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Arts et culture

Festival du film d’animation : L’imaginaire à l’honneur

23 septembre 2013

– Par Paola Boué –

Le Festival international du film d’animation d’Ottawa se tenaitdu 18 au 22 septembre, proposant aux spectateurs de tout âge de plonger dans le monde de l’animation avec des compétitions en tous genres, des ateliers, des conférences, etc.

 

Plein les yeux

C’est lors des compétitions entre courts-métrages que les spectateurs sont littéralement subjugués par des univers hétéroclites et souvent décalés, ballotés entre les imaginaires des continents américain, européen et asiatique. Les réalisateurs nous ouvrent les portes d’un nouveau monde, où tout devient possible, où envers et endroit, saugrenu, étrange et illogique n’existent plus. L’assistance adopte alors parfois un air plutôt dubitatif, qui se trouve à être, dans certains cas, précisément le résultat escompté. « Le but n’était pas de faire un film forcément clair, » nous explique le réalisateur français Jérémy Clapin, venu présenter son nouveau court-métrage Palmipédarium, « mais je voulais évoquer quelque chose qui venait de l’enfance, des sentiments liés à cet âge-là ». Il pousse même plus loin la confusion, avec un néologisme en guise de titre : « Palmipédarium est un mot inventé. C’est quelque chose d’assez complexe, et c’est un peu ce qui se passe dans le film. […] C’est comme un aquarium, un endroit où on met plein d’espèces de poissons complètement différentes et on recrée un monde. Palmipédarium c’est pareil, c’est un endroit où on met plein de canards d’espèces différentes. Ça peut être le jouet, le volatile, celui qui est mort, l’espèce de pancarte en forme de canard qui sert à attirer les autres canards pour les faire venir et leur tirer dessus ». C’est donc au moyen d’une mise en abîme que Jérémy Clapin parvient à faire rêver ses spectateurs, en imaginant un monde qui en recrée un lui-même.

En découvrant les films, on ne peut s’empêcher de se questionner sur  ce qui les a inspirés. Michelle Kranot, la réalisatrice de Hollow Land – Terre d’écueil, mettant en scène un couple immigrant dans un nouveau pays pour y fonder une famille, nous éclaire : « Tout d’abord, nous nous inspirons de notre propre histoire, des histoires de notre famille. En effet, mes parents étaient issus d’un pays différent de celui où je suis née, et leurs parents eux-mêmes venaient d’un pays différent de celui où leurs enfants sont nés ». De même, Jérémy Clapin nous permet, à travers son film, d’apercevoir une partie de sa propre enfance, avec un hommage à Duffy Duck : « C’est un personnage qui m’a étrangement marqué. J’en faisais des cauchemars.. Je trouvais très bizarre le fait qu’il puisse continuer à vivre quand il perdait son bec ».

Par ailleurs, dans le but de mettre en valeur l’aspect visuel, beaucoup de réalisateurs font le choix de films muets, comme Michelle Kranot ou Jérémy Clapin. « L’absence de dialogue provoque une tension [par le silence], juste en non-dit, où on n’appuie pas les choses, où tout est raconté visuellement. Je voulais que l’on prenne un peu de distance par rapport à la réalité, puisqu’ils n’agissent pas vraiment comme de vrais personnages. On est dans un environnement qui est assez éloigné de la réalité» explique M. Clapin

 

La rencontre de deux mondes

De plus, le Festival international du film d’animation d’Ottawa a rendu possible la rencontre entre l’imaginaire et le réel, en donnant aux intéressés accès aux dessous de l’animation, avec entre autres des ateliers et des entrevues avec les réalisateurs. Ainsi, sont présentées et expliquées certaines techniques lors des ateliers « Toon Boom ». Le spectateur assiste alors avec des yeux éblouis aux étapes nécessaires pour donner vie à des personnages qui ne sont à l’origine que quelques traits sur un papier. La recherche perpétuelle d’une nouvelle esthétique marque donc une étape cruciale dans l’élaboration d’un film d’animation, en ce sens qu’elle va rendre possible l’adhésion à l’imaginaire de l’artiste. Mais cela prend du temps, comme l’explique le réalisateur japonais, Koji Yamamura,  dont l’œuvre, Kojiki Hyuga hen a nécessité « un an pour réaliser les 12 minutes du film ».

La grande variété de styles possibles est par ailleurs notable dans le court-métrage de Michelle et d’Uri Kranot « La majeure partie du film est une animation image par image […] et il est composé numériquement avec une peinture et des décors faits à la main. Il y a également une séquence qui est en animation 2D traditionnelle, avec papier et crayon » affirme Mme Kranot.

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