Inscrire un terme

Retour
Arts et culture

Festival DiverCiné | Critique de film : Meurtre à Pacot, de Raoul Peck

– Par Clémence Labasse –

Nous sommes le lendemain du tremblement de terre en Haïti de 2010. La poussière vient de retomber, les murs tremblent encore, mais la tourmente des esprits ne fait que commencer. À Pacot, quartier prospère de Port-au-Prince, un couple (Alex Descat et la chanteuse-actrice Ayo) se trouve contraint de louer ce qui reste d’habitable de leur maison, une villa qui à chaque secousse manque de s’effondrer un peu plus. Alex (Thibault Vinçon), un travailleur de l’aide humanitaire étrangère, emménage et avec lui sa petite amie haïtienne Andrémise (Lovely Kermonde Fifi), une jeune femme sexy et entreprenante, mais aussi dérangeante. Le principe semble simple : quatre personnages et un meurtre à la fin.
Après un documentaire sur la catastrophe en 2012, Assistance mortelle, Raoul Peck file dans cette fiction complémentaire, métaphore d’une force déroutante. Ce huis clos complexe, qui se déroule sur huit jours, a de faux airs de pièce de théâtre, où les quelques personnages principaux sont enfermés dans les décombres de leur propre maison et où la volonté de vivre se confronte au désespoir et même à la présence ambiante de la mort. Lentement, l’atmosphère se construit, les tempéraments s’échauffent, la tension sexuelle grandit, les cultures s’entrechoquent et l’étau se resserre sur les personnages. Raoul Peck, avec une précision de maître, aborde les thèmes de conflit de classes, de responsabilité et de justice, dans un monde où il semble que les pendules se soient arrêtées. Le film qui dépeint une société dont les fondations s’effritent et qui pourtant peine à se remettre en question. Comme le dit l’Homme : « Nous étions des bêtes avant et nous sommes des bêtes après ».

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire