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Hausse salariale d’envergure pour l’administration

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Par : Nicolas Hubert – chef du pupitre actualités 

 

Le 3 février 2017, le Bureau des Gouverneurs de l’Université d’Ottawa (U d’O) a publié le Programme de rémunération des cadres exécutifs de l’U d’O, approuvé par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle de l’Ontario. Soumis à une période de consultation publique entre le 3 février et le 3 mars, ce programme propose une réévaluation des rémunérations des cadres exécutifs de l’Université dont les salaires sont gelés depuis 2010 en raison de la Loi sur la responsabilisation du secteur parapublic.  

Jusqu’à 59 600 $ d’augmentation

En insistant sur la nécessité de « retenir des leaders de haut calibre » pour faire de l’U d’O « l’une des cinq grandes universités de recherche au Canada », ce programme vise spécifiquement l’augmentation pour cinq hauts cadres de l’administration.

Le recteur de l’Université se verrait ainsi gratifier d’une hausse de 59 600 $ pour atteindre un salaire annuel de 454 600 $, le vice-recteur aux études et provost d’une hausse de 53 500 $ pour atteindre un salaire annuel de 350 500 $, tandis que les vice-recteurs à la recherche, aux ressources et aux relations extérieures bénéficieraient de hausses de 2 123 à 28 700 $ pour atteindre des salaires annuels allant de 298 700 $ à 311 900 $.

« On parle par ici d’augmentations faramineuses » et non « d’augmentations minimales pour suivre l’inflation », s’insurge le président du syndicat des étudiant.e.s employé.e.s de l’U d’O (SCFP 2626), Xavier Laberge.

Une comparaison ambiguë  

Comme le rappelle Laberge, cette hausse globale de 155 823 dollars va porter à « une masse salariale totale de 1 715 000 $ » pour 5 employés. L’Association des professeurs de l’U d’O (APUO) et l’Association des professeurs à temps partiel de l’U d’O (APTPUO) dénoncent l’ambiguïté des méthodes de comparaison employées au sein du rapport pour justifier une telle augmentation.

À l’instar du vice-président externe de l’APTPUO, Pascal Sergent, l’agente des communications et de la recherche de l’APUO, Anne-Marie Roy, explique en ce sens que la comparaison effectuée inclut les grandes universités canadiennes qui possèdent des budgets et populations étudiantes largement supérieurs à l’U d’O, ainsi que des mandats de recherche et des contextes différents.

Pour Sergent, ce rapport se rapproche ainsi « plus d’un argumentaire pour supporter [cette hausse salariale] plutôt que d’une étude indépendante ». « On a reçu la semaine dernière une comparaison de nos salaires comme professeurs avec seulement les universités en Ontario », ajoute Susan Spronk, la présidente de l’APUO, avant de demander « pourquoi ils ont choisi ces universités nationales au lieu de faire la même comparaison qu’ils ont fait avec nos salaires ». 

« L’Université ne voulait pas que l’on en parle »

Si l’U d’O est tenue par la loi de soumettre ce programme de hausse salariale à un processus de consultation d’au moins 30 jours, Roy souligne l’absence de communication effectuée à ce sujet. « C’est clair que l’Université ne voulait pas que l’on en parle, que les gens de la communauté participent au processus de consultation ou apportent une rétroaction », affirme-t-elle.

Sergent souligne pour sa part l’erreur de calendrier faite par l’U d’O. En effet, du côté de l’APTPUO, toute l’attention converge vers l’application du projet de loi 148. Cette dernière, qui prévoit une rémunération horaire équivalente entre travailleurs à temps partiel et à temps plein, entrera en vigueur le 1er avril.

Sergent estime ainsi que si « l’Université pense qu’elle a des budgets à employer au niveau de la masse salariale, elle ferait mieux de se préparer à mettre en application cette nouvelle loi ».

 Une situation d’austérité

Cette proposition est d’autant plus mal reçue que les acteurs de la communauté universitaire sont la cible depuis plusieurs années des politiques d’austérité menées par l’administration de l’U d’O. Comme le soulignent Spronk et Laberge, une compression budgétaire de 4 % a été imposée l’année dernière à l’ensemble des facultés de l’Université, une situation affectant particulièrement l’expérience étudiante par la réduction du personnel de soutien, des postes d’assistants d’enseignement, des bourses d’admission, ainsi que par l’augmentation du ratio d’élèves par professeurs.

« Cela fait deux fois qu’en négociations l’Université nous dit qu’on est en période d’austérité et qu’il y a des coupes partout sur le campus », rappelle Laberge en précisant, à tire de comparaison, que la seule augmentation de salaire pour les 5 postes ciblés correspond à 30 contrats d’assistants à temps plein.

« Juste pour notre dernière convention collective, notre négociation a été très ardue. On a été chercher 1,6 % d’augmentation pour les étudiants gradués », précise-t-il avant d’ajouter que « l’Université disait vraiment que ce n’est pas possible d’aller chercher plus » alors que cela ne palliera même pas l’inflation des prochaines années.

L’expérience étudiante en prime

Alors qu’une partie importante de la justification de cette hausse salariale repose sur l’amélioration de l’expérience étudiante, Spronk insiste sur le fait que « le nombre de cadres de l’exécutif a également augmenté depuis les dernières années », de 9,8 pour 10 000 étudiants en 2009 contre 21,2 en 2016.

« On a plus d’administrateurs, mais moins de professeurs pour la croissance démographique des étudiants », ajoute Roy en demeurant dubitative sur la manière dont cela pourrait améliorer la qualité de l’éducation.

« Si on veut vraiment améliorer l’expérience étudiante […] l’argument [doit être] le même pour les professeurs, les professeurs à temps partiel et les assistants d’enseignement » estime pour sa part Laberge, en dénonçant cette utilisation des fonds de l’Université. « On voit en fait qu’il y a une partie qui va directement pour les hauts cadres » et c’est consternant de voir « qu’une bonne partie des frais de scolarité va être utilisée pour ça », conclut-il.

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