– Par Léa Papineau Robichaud et Lysane Caouette –
Partir les deux pieds dans la neige, espadrilles aux chevilles, packsack au dos, une mince couche de vêtements pour la route : Montréal nous dit au revoir. De bolide en bolide, après plusieurs heures dans les airs, nous atterrissons finalement sur le plus grand territoire d’Amérique centrale. La chaleur nous accueille dès notre arrivée, et ce, même dans l’aéroport. Des affiches aux murs sur lesquelles est inscrit « Ruta de evacuación » nous montrent le chemin de sortie dans l’éventualité qu’un volcan fasse des siennes : nous sommes bien au Nicaragua.
Entassé dans une foule grouillante, un chauffeur de taxi nous attend avec une pancarte dans les mains, sur laquelle est inscrit un de nos prénoms. Montées à bord, on se rend vite compte que la notion de sécurité n’est pas la même qu’au Canada : s’attacher dans les taxis est une pratique bien peu courante, les boîtes de pickup sont bondées de gens, les routes souvent étroites sont parsemées de scooter qui virevoltent entre les piétons qui, eux, traversent les rues quand bon leur semble. Tout ce fiasco orchestré sans feu de circulation. Et les animaux se retrouvent aussi dans la mêlée.
Dans les quelques villes dites touristiques, situées au sud de Managua, la capitale, l’influence occidentale saute littéralement aux yeux. À notre grand déplaisir, les chansons de Bryan Adams se faisaient souvent entendre aux radios des taxis. Par moment, nous n’étions pas dépaysées non plus du côté de la nourriture. Le baseball, sport qui a été popularisé aux États-Unis, est d’ailleurs pratiqué par la plupart des Nicaraguayens. Sur les plages de San Juan del Sur, on se croyait presqu’en Californie, surtout en voyant des vagues de touristes-surfeurs déambuler avec leurs planches sous le bras.
Nous avons tout de même eu l’occasion de laisser nos repères culturels derrière nous en côtoyant une famille de Palos Negros, un petit village situé dans la municipalité de Rivas.
Pour les deux petites Canadiennes que nous sommes, c’était une immense bouffée de fraicheur que de voir autant de proximité entre les maisonnées.
Leurs portes sont grandes ouvertes aux villageois, mais aussi aux cochons, aux poules et aux chiens délaissés.
Là-bas, les gens se donnent un coup de main entre familles, sans s’attendre à recevoir quelque chose en retour. Suffit de crier du perron, quelqu’un vous répondra.
La vie dans ce petit village moyennement pauvre est d’une simplicité déconcertante. Les habitants travaillent d’arrache-pied pour subvenir à leurs besoins et ont tout de même toujours la tête à la fiesta. De la musique rythmée nous berçait à l’heure du coucher, et cette même musique faisait danser nos pieds au matin, cette fois par contre, accompagnée du chant des coqs.
Même si cette famille possède à peine plus que le strict nécessaire pour vivre, ils nous ont intégrées avec beaucoup d’amour dans leur famille. C’était comme un baume au cœur de les voir nous accepter ainsi, comme on est, sans méfiance.
Nous étions loin, très loin, de notre ville de fonctionnaires toujours pressés.