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Arts et culture

La fougue habite Southam Hall

10 octobre 2017

Arts et culture

Par Clémence Roy-Darisse

Pina Bausch est une chorégraphe allemande décédée en 2009 connue pour sa créativité, l’intensité émotive de ses pièces et son attention au détail. Café Müller, chorégraphie créée en 1965, est inspirée de sa propre expérience durant la Seconde Guerre mondiale alors qu’elle observait sous la table les réalités de ce café. Le spectacle-hommage a habité le Centre national des arts le temps de quelques soirs du 28 au 30 septembre dernier. La Rotonde a eu la chance de figurer parmi les spectateurs de cette exclusivité canadienne.

Place au spectacle

Les lumières s’éteignent et une excitation palpable est présente dans le silence qui habite la salle. Certains s’osent à tousser, d’autres fixent la scène en attendant le premier souffle. Trois murs invisibles encadrent la scène, des chaises sont disposées de manière aléatoire sur la surface de jeu et une porte vitrée tournante se tient côté jardin. Le public devine le Café Müller.

Des corps transcendants d’émotions

L’ensemble de la représentation théâtrale exploite les thèmes de la relation amoureuse. Parmi les danseurs, l’homme à la chemise bleue et la femme en blanc dansent souvent corps à corps; leur amour est pénétrant. Une autre femme semble représenter le fantôme de Pina Bausch elle-même, tandis que la troisième femme vêtue de couleurs représente la vitalité. Certains hommes évoquent le pouvoir viril masculin et d’autres la douceur de l’amour.

L’émotion les transcende, le corps est habité de la tête aux pieds par un rêve irréalisé, un espoir vain. Il est difficile de saisir concrètement ce qu’ils cherchent, mais il est certain qu’ils luttent constamment. Leur confiance et l’impressionnante technique qu’ils possèdent permettent à certains d’entre eux de danser les yeux fermés entre des centaines de chaises éparpillées sur scène.

Tout compte fait, la chorégraphe semble avoir saisi l’essence du théâtre plus que certains metteurs en scène, tant les danseurs font aussi étal de leurs talents de comédiens. Des solos représentant souvent l’état intérieur du personnage animent les danseurs sur fond de jazz suivi de silences. Il est impossible de quitter la scène des yeux: le spectacle demande énormément de concentration du spectateur, particulièrement ceux assis au balcon.

Le Sacre du printemps

Le Sacre du printemps, quant à lui, propose un spectacle beaucoup plus dynamique. Imageant le rite païen précédant l’arrivée du printemps qui consiste à choisir l’élue sacrifiée, le public assiste à des chorégraphies de groupe opposant femmes vulnérables et hommes dominants dansant sur de la terre brune. L’effet est spectaculaire: à une lumière sobre s’additionnent des corps effleurant la terre au sol et une musique orchestrale évoquant la tension du moment. La présence de scène des danseurs coupe le souffle du début à la fin.

Le spectacle, qui était présenté en exclusivité canadienne à Ottawa, semble en avoir touché plus d’un. L’appréciation est discutable, mais une chose est sûre, c’est que personne n’est resté indifférent.

Lorsque des danseurs luttent de tout leur corps pour l’amour ou pour la vie, il est impossible de ne pas s’y reconnaître et d’embarquer dans leur combat.

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