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Hier, mon prof a dit…

27 janvier 2014

– Par David Beaudin Hyppia –

Vous est-il déjà arrivé de trouver un professeur franchement mauvais? Moi aussi. Chacun possède ses raisons pour s’offusquer du comportement d’un enseignant. Pour moi, c’est lorsqu’il enseigne mal la complexité des évènements historiques, politiques ou des questions philosophiques. Les généralités sont les pires ennemis de l’universitaire. C’est assez ironique que certains professeurs enseignent que les « Amérindiens n’ont pas vraiment participé à la création de l’État canadien », ou encore « que Napoléon est le dernier à avoir tenté de créer un empire en Europe », et « qu’entre 1815 et 1914, il y a eu une paix relative en Europe ». Toutes ces affirmations sont totalement fausses, pourtant elles ont toutes été entendues dans mes cours.

Qu’est-ce que cela révèle de notre système d’enseignement universitaire? Comment des professeurs, bardés de diplômes, laissent consciemment des propos pareils se propager dans leurs cours. D’après moi, le véritable problème réside dans le fait que la transmission de la connaissance n’est pas faite de manière à « faire apprendre » dans le but de forger l’esprit critique, mais bien seulement de « bourrer la tête » des étudiants pour les faire remplir des cahiers d’examens. Ici, je ne cherche pas à recréer la vieille dichotomie classique où on cherche à prouver que les étudiants deviennent des automates de la connaissance, je cherche plutôt à prouver que la formulation simpliste pour but d’efficacité, la vulgarisation, nuit nécessairement à la construction d’une base solide universitaire. On enseigne donc aux étudiants à comprendre des phénomènes historiques comme unifiés et stables. On en vient à des aberrations comme « Y’a rien qui s’est passé au Moyen Âge ». Le Moyen-Âge dure environs mille ans, ne venez pas me dire que rien c’est passé pendant mille ans d’histoire sur la planète Terre! J’ai déjà pensé ainsi, et j’ai réalisé, premièrement que j’avais tort, et deuxièmement, qu’on enseigne de manière à créer une constante schématisation simpliste de l’histoire.

J’entends ici les gens qui me diraient que ce serait trop long de tout expliquer en détail, que l’étude d’un phénomène ou d’un champ deviendrait exaspérante, mais qu’est-ce qui est si difficile de dire qu’entre 1815 et 1914, il y a eu plusieurs conflits entre les États européens (pour en nommer qu’un, la fameuse guerre entre la France et la future Allemagne de 1870-1871 en Alsace-Lorraine)? Ce que le professeur a sûrement voulu dire dans ce cas précis, c’est qu’il n’y a pas eu de conflit comparable à la période napoléonienne, mais au lieu de dire ça, il a fait une affirmation erronée qui porte à confusion et qui frustre les gens qui connaissent l’histoire. J’en appelle donc à fustiger dans les classes les professeurs qui ne se forcent et/ou qui pensent que la vulgarisation « c’est assez pour des étudiants de deuxième année ». Il faut enseigner de manière à ouvrir l’esprit, car celui qui veut découvrir sera comblé, et celui qui s’en fout éperdument en aura « déjà entendu parler ». Pourtant, chaque année, on se fait dire : « Vous auriez dû apprendre ça dans votre cours de l’année dernière, non? »

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