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Grève de faim au 100 rue Wellington

8 juillet 2019

Crédit visuel: Catherine Gagnon-Jones

Par Alex Benimana

Alors que les habitants d’Ottawa célébraient la fête du Canada le lundi 1er juillet sur la colline du Parlement, Verna Polson, grande cheffe du Conseil tribal de la nation algonquine Anishinabeg, faisait une grève de faim de l’autre côté de la rue. Entamée dès minuit ce jour-là, la grève a pris fin dans l’après-midi du 2 juillet, après qu’un accord ait été conclu avec le gouvernement fédéral.

Les Algonquins écartés du processus

En juin 2017, le premier ministre Justin Trudeau avait annoncé l’établissement d’un nouvel espace pour les peuples autochtones au 100 rue Wellington. L’édifice à cette adresse abritait autrefois l’ambassade des États-Unis et était laissé vacant depuis de nombreuses années. Situé sur les terres ancestrales de la nation algonquine Anishinabeg, le Conseil tribal de cette dernière n’a pourtant pas été inclus dans l’élaboration du projet. Le gouvernement fédéral avait désigné l’Assemblée des premières nations, Inuit Tapiriit Kanatami et le Conseil national métis comme trois bénéficiaires de l’espace.

La position du gouvernement était alors que la nation algonquine était représentée par l’Assemblée des premières nations, malgré les protestations des Algonquins. 

Frankie Cote fait partie du conseil de Kitigan Zibi, une communauté autochtone du Québec. Accompagnant la cheffe Polson devant les caméras de APTN News en juin, il affirmait alors:  «Personne ne nous a jamais demandé si  voulions accueillir ce projet. Nous avons été désignés, et nous ne sommes même pas associés au projet

Une grève de la faim en dernier recours

Si le chef de l’Assemblée des premières nations, Perry Bellegarde, a publiquement soutenu Verna Polson sur les réseaux sociaux, les deux autres organisations, Inuit et Métis, se montraient réticentes à inclure la nation algonquine aux négociations. 

Natan Obed et Clément Chartier, les présidents respectifs des Inuits Tapiriit Kanatami et du Conseil métis, avaient été conviés à une réunion arrangée par Verna Polson. Aucun des deux ne s’est présenté le jour de la réunion, montrant de manière flagrante leur manque de volonté, selon Cote. «C’est enrageant de voir tout ce processus se dérouler et de voir comment nous, les Algonquins, sommes traités sur nos propres terres», a ajouté Polson.

C’est pourquoi le soir du 19 juin, un wigwam, tente traditionnelle, a été érigé au 100 Wellington par la cheffe algonquine pour protester contre l’absence de consultation de sa nation dans le projet. Après plus d’une dizaine de jours d’occupation, c’est le30 juin 2019 qu’elle a annoncé son intention de commencer une grève de la faim et de la soif dès minuit le lendemain, le jour de la fête du Canada.

Un espace dédié à l’extérieur du bâtiment

Verna Polson a été évacuée par ambulance mardi après-midi, après plus de 40 heures sans manger ni boire dans la chaleur du wigwam. Après une rencontre infructueuse avec le premier ministre Trudeau le 1er juillet, elle a finalement conclu un accord. Un espace adjacent au 100 rue Wellington, pour l’instant vide, sera entièrement réservé à la nation algonquine pour ses activités culturelles. 

Bien que l’accord ait mis fin à la grève, il n’est que temporaire pour Polson et Cote.  L’objectif affiché est toujours d’obtenir du gouvernement une position d’égal à égal avec les trois autres organisations concernées dans la transformation de l’espace au 100 Wellington. Peu après sa grève, elle a réaffirmé sa détermination aux micros  d’ATPN News:  «Nous ne pouvons plus être mis de côté maintenant lorsqu’il s’agit de nos terres. [Le gouvernement] doit venir vers les propriétaires légitimes de ces terres, la nation algonquine Anishinabeg».

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