
Frais de scolarité : Sans fracas, l’U d’O vote pour une dixième année de hausse
Par Frédérique Mazerolle
Pour une dixième année consécutive, les étudiants de l’Université d’Ottawa (U d’O) verront leurs droits de scolarité augmenter.
L’annonce de la hausse, de 3% pour les étudiants de premier cycle et de 5% pour les étudiants diplômés, a eu lieu lors d’une réunion du Bureau des gouverneurs (BdG) en mai dernier où était présenté le budget pour l’année 2015-2016. Seuls deux membres, les représentants étudiants du premier cycle ont voté contre la hausse.
Vincent Mousseau et Shahad Khalladi étaient exclus de la réunion du BdG lorsque le budget a été voté. Ils sont les seuls à s’être opposés à la hausse, en votant contre celle-ci. Le troisième représentant étudiant pour les étudiants diplômés, Robert Head, a quant à lui voté en faveur.
Le budget adopté lundi le 25 mai totalise environ 1 milliard de dollars, avec projection d’un déficit de 1,9 M$, alors que les années précédentes l’université était en surplus budgétaire. 35% des revenus de l’UdO proviennent des frais amassés auprès des étudiants canadiens, et avec ceux des étudiants internationaux, ce pourcentage monte à 46%.
La récente hausse n’affectera pas les étudiants de chaque faculté de la même façon, étant donné que le financement se fait par étudiant et par faculté. En effet, les étudiants canadiens au baccalauréat verront leurs frais augmenter d’environ 3 à 5%, alors que les étudiants internationaux non exemptés, qui payent déjà plus que les étudiants canadiens, verront leurs frais augmenter de 10%, avec l’exception de ceux inscrits aux programmes de common law et de science informatique, qui subiront une hausse de 7%.
Seuls les étudiants au doctorat, canadiens comme internationaux, sont exemptés des hausses.
Les étudiants internationaux francophones, quant à eux, du fait d’une politique de l’université instaurée en 2013, paient les mêmes frais que les étudiants canadiens.
Les représentants étudiants en marge
C’est sans surprise, mais pas sans frustration, que les représentants étudiants ont découvert avoir été exclus de cette réunion déterminante, pour une seconde année consécutive. Ceux-ci sont les seuls véritables opposants à la hausse au BdG.
« Je ne crois vraiment pas que c’est faisable d’augmenter les frais encore une fois pour les étudiants étant donné que ceux-ci ont déjà de la difficulté à les rembourser », explique Shahad Khalladi, ajoutant que cette hausse va créer une barrière difficile à soulever pour les étudiants, surtout ceux venant de groupes marginalisés.
L’étudiante en science biomédicale a débuté son mandat au BdG en mai, et a reçu une formation d’une semaine avant le dépôt du budget, afin de vulgariser son contenu. « J’en suis venu à comprendre d’où l’argent venait et où on en manquait » explique-t-elle.
De facto, elle insiste sur le fait que l’Université est une institution publique et que cela étant, 50% des revenus devrait provenir du gouvernement de l’Ontario. Si cette entente n’est pas respectée, l’Université doit aller chercher son financement ailleurs, et donc dans les frais de scolarité, au détriment des étudiants.
La représentante étudiante croit cependant qu’une entente peut être conclue entre les étudiants et l’administration, s’il y a des négociations.
Elle mentionne comme exemple le mouvement des étudiants au Québec, qui selon elle, exprime plus clairement ses demandes et passe à l’action.
« Nous avons l’avantage à l’Université d’Ottawa d’avoir un grand corps étudiant, mais qui est malheureusement majoritairement composé de gens pas forcement conscients des effets que peuvent avoir les hausses des frais », déplore-t-elle. Elle espère que la population étudiante se mobilisera pour sensibiliser l’administration de l’U d’O aux enjeux de la hausse sur leur vie de tous les jours
« Ensuite, c’est vers le gouvernement provincial que nous devons nous tourner. L’administration de l’Université se doit de mettre de la pression pour obtenir un meilleur financement ».
Que fait la Fédération étudiante?
La Rotonde s’est entretenue avec deux membres de comité exécutif de la FÉUO, Roméo Ahimakin, président et vice-président aux services et communications par intérim et Vanessa Dorimain, vice-présidente aux affaires universitaires. Ceux-ci se sont dits déçus, bien que peu surpris de la décision des membres du BdG.
« Les étudiants n’ont pas eu suffisamment de places autour de la table pour exprimer combien le fardeau économique que représente cette décision est grave » explique Roméo. Pour lui il est dommage que les étudiants aient de plus en plus de difficultés à trouver l’argent pour payer leurs frais, ce qui les oblige souvent à travailler ou à faire de demandes de prêts.
Vanessa Dorimain partage ce sentiment de déception, mais espère que la FÉUO sera en mesure de travailler en collaboration avec l’administration pour trouver une meilleure solution pour équilibrer le budget sans avoir à pénaliser les étudiants.
« Notre plus gros travail cette année sera de s’assurer que les étudiants sont informés et au courant des effets de la hausse », explique Vanessa Dorimain.
Elle souligne que la participation des étudiants est primordiale et que selon elle, si les étudiants se mobilisaient, l’administration se verrait obligée d’agir en leur faveur.
« Lorsque nous assistons à des rencontres de la Fédération canadienne des étudiants et des étudiantes, l’exemple de la mobilisation des étudiants au Québec revient toujours », déclare Vanessa. « Je crois que c’est un très bon exemple d’étudiants unis et nous devrions en prendre exemple. »