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Harcèlement sexuel à l’U d’O : Le processus de dénonciation remis en question

17 novembre 2014

 – par Christopher Bernard –

Un autre scandale de nature sexuelle impliquant un leader étudiant a éclaté sur le campus de l’Université d’Ottawa (U d’O).  Il y maintenant environ deux semaines, des allégations quant au comportement de Yanéric Bisaillon durant la Semaine 101 de l’Association étudiante des études internationales et politiques (AÉÉPI) ont fait surface. Après ces événements, c’est la question des ressources pour les victimes qui retient l’attention.

Retour sur les événements

Le 5 novembre dernier, l’AÉÉPI a émis un communiqué de presse dans lequel on apprenait que des allégations sérieuses de harcèlement sexuel avaient été déposées contre un membre de son comité exécutif. Le membre en question serait Yanéric Bisaillon, vice-président aux affaires académiques. Toujours selon le communiqué, l’Association aurait alors contacté M. Bisaillon et accepté sa démission.

L’incident aurait eu lieu pendant un événement organisé par l’AÉÉPI dans le cadre de sa Semaine 101. L’Association a organisé sa propre Semaine 101 en collaboration avec la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO). Suite à un Tweet de la victime concernant son agression, le président de l’AÉÉPI,

Stephane Mukunzi, l’aurait rejointe pour tenter d’éclaircir la situation. C’est suite à cette discussion avec la victime que la discussion a été enclenchée au sein de l’Association.

Formation inefficace

En entrevue avec La Rotonde, Anne-Marie Roy, présidente de la FÉUO, a précisé que la FÉUO avait des demandes très claires pour tous les guides de la Semaine 101. « On a une formation sur la culture du viol qui est obligatoire pour tous les guides. C’est dommage que pour certains on ne prenne pas ça nécessairement au sérieux. Depuis cet été, une motion a été votée pour que tous les membres des corps fédérés doivent prendre une formation sur la culture du viol. Aussi, c’est lié au financement des corps fédérés », affirme-t-elle.

Cependant, du côté de l’AÉÉPI, on ne pouvait confirmer que tous avaient parti cipé à une formation du genre, du moins cette année. « Tous les guides doivent avoir une formation sur la culture du viol. Cette année, la FÉUO a ajouté une formation supplémentaire obligatoire pour les corps fédérés. Or, dans l’exécution, c’est assez problématique puisqu’aucune date n’a été proposée. Lorsque quelqu’un a déjà été guide, la formation n’a pas nécessairement à être reprise », explique M. Mukunzi.

Les deux présidents ont par contre tenu à insister sur un point : l’accent sur la prévention était de mise lors de cette Semaine 101. « À chacun de nos événements nous faisions la promotion du consentement, des campagnes ‘‘non, c’est non’’. Dans la trousse de la Semaine 101, il y avait une liste de ressources et le manuel a été lu à tous », mentionne M. Mukunzi.

Ressources manquantes

Invitée à discuter de l’information offerte aux étudiants concernant les ressources pour les victimes durant la Semaine 101, l’étudiante qui a accusé M. Bisaillon n’était pas aussi enthousiaste que les présidents. « Je n’ai pas été mise au courant d’aucun programme combattant les abus sexuels sur le campus. Il n’y a eu aucune présentation des ressources disponibles pour les victimes. On nous a parlé de [la campagne] « non, c’est non », mais c’était toujours sous l’optique de la violence sexuelle. Moi, en tant que victime de harcèlement sexuel, j’ai senti que cet aspect avait été laissé de côté ».
Celle-ci n’a pas non plus trouvé que le soutien offert aux victimes était suffisant. « Le Centre de ressources des femmes ne peut pas non plus tout faire. Pour pouvoir utiliser les ressources mises à ma disposition par l’Université, je devais répéter mon histoire à plusieurs différents intervenants en plus d’aller partout sur le campus. C’est un processus qui est long et complexe et qui peut faire en sorte que plusieurs victimes ne veulent pas en parler », explique-t-elle.

« Je pense qu’il devrait y avoir un centre centré sur les besoins des survivants d’actes de violence sexuelle. Le fait que l’Université n’ait pas de service qui réponde aux abus sexuels est un problème. L’Université n’a pas non plus de structure mise en place pour régler ces situations, ce qui fait en sorte que souvent l’agresseur n’est jamais confronté à ses actions. Il y a une limite à ce que peuvent faire les associations étudiantes », conclut la victime.

Il est possible de signaler un incident au  Bureau d’intervention en matière de discrimination et de harcèlement. Cependant, plusieurs semblent ne pas connaître son existence.

Pour Mme Roy, le portrait n’est pas aussi sombre que l’on pourrait le croire. « Les structures mises en place pendant la Semaine 101 ont fonctionné dans une certaine mesure. Je sais que malheureusement, quelques incidents sont passés par les canaux officiels mis en place par les différentes associations. Je sais aussi que certaines associations étudiantes ont réglé des situations qui se seraient produites durant la Semaine 101 », précise la présidente.

Par rapport au fait que la victime ait attendu aussi longtemps avant de parler de l’incident, Mme Roy y voit plutôt une réalité des agressions de type sexuel. « Lorsque l’on a mis en place le protocole pour traiter ces situations, une des composantes importantes a été de reconnaître que ce qu’une personne a vécu est traumatisant et qu’elle ne se sentira pas nécessairement à l’aise d’en parler avec tout le monde. Il faut rester flexible dans ces protocoles », explique-t-elle.

L’AÉÉPI a confirmé que pour l’instant, l’organisation travaillerait en partenariat avec la FÉUO pour ce qui a trait à la formation concernant la culture du viol. M. Mukunzi a aussi mentionné que l’Association se lancerait maintenant dans une période de réflexion lors de laquelle l’approche et les mécanismes pour gérer ces situations seront analysés et révisés pour faire en sorte d’avoir une meilleure approche dans le futur.

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