
Hantées : Les histoires paranormales fausses que vous croirez
Crédit visuel : Facebook / Transitor Média
Entrevue réalisée par Nonibeau Gagnon-Thibeault – Journaliste
Croyez-vous aux fantômes ? C’est ce que met au test la baladodiffusion Hantées, une docu-fiction d’histoires paranormales dans les maisons victoriennes du Vieux-Aylmer. Les épisodes, qui sortent chaque mardi du mois de novembre, sont des fictions qui se basent sur des faits réels, ce qui peut convaincre même les plus sceptiques. Le réalisateur du projet et co-fondateur de Transistor Média, Julien Morissette, s’entretient avec La Rotonde sur Hantées.
La Rotonde (LR) : En quoi consiste Hantées ?
Julien Morissette (JM) : C’est une série de fiction paranormale en cinq épisodes. Les épisodes ne se suivent pas : il y a quelques liens entre eux, mais nous pouvons les écouter dans le désordre, dans la tradition des émissions d’horreur par anthologie. Nous nous sommes basés sur des faits réels et des faits historiques et avons pris beaucoup de liberté pour scénariser et composer des histoires qui donnent des frissons aux gens qui les écoutent.
LR : Comment avez-vous procédé pour créer un flou entre la vérité et la fiction ?
JM : C’est en utilisant les codes du documentaire. Ce sont des codes avec lesquels j’aime beaucoup travailler. Les entrevues sur le terrain, les narrations, l’appel aux archives. Mais, je fais passer des histoires fictives à travers ces codes-là. Je crée des personnages, des récits, des histoires.
Aussi, nous parlons d’histoires de fantômes, mais dans une perspective plus scientifique ou objective, c’est de la fiction. Étant donné que les documentaires de fantôme ne sont pas basés sur des preuves scientifiques, pour moi, chaque fois qu’on raconte une histoire de fantôme, c’est un peu de la fiction. Donc, tant qu’à raconter des rumeurs sur une maison qui a été construite en 1845, on va y aller avec une convention purement fictive. Mais, nous nous inspirons de faits réels pour que les gens questionnent ce flou de ce qui est vrai ou non.
LR : Est-ce que vous vous perdez vous-même dans ce processus ?
JM : Il y a des gens à qui j’ai bien averti que c’est de la fiction, mais le désir de croire à ce type d’histoire là est tellement fort que les gens tombent quand même dans le piège. Même les gens qui ont travaillé sur la série, à un certain point, ont commencé à douter de ce qui était vrai.
Notre deuxième épisode porte sur la maison où se situe les studios de Transistor. Notre recherchiste, un soir, travaillait seule et a commencé à entendre des bruits. Elle capotait en se disant que c’était la présence dont nous parlons dans l’épisode, mais elle m’a vu l’écrire de toute pièce, ce fantôme-là ! Cette excitation de vouloir croire est tellement grande que parfois ça nous fait oublier que c’est inventé de toute pièce.
LR : D’où est venu le concept de ce balado ?
JM : Nous avons fait en 2021 une marche fantôme, donc un parcours sur la rue Principale à Aylmer, dans le but d’intéresser les gens de la région à l’histoire d’Aylmer. Nous avions remarqué que la marche hantée est un concept qui marche très bien en Ontario, aux États-Unis et en Europe.
Nous voulions trouver une façon d’animer ce secteur de Gatineau avec un parcours hanté, mais en audio, étant donné que nous sommes une boite de production de balados. En faisant ces cinq épisodes de marche fantôme, on voulait pousser ce médium plus loin en créant une série, en créant un folklore autour des histoires de la région.
LR : Pourquoi consacrer une série sur Aylmer en particulier ?
JM : Nous avons fait la série sur des maisons d’Aylmer, car c’est le secteur de Gatineau qui a le mieux préservé son patrimoine bâti. Il y a des maisons qui ont été construites au début des années 1800 qui sont toujours là. Aylmer est capable de bien s’en tirer au niveau du patrimoine, ce qui fait en sorte que les gens ont un sentiment d’appartenance assez fort. Je trouve que c’est un lieu historique important, où les cultures anglophone et francophone cohabitent au quotidien.
LR : Qu’est-ce qui vous amène à exploiter des sujets de l’Outaouais ?
JM : L’objectif de Transistor média est de faire rayonner et vivre la culture en Outaouais. Je sens que c’est important de raconter les histoires qui se passent dans la région et que des gens d’ici travaillent là-dessus. Avec des histoires de la sorte, j’ai l’impression que ça crée un sentiment d’appartenance et que ces histoires là valent d’être racontées et connues au-delà de l’Outaouais.
LR : Trouvez-vous que la baladodiffusion comme plateforme vous permet de raconter des histoires différemment ?
JM : Oui, tout à fait ! Le lien entre la scénarisation et le montage est assez fort. Le montage est une forme d’écriture. Même quand nous faisons du documentaire honnête, il y a beaucoup d’écriture qui se fait à la phase du montage. Pour Hantées, même quand nous faisions du montage, nous utilisions des codes de fictions pour rendre l’histoire plus engageante pour le public. Donc, il y a toujours un travail de montage qui est très recherché.
La baladodiffusion est un médium d’accompagnement et les gens n’y donnent pas de l’attention à 100 % . Ça fait en sorte qu’il faut que nous développions des mécanismes dans le montage qui vont capter les gens et qu’on va pouvoir faire appel à leur attention le plus possible. C’est toujours une considération quand nous faisons le montage.