensaient être un cas isolé de violence sexuelle est en fait vécu par une proportion alarmante de la population étudiante, en majorité féminine. Les deux jeunes femmes décident de faire le tour des universités américaines pour rencontrer ces victimes, faire entendre leurs voix et nuancer la vision idéalisée des établissements, moins utopique qu’il n’y parait.

Leur tâche s’avère d’autant plus difficile que les administrations rechignent à rendre justice aux victimes : le viol n’est pas gage de bonne publicité. Les différents témoignages disposent au vu et au su de tous, les incohérences systémiques en contexte universitaire : de nombreux coupables, si ce n’est la majorité, ne sont et ne seront jamais condamnés pour leur crime. Dans le cas d’athlètes de haut niveau, parrainés par les institutions, une accusation de viol, si elle se révélait véridique, ternirait l’image de l’université et rendrait difficile l’obtention de bourses et d’ententes de parrainage.

Il en découle par ailleurs d’innombrables contradictions concernant les peines aux accusés. Si une centaine de plaintes sont déposées chaque année, seuls un ou deux agresseurs feront face aux tribunaux. Ces derniers encourent des peines souvent jugées insuffisantes, soit, entre autres, une expulsion d’un jour du campus, une amende de quelques dollars et, dans le cas d’athlètes de haut niveau, parfois rien du tout. En effet, ceux-ci bénéficient de la mauvaise foi de l’administration et d’une protection quasi « politique ». Le témoignage des victimes est ainsi mis en doute de manière systématique.

The Hunting Ground révèle de manière inquiétante que, dans un système si opaque, les droits des étudiant.e.s sont encore sujets à débat.

Organisée par le Centre de recherche et d’enseignement sur les droits de la personne, cette troisième édition du Festival était centrée sur la violence faite aux femmes. Grâce à des documentaires tournés dans différentes parties du monde et touchant, pour la plupart, à la question du viol, le festival aura permis de présenter ce qui existe quant à la prévention de la violence sexuelle et aux actions menées « aux niveaux local, national et international » pour combattre le fléau.

 

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