– Par Philippe Pépin –
La cérémonie du jonc de fer, pierre angulaire de l’éducation de tout ingénieur et consécration des quatre années de dur labeur des étudiants de génie, s’est déroulée le 24 novembre dernier au pavillon de l’École d’ingénierie et de technologie de l’information (ÉITI). En entrevue, Phillip Malboeuf et Anthony Burvill, deux participants à la présente cérémonie et anciens membres de la Société étudiante de génie, nous offrent une mise en perspective de la signification de l’anneau de fer avant leur entrée dans la « communauté de l’anneau ».
« La cérémonie est très importante pour nous, même plus que la cérémonie de graduation comme telle. La réception de l’anneau est vraiment le moment significatif pour les jeunes ingénieurs », affirme Anthony Burvill. Phillip Malboeuf renchérit: « Les ingénieurs et ingénieures se doivent de respecter les promesses faites lors de la cérémonie, et je crois qu’ils le font – nous travaillons dans l’intérêt du public, et on ne peut pratiquer un tel métier sans certaines valeurs essentielles ». L’enthousiasme et la joie des deux étudiants est à ce moment difficilement contenue.
La fierté au-delà des controverses sur le machisme de la cérémonie
La très mystérieuse cérémonie, de par son histoire et le huis clos qui la prémunit de l’œil des médias, est restée inchangée depuis 1925, trois ans après sa fondation par Rudyard Kipling. Un membre de la « communauté de l’anneau », souhaitant demeurer dans l’anonymat, soulève quelques critiques, soutenues par une part croissante de la communauté des ingénieurs: « Le huis clos a bloqué toute influence extérieure dans la communauté, ce qui fait en sorte que le rituel est exactement le même depuis 1925, et il est plus qu’évident que la cérémonie, élaborée par des hommes, comporte divers éléments machistes. On trouve notamment une symbolique machiste derrière les paroles du poème à réciter, ou l’image de la chaîne et du marteau – la cérémonie a été élaborée par des hommes et pour des hommes selon les modèles sociaux de 1925. Ces éléments sont incompatibles avec l’arrivée des femmes dans les écoles d’ingénierie ».
N’ayant pas encore participés à la cérémonie, Phillip et Anthony se contentent d’affirmer: « On ne sait vraiment pas ce qui va se passer lors de la cérémonie, tout est secret. Tout ce qu’on sait, c’est qu’une part de plus en plus importante des étudiants en génie sont des femmes, et qu’elles partagent généralement notre enthousiasme: la cérémonie est réellement un évènement important et nous croyons que ce sentiment de fierté outrepasse un peu les autres considérations. »
Un gage d’excellence
L’initiation via l’anneau, d’origine torontoise, se pratique strictement au Canada. Il existe aujourd’hui 26 différents campus universitaires pratiquant la cérémonie. Ces camps consacrent à la fois l’excellence, le mérite des étudiants, mais forgent aussi un tissu social à travers l’opportunité de réunir les anciens et les jeunes, année après année.