Par Camille Pagé-Taillon

Dans une salle presque comble, l’atmosphère était paradoxalement intime, dimanche soir dernier, alors que Hey Rosetta! offrait une performance énergétique et sans artifice, laissant place à la musique et à une forme d’honnêteté artistique. Hey Rosetta!, groupe originaire de Terre-Neuve-et-Labrador, est accompagné en tournée de leurs confrères canadiens du groupe Yukon Blonde.

Tout en rencontrant le style indie rock de la tête d’affiche, la première partie semblait aussi s’inspirer de groupes de la scène musicale anglaise des années 70, tels The Clash ou Joy Division, sans toutefois perdre leur cachet alternatif contemporain. Cette première partie rock’n’roll a permis de réchauffer la salle avant que le groupe tant attendu se présente sur scène.

Il y a dix ans déjà, Tim Baker revenait d’un voyage musicalement prolifique autour du Canada et des États-Unis avec une panoplie de chansons écrites sur la route. Habité de l’idée de donner une autre dimension à ses compositions, Baker rassemble un groupe de musiciens talentueux. Peu après, le groupe se risque à défier les règles du rock en incorporant des instruments classiques tels que le violon et le violoncelle, donnant ainsi à Hey Rosetta! le son unique qu’on lui reconnait aujourd’hui. Depuis sa création, quatre albums de l’ensemble ont paru, dont le plus récent, Second Sight, en 2014.

Un amalgame de chansons, certaines datant de la genèse du groupe et d’autres plus récentes, telle qu’Alcatraz, a résonné dans la grande salle du CNA, dimanche dernier. Le décor minimaliste, constitué d’un arrière-plan métallique et de quelques ampoules rustiques, reflétait l’honnêteté émanant des paroles des compositions de Hey Rosetta! Alors que certains groupes ne peuvent se montrer à la hauteur des attentes de leurs admirateurs quant il est question de live, il ne serait pas excessif de dire que la performance sur scène de Hey Rosetta! est meilleure que celle de leurs versions studios.

Lors du rappel, la foule a droit à un cadeau de Noël en avance. Les deux têtes d’affiche ont proposé à leurs fans une collaboration intitulée Land You Love, qui fut composé en octobre dernier, peu avant les élections fédérales, et qui dénonce les politiques du gouvernement Harper. On peut présumer que cette chanson, offerte le sourire aux lèvres, fut jouée dans un état d’âme différent que celui d’avant les élections.