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Hausses salariales jugées « illégales » : L’APUO prend les choses en main

18 janvier 2016

Par Frédérique Mazerolle

À la mi-décembre dernière, alors que la grande majorité de la population de l’Université d’Ottawa se préparait pour des fêtes sans neige, une tempête était sur le point de s’abattre sur la haute administration de l’U d’O. Après plusieurs mois de silence institutionnel, l’Association des professeurs à temps plein de l’Université d’Ottawa (APUO) demande une fois pour toutes à l’U d’O de s’expliquer devant les tribunaux en ce qui concerne les hausses de salaire de deux membres de la haute administration, qu’il juge « illégales » en vertu du gel salarial du secteur public de l’Ontario. Un retour sur la saga opposant pour la première fois les deux partis en cour.

Le 27 mars 2015 : la « Sunshine List », palmarès annuel offrant un regard inédit sur les salariés du secteur public les mieux payés en Ontario, fait sourciller. En effet, plusieurs grands noms, dont celui du recteur de l’Université, Allan Rock, font partie de la liste. Cependant, les salaires respectifs de deux membres de la haute administration, soit celui de la vice-rectrice à la recherche, Mona Nemer, et celui du doyen de la Faculté de médecine, Jacques Bradwejn, affichent des chiffres faramineux. Plus encore, une anomalie a été remarquée par l’APUO quant au salaire de la vice-rectrice à la recherche, qui est passé de 132 304 $ à 292 058 $ entre 2012 à 2014, soit une hausse de 120 %. Quant à M. Bradwejn, il aurait eu droit à une augmentation de 36 000 $ en deux ans. À l’avis de l’APUO, ces hausses seraient illégales, selon la Loi sur la responsabilisation du secteur public de 2010.

Après avoir émis de nombreuses lettres ouvertes à l’Université, au Comité exécutif du Bureau des gouverneurs, ainsi qu’au ministre de la Formation et des Collèges et Universités de l’Ontario, Reza Moridi, l’APUO reste sans réponse, ou plutôt, sans réponse satisfaisante.

Le recteur de l’U d’O a répondu à la première lettre adressée à l’Université, soutenant « [qu’] en plus d’occuper le poste de vice-rectrice à la recherche de l’Université, Mme Nemer est membre permanente du corps professoral de la Faculté de médecine et chercheuse en médecine cardiovasculaire. En 2011, le mandat de vice-rectrice à la recherche de la professeure Nemer a été renouvelé pour cinq ans, et une chaire professorale à la Faculté de médecine lui a également été accordée pour la même période. Comme titulaire de la chaire, la professeure Nemer reçoit une rémunération annuelle de 30 000 $ en appui à ses travaux. »

Selon Jennifer Dekker, présidente de l’APUO, cette réponse est « redondante » et ne vient pas répondre aux exigences de l’Association.

« Nous sommes tellement, comment dire, insultés par le manque de réponse du Bureau des gouverneurs et même du ministre, par qui nous devons passer pour avoir l’information dont nous avons besoin. Maintenant, la seule manière de savoir si ces hausses sont bien légales ou non, c’est en amenant ça devant un juge », a expliqué la présidente de l’APUO, lors d’une entrevue avec le Ottawa Citizen.

Lorsqu’interrogée, Jennifer Dekker a déclaré que le fait que l’Université n’était pas en mesure de leur fournir l’information nécessaire a poussé l’APUO à amener l’affaire devant les tribunaux.

« C’est la première fois que nous faisons une demande de vérification judiciaire contre l’Université et plusieurs de nos membres sont en faveur de celle-ci. Ils sont vraiment offensés par le comportement de l’Université. On continue de recevoir des messages de notre administration nous disant qu’on n’a pas d’argent pour ceci et cela. Ce n’est pas seulement une question légale, demander une vérification, c’est aussi une question d’éthique », dit-elle. En date de parution, une plainte officielle a été faite le lundi 21 décembre. L’Université a préféré ne pas émettre de commentaire sur l’affaire et elle maintient sa position.

 

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