
Forum sur la culture du consentement : Un témoignage poignant contre la violence sexuelle
Boni Guy-Roland Kadio
Le Forum sur la culture du consentement, organisé par les campagnes de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), aura été un lieu d’émoi et de confidences le 10 mars dernier. En l’honneur de cet évènement, Staceyann Chin, poète et militante LGBTQ+, était de la partie pour parler des droits reproductifs et de la violence sexuelle. Retour sur l’évènement qui constate d’une réalité sur le campus.
Dans un auditorium rempli, le Forum a été lancé avec la lecture d’un poème d’une des participantes. Vanessa Dorimain, vice-présidente aux affaires universitaires de la FÉUO, a par la suite lu le discours d’ouverture. Elle a décidé de rendre « hommage aux populations indigènes dont la terre a été occupée » et de restaurer le respect des populations indigènes en démantelant le colonialisme. Dorimain, en tant que mère, voudrait savoir que sa future fille, dans le cas échéant, « se sente en sécurité et respectée ». C’est sous de fortes acclamations que l’oratrice principale, Staceyann Chin, a pris la parole pour faire état de son expérience personnelle et de son combat.
Fruit et victime d’agression sexuelle
Malgré les versions contradictoires, elle dit donner foi au témoignage de sa mère, qui lui a relaté qu’elle est le fruit d’une violence sexuelle et d’une relation non consentante : « Un incident dans une voiture. » Puis, elle a subi l’abandon de sa mère, devant ainsi vivre avec sa grande-tante, où elle a connu humiliation et intimidation, et a été victime d’attouchements sexuels lorsqu’elle avait seulement 9 ans, devant l’indifférence de sa famille.
Ces évènements ont engendré en elle une grande peur : « La peur d’être enceinte sans père », confesse-t-elle. Toutefois, c’est cette peur qui l’aura motivée à faire des études postsecondaires. Par ailleurs, c’est à cette époque qu’elle a découvert une attraction pour les femmes, malgré la culture jamaïcaine « oppressive » contre le lesbianisme.
Elle dit avoir fait l’objet de railleries et d’agressions en raison de sa sexualité. Pour échapper à cette atmosphère délétère, elle a décidé d’aller vivre à New York, une ville plus « ouverte ». Était-elle féministe ou humaniste? Homosexuelle ou noire? Elle était déchirée entre toutes ces identités lorsqu’elle s’est nouvellement installée dans la grosse pomme.
Quels enseignements tirés?
Forte de son expérience personnelle et de celle en compagnie de sa fille, elle dit que « le consentement est exempt de pression et d’insistance », c’est cette exigence qu’elle applique même avec sa fille, où « personne ne peut la toucher sans sa permission, pour qu’elle sache que c’est mauvais et qu’elle ne soit point confuse. »
Elle a pris l’exemple de la « résilience des enfants » pour expliquer comment surmonter la réalité de la violence sexuelle. Pour elle, « on ne doit pas survivre, mais s’épanouir, rire ». C’est la meilleure revanche que les femmes agressées sexuellement peuvent prendre sur leurs agresseurs. C’est dans ce style décontracté, jovial, et sans tabous qu’elle s’est adressée au public qui l’écoutait avec attention.
Elle a terminé son discours avec ces mots : « Toute ma vie, j’étais radicale, faisant de cela toute ma vie. »