Par Camille Ducellier , cheffe du pupitre actualités
Décidément, les Franco-Ontariens n’ont pas eu la vie facile ces derniers temps. Après avoir été diminués par Denise Bombardier à Tout le monde en parle, Doug Ford et son gouvernement rajoutent de l’huile sur le feu. Le nouveau gouvernement conservateur effectue de grandes coupures dans les services en français, soit l’annulation du financement pour l’Université de l’Ontario français ainsi que l’élimination du Commissariat aux services en français.
Les employés ainsi que les enquêtes prises en charge par le Commissariat aux services en français seront transférés au bureau de l’ombudsman de l’Ontario, Paul Dubé. L’Université de l’Ontario français, qui devait accueillir sa première cohorte en 2020, ne recevra simplement aucun financement de la part du gouvernement.
Si l’on se remémore les petites victoires de cette année, le mois de juillet fut très positif pour les francophones de l’Ontario. En effet, c’est le 23 juillet que Caroline Mulroney, la Ministre aux affaires francophones, déclarait : « Nous reconnaissons l’importance de cette nouvelle université pour la communauté francophone de l’Ontario et nous voulons lui accorder l’attention et le soutien qu’elle mérite. Nous souhaitons aussi travailler avec l’université pour que cette dernière puisse se concentrer sur les besoins des étudiantes et étudiants francophones et de la communauté ». Ces paroles de la ministre ont vite rassuré les Franco-Ontariens qui doutaient de leur avenir dans un gouvernement progressiste-conservateur majoritairement anglophone.
Ce n’est pas tout, puisque la ministre de la Formation et des Collèges et Universités, Merrilee Fullerton, renchérit : « Notre gouvernement s’engage pleinement à assurer le succès de l’Université de l’Ontario français […]. L’université sera un lieu d’apprentissage viable et dynamique pour la communauté francophone dans les années à venir ». Ah bon…
Ces promesses qui avaient fait sourire tant de francophones cet été se sont vite transformées en coup de poing au visage lorsque le gouvernement ontarien a fait des coupures dans les services en français à cause de « défis financiers ». Il faut noter que ce ne sont pas uniquement les francophones qui souffrent de ce nouveau programme financier, puisque Ford et son gouvernement ont également fait des coupures au niveau du Commissaire à l’environnement ainsi qu’au niveau de l’Intervenant en faveur des enfants et des jeunes de l’Ontario. Bref, Ford semble gagner le coeur de beaucoup d’Ontariens en suivant ce modèle…
Bien que le mois de juillet fut prometteur, j’ai toujours été sceptique face aux promesses du gouvernement Ford en matière de francophonie. Déjà, lorsqu’aucun chef de parti ne se présente au débat des chefs francophones, ce n’est pas gagné d’avance. Ce ne fut aucunement une surprise lorsque Ford s’est adressé à la province uniquement en anglais dans son discours du trône.
Suite à ces annonces, la réaction de la communauté franco-ontarienne ne tarde pas à éclater. En effet, des dizaines d’associations et regroupements franco-ontariens ont ouvertement dénoncé ces coupures, et appellent à une résistance pacifique.
À l’école primaire francophone en Ontario, on se fait bombarder par le règlement 17 ainsi que par « Montfort, fermé, jamais ! », comme quoi les Franco-Ontariens sont habitués à contrer la répression de la masse majoritaire. Stef Paquette, artiste franco-ontarien, garde espoir : « On est 600 000 francophones. Combien de ces francophones-là vont vraiment réagir, vont vraiment se mobiliser ? J’ai vu que sur les médias sociaux, les gens commencent déjà à considérer ça comme Montfort 2.0. À voir si on va se rendre à ce point là. »