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Par : Tatiana Townsley-contributrice
Actuellement titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la diversité juridique et les peuples autochtones, ainsi que professeur à la Faculté de droit à l’Université d’Ottawa, Ghislain Otis se spécialise dans les cultures juridiques autochtones. Dans le cadre de ces recherches, il vise à faire connaître l’existence de ces cultures et à améliorer la relation entre les systèmes autochtones et étatiques.
« Dans ma tête, il a toujours été très clair que mon destin c’était de revenir ici au Canada et à contribuer à l’avancement des connaissances », explique Otis. Bien qu’il ait obtenu son doctorat en droit à l’Université de Cambridge, son parcours l’a ramené d’abord à Québec, où il était professeur à l’Université Laval pendant 20 ans, puis à Ottawa, où comme titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la diversité juridique et les peuples autochtones, il fait de nombreuses contributions à l’étude du droit autochtone.
Étudier les liens entre deux systèmes juridiques
Comme titulaire de la Chaire de recherche, Otis a pour projet d’approfondir les connaissances sur les systèmes juridiques autochtones. « Ce sont les systèmes juridiques les plus anciens du Canada », rappelle Otis, en expliquant que « pour les raisons qui tiennent à l’histoire, à la colonisation, et au rapport colonial qui a existé entre l’état et les autochtones, on a marginalisé ces traditions juridiques ».
Selon Otis, les efforts de la Chaire sont axés sur la réalisation de trois objectifs principaux : de développer les connaissances sur les systèmes juridiques autochtones, d’examiner l’interaction entre ces deux systèmes, et, finalement, de chercher les solutions et les modèles qui vont permettre d’améliorer cette relation.
Un modèle de recherche juridique novateur
Otis est fondateur du Legitimus, un projet à l’intérieur duquel la Chaire réalise ces trois objectifs. Une structure de recherche comparative en partenariat avec les organisations autochtones internationales qui permet un renouvèlement du modèle typique de la recherche juridique. « Vous avez traditionnellement la recherche en matière autochtone qui reflète les valeurs coloniales », explique Otis. C’est à dire, « les projets de recherches, historiquement, ont été faits sur les communautés autochtones » plutôt qu’en collaboration avec elles.
Dans le cadre de Legitimus, Otis donne la priorité toujours à la valeur de « co-conception », de « co-réalisation », et de « co-valorisation » entre les autochtones et non-autochtones dans ces projets. « Pour les juristes, déjà qu’on travaille dans les communautés et dans les villages, avec des gens qui sont les anciens, qui ont de la sagesse, des connaissances, mais qui n’ont aucune formation universitaire, et qu’on reconnaît que ces gens-là sont des experts dans le droit autochtone, que nous, on ne connait pas… C’est psychologiquement une évolution importante », affirme-t-il.
« Deux ailes pour voler »
Bien que ces initiatives représentent déjà une évolution importante pour les droits autochtones, Otis juge qu’il reste pour le Canada une longue route à parcourir pour atteindre la réconciliation entre ces systèmes et cultures juridiques. Cependant, il croit fortement que la légitimation ne viendra que grâce à la collaboration. « On ne peut pas faire de recherche sur les questions autochtones, avec des peuples autochtones, sans avoir d’égalité ».