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Par Pascal Vachon – Journaliste
Avec 17 patineurs qui ne reviendront pas l’an prochain, c’est la fin d’un véritable cycle pour le gris et grenat, suite de l’annulation des championnats nationaux pour la situation du COVID-19. La Rotonde vous dresse un portrait de ces quatre dernières saisons, depuis le retour du programme de hockey, en 2016.
La dernière fois que ce groupe de joueurs a joué aura été lors de finale de la Coupe Queen’s, où ils se sont inclinés en triple prolongation. La troupe ottavienne n’aura, en effet, pas été en mesure de disputer une seule rencontre face aux meilleures équipes du pays, aux championnats nationaux prévus à Halifax, au début du mois de mars 2020.
Se lancer dans l’inconnu
Pour cette cohorte de joueurs, cette présence en finale semblait inconcevable, lors du premier camp d’entraînement. « Je ne l’aurais jamais cru si l’on m’avait dit, il y a quatre ans, que l’on aurait une fiche gagnante à notre première année, seulement quatre défaites l’an dernier et qu’on était à un but de gagner la Coupe Queen’s. Ça démontre tous les efforts qui ont été fait dans ce programme », affirme le défenseur de quatrième année, Michael Poirier.
Ce dernier s’est amené à Ottawa, en 2016, en compagnie de Mathieu Newcomb et Cody Drover, également joueurs pour le gris et grenat. Ce trio a débuté, ensemble, à Moncton, dans le junior A.
Si aujourd’hui les athlètes visitent plusieurs universités avant de prendre une décision, ce trio n’a jamais rencontré en personne leur entraîneur, Patrick Grandmaître, ou effectué une seule visite dans la capitale fédérale avant de s’embarquer dans l’équipe de l’Université d’Ottawa (U d’O).
« On s’était dit pourquoi pas, c’est la capitale nationale et dans une université très connue. […] On a mis notre confiance en Pat et en regardant en arrière, on n’a aucun regret », ajoute Poirier.
Les membres de la cohorte de 2016 partagent une expérience de recrutement similaire. « Il n’avait pas une équipe derrière lui pour recruter ces joueurs. 95 % des recrutements [de la première année] venaient directement de lui », précise l’entraîneur adjoint, Brent Sullivan.
Boudés par certains
Dans une ligue qui comporte majoritairement des patineurs en provenance de la Ligue canadienne de hockey (LCH), Grandmaître s’est tourné vers ceux des calibres plus inférieurs du pays afin de bâtir son équipe.
« On avait tellement de joueurs du junior A », partage l’attaquant Cody Drover. « Au niveau de la confiance, c’était majeur, car ça me disait que tout le monde avait un parcours similaire au mien », ajoute-t-il.
Si Grandmaître a été dans cette direction, ce n’était pas à défaut d’avoir tenté le recrutement chez les hockeyeurs élites. « J’envoyais des textos ou je parlais aux téléphones avec certain.e.s, mais ce n’était pas rare, qu’après quelques jours d’appels et de textos, les joueurs me répondaient moins et même des fois ne me répondaient juste plus », décrit Grandmaître. L’un de ces échanges par messages textes a eu lieu avec, Kevin Domingue, aujourd’hui le meilleur marqueur de l’histoire du programme de hockey, avec 71 buts.
« On était à la fin juin, juillet 2016 », explique Domingue. « Pat m’avait appelé et m’avait dit : j’ai une dernière place à l’attaque de disponible, mais je ne peux pas rien te garantir. Il m’avait recruté en tant que centre, mais il m’avait dit qu’il avait déjà ces quatre centres alors je devais me battre pour avoir ma place. […] Quand tu regardes aujourd’hui, c’est une fierté pour moi », poursuit celui qui avait pensé à lâcher le hockey un an avant son arrivée à Ottawa.
2016-2017 : la surprise
Le tout se sera véritablement mis en place lors de la première année. Contre toute attente, le gris et grenat a terminé cette saison avec une fiche de 15-8-5.
La troupe d’Ottawa s’est ainsi qualifiée pour les séries et a également conclut dans le premier tiers de la ligue, à la suite d’un début de saison de 1-7.
« Je me souviens qu’après une victoire contre Trois-Rivières, je suis revenu le premier dans la chambre et les gars m’ont regardé en disant : on n’est pas supposé gagner, on est tous des gars du junior A. On a ensuite gagné tout le reste de l’année et on a failli battre [l’Université de] Guelph en séries », se remémore le pilote du gris et grenat.
Victoires après victoires
Des campagnes de 15, 16, 22 et 17 victoires auront permis de recruter des hockeyeurs provenant de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) et d’autres circuits canadiens de haut niveau. Nicolas Mattinen, un ancien espoir des Maple Leafs de Toronto, Yvan Mongo, Daniel Hardie et Dominic Cormier, originaire de la LHJMQ, ont tous joint l’équipe en 2018 et en 2019.
« J’ai rencontré Patrick au début de la saison l’an passé et à partir de là, je savais que c’est là [où] je voulais aller. Il était honnête avec moi, et ce depuis le premier jour. Je savais que le programme venait de commencer, mais j’avais vu ce qu’il avait fait dans les premières trois années », relate Cormier.
Depuis le jour un, Grandmaître et Sullivan ont priorisé les joueurs ayant une bonne éthique de travail. « J’ai vraiment aimé ce qu’ils dégageaient comme personne et leur attitude par rapport au hockey. Ils parlaient souvent de vouloir amener le programme à un autre niveau, que ce soit sur ou en dehors de la glace. Il cherchait de bons joueurs de hockey, mais surtout des bons individus et c’est quelque chose qui est venu me chercher dans leur approche », souligne Mongo.
La suite ?
« C’est sur que je suis fier de voir ce qui s’est passé dans les quatre dernières années. De voir que dans 10 ans, dans les tournois de golf ou lors des galas, je vais pouvoir voir ces joueurs-là avec leurs familles […]. Ces gars-là vont avoir jeté une base sur le programme, ils ont redonné une fierté à ce programme-là », déclare l’entraîneur chef.
Grandmaître voit la prochaine année avec confiance. Il avoue toutefois être un peu nostalgique de se défaire de ce groupe qu’il a construit et vu grandir.