– Par Lysane Caouette –
Le trio humoristique – Alexandre Bisaillon originaire de Vanier, Mikaël Dallaire de Gatineau et Éric Trottier d’Orléans – a prouvé de nouveau que la relève humoristique de la région possède un potentiel grandissant. Les rires de la petite foule du Petit Chicago se sont faits entendre jusqu’au tout dernier gag lors de cette cinquième soirée d’humour, présentée samedi dernier.
Alexandre Bisaillon, animateur du spectacle, a démarré la soirée avec son humour à toutes les sauces, des sujets aussi banals que de « glisser » sur la glace, ou bien du « kit » de survie géométrique d’effaces. Par moments guidé vers l’improviste, l’humoriste n’hésitait pas à interagir avec le public, qui, lui, le suivait à tout moment.
Le déboulement d’anecdotes loufoques s’est enchaîné avec les trois humoristes invités, tous possédant un dynamisme bien à eux. Patrick Guillot misait plutôt sur un caractère sérieux, mais avec des blagues directes et poignantes. Geneviève Fortier a emballé le public avec sa vision comique de la vie en tant qu’enseignante. Pour Marc-Étienne Bibeau, son baptême de l’humour a été réussi avec brio.
Ont ensuite suivi Éric Trottier et Mikaël Dallaire. Les gags de Trottier étaient plutôt élaborés selon un humour « intelligent », mais vite guidés vers un dérapage profond. Dallaire, exploitant le personnage de « gros pas tant gros gêné », a bien fait rigolé les spectateurs avec son enthousiasme exagéré, caractéristique de son personnage humoristique.
Le spectacle a été à la rencontre, et même plus encore, des attentes de l’auditoire. « On a eu un public qui, pendant trois heures, était à la merci des gens sur la scène. Je n’ai pas vu personne regarder leur téléphone, regarder leur montre, alors pour moi, c’est un peu une preuve de qualité », exprime une spectatrice.
L’humour en Ontario : plusieurs publics à combler
L’industrie de l’humour est bien implantée au Québec depuis déjà plusieurs décennies. Cependant, pour les humoristes émergents de l’Ontario français, pratiquer son art dans sa région natale n’est pas chose facile. Aller faire sa percée à l’extérieur de la province reste bien souvent l’option pour se faire connaître. « Pour des humoristes de l’Ontario, c’est dur de tenter sa chance [dans la région] », explique l’humoriste d’Orléans Éric Trottier. « On est très souvent obligés de s’expatrier à Montréal, faire des shows partout », ajoute-t-il. De plus, les publics ne sont pas les mêmes pour les francophones établis en Ontario. À cela s’ajoute aussi le public anglophone. « Il y a deux publics en Ontario. Forcément, ils parlent français, mais les Québécois n’ont pas les mêmes référents que les Franco-Ontariens purs et durs, qui ne jurent que par la francophonie », souligne l’humoriste. L’idée de développer un marché franco-ontarien est envisageable, selon Éric Trottier. « Je ne dis pas non à faire des shows en Ontario. Mais c’est clair que j’aimerais contribuer à l’élaboration d’un réseau. Que ça devienne un élément de fierté en Ontario comme ça demeure au Québec. »