Par Maeve Burbridge, journaliste
Entre rumeurs, accusations et une abondance de communiqués de presse, ce fut une année mouvementée pour la politique étudiante à l’Université d’Ottawa (U d’O). La fin du drame s’annonce en 2019 grâce à un référendum pour choisir un nouveau syndicat, la continuité garantie des services de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa ainsi que la mise en place de mesures anti-fraude pour le syndicat qui prendra la relève.
Période animée en politique
Cette année scolaire a été marquée par une politique étudiante tumultueuse et bouillonnante d’allégations et de dénis musclés. Soupçonnés d’avoir dépensé des fonds provenant des cotisations étudiantes à des fins personnelles, trois membres de l’exécutif de la FÉUO ont fait l’objet d’une enquête. En raison d’allégations de fraude portées contre eux, tous les membres concernés ont démissionné. En réponse aux allégations, l’administration de l’Université a exigé qu’une tierce partie effectue une vérification financière du syndicat.
À la suite de la publication du rapport de la firme ayant réalisé la vérification financière, l’Université a jugé que la FÉUO n’a pas réussi à suffisamment éclairer ses états financiers. Dans un communiqué de presse datant du 8 novembre 2018, l’Université a soutenu que « cette vérification n’a pas permis de rétablir la confiance de l’Université en la capacité de la Fédération à adhérer à de saines pratiques de gestion financière ».
Insatisfaite de la portée limitée de l’enquête, l’Université a annoncé l’annulation du contrat faisant de la FÉUO le syndicat étudiant officiel des étudiant.e.s de premier cycle, en vigueur dès le 4 décembre 2018. L’annulation du contrat a suscité une certaine inquiétude par rapport au maintien des services fournis par l’ex-syndicat étudiant, puisque bon nombre d’étudiant.e.s dépendent de ses services, alors que d’autres sont employés par la Fédération et risquent de perdre leur emploi si la FÉUO cesse d’exister.
Pour calmer ces inquiétudes, l’Université et la FÉUO ont négocié un contrat provisoire qui stipule que la Fédération devra continuer à fournir ses services aux étudiants jusqu’au 30 avril, donc la fin de cette année scolaire. Le maintien des services de la FÉUO n’implique pas sa reconnaissance en tant que représentante des étudiant.e.s de premier cycle, ce que l’Université précise par voie de communiqué datant du 14 décembre 2018 : « À compter du 24 décembre 2018, la FÉUO ne sera plus l’association représentant exclusivement les étudiants et étudiantes de premier cycle. L’entente provisoire sur la prestation de services ne constitue pas une réhabilitation de la FÉUO ». Essentiellement, la Fédération gardera sa fonction jusqu’à la fin de cette année scolaire, mais perdra son titre.
Passez au vote !
Pour décider qui représentera dorénavant les étudiant.e.s auprès de l’administration, l’Université tiendra un référendum le 11 février, dont la question sera annoncée le 17 janvier prochain. Les étudiant.e.s pourront alors s’exprimer auprès de l’administration quant à quelle organisation ils jugent représenteront le mieux leurs intérêts. Le vote se fera de manière électronique « pour favoriser le maximum de participation de la part des étudiants », explique Lucie Allaire, cheffe référendaire. Selon Francesco MacAllister-Caruso et Mick Vattiata du SÉUO, il semblerait que la FÉUO et le SÉUO (le Syndicat des étudiants de l’Université d’Ottawa) soient les seuls candidats sérieux.
« On a entendu parler d’un autre syndicat, mais il ne semble pas avoir de constitution, il n’a pas fait de consultations avec l’Université et il ne semble pas avoir de plateforme bien définie », explique MacAllister-Caruso. Quant à Paige Booth, présidente par intérim de la Fédération étudiante, celle-ci confirme l’existence de plusieurs regroupements mis à part le SÉUO et la FÉUO, et est d’avis que ces regroupements sont des candidats sérieux au même titre que la FÉUO et le SÉUO. La Rotonde n’a toutefois pas été en mesure de contacter les autres syndicats concurrents. La liste officielle des candidats sera diffusée par l’Université le 17 janvier. Il y aura aussi des assemblées générales pour présenter les candidats et leurs plateformes les 4 et 5 février, au campus Roger Guindon et au campus principal.
Fin novembre, le SÉUO et la FÉUO ont avoué avoir certains doutes par rapport à l’organisation et la mise en oeuvre du référendum de la part de l’Université. Les syndicats concurrents ont eu l’impression que l’Université n’entendait pas réellement aller de l’avant avec le référendum, mais que finalement elle se trouvait contrainte de le faire, ne sachant pas trop comment s’y prendre. Booth a confirmé qu’elle trouvait que la décision de faire un référendum a été prise pour faire bien paraître l’Université, qualifiant le tout de « PR stunt », simple manoeuvre de relations publiques de la part de l’administration.
Depuis, les syndicats étudiants concurrents ont exprimé plus d’optimisme par rapport à l’organisation du référendum. Les représentants du SÉUO se prononcent de nouveau à ce sujet. « Je suis content qu’on sache la date du référendum finalement. On sait maintenant comment avancer avec notre campagne, mais j’ai l’impression que les choses sont encore un petit peu vagues », explique Vattiata. MacAllister-Caruso ajoute que le SÉUO est très content du choix de la cheffe référendaire, Lucie Allaire, qui est l’ancienne ombudspersonne de l’Université d’Ottawa. Booth abonde en ce sens, la qualifiant de « très organisée et compétente ».
Avancer d’un pas optimiste
Que ce soit la FÉUO, le SÉUO, ou un tout nouveau syndicat qui l’emporte lors du référendum, de nouveaux règlements concernant la transparence et la santé financière du syndicat seront désormais mis en vigueur. Lorsque l’Université a prescrit une enquête financière à la FÉUO menée par une tierce partie, la firme PricewaterhouseCoopers LLP responsable de l’enquête a rédigé une liste de recommandations pour assurer la netteté des affaires économiques du syndicat. Ces recommandations englobent l’instauration d’une politique officielle pour prévenir et empêcher les conflits d’intérêts ainsi que l’adoption d’une politique officielle par rapport à la procuration de biens et services pour les événements organisés par le syndicat. Le manque de politiques officielles à ces sujets a été au cœur des allégations portées contre la FÉUO en août, puisque les doutes tournaient autour de l’embauche de commerces avec lesquels des membres de l’exécutif entretenaient un lien personnel. Des biens et services pour des événements organisés par la Fédération avaient été commandés à ces commerces en question, créant ainsi un conflit d’intérêt.
En matière de prévention de fraude, le syndicat étudiant qui représentera les étudiant.e.s de premier cycle de l’U d’O devra embaucher un vice-président des finances ayant un certain niveau de compétences vérifiées en comptabilité. Un exercice d’analyse des états financiers du syndicat sera de rigueur pour repérer et étouffer tout risque de fraude.