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Arts et culture

Festival de jazz d’hiver : Une première moitié enivrante et bien réussie

9 février 2015

– Par Alexandre Millaire –

Des talents locaux, nationaux et internationaux se sont partagé la scène à l’Église unie Dominion-Chalmers et à la quatrième Salle du CNA.

Les Ottaviens ont pu se réchauffer l’âme le weekend avec la quatrième édition du Festival de jazz d’hiver dans les confins de la quatrième Salle du CNA et l’atmosphère éthérée de l’Église unie Dominion-Chalmers. Ceux qui ont affronté les bourrasques de neige ont eu droit à d’excellents concerts avec une plus grande variété de styles à l’offre que les années précédentes. Citant un manque de temps dans un seul weekend, le comité du festival a divisé les prestations en deux moitiés, dont la suite est anticipée avec grande trépidation du 13 au 15 février. « Les deux weekends sont très différents », raconte Petr Cancura, directeur de programmation, « celui-ci est beaucoup plus orienté sur le jazz, […] et le deuxième weekend, quoiqu’il y a du jazz, nous avons aussi l’hommage à Leonard Cohen, c’est plus auteur-compositeur-interprète, c’est plus vaste ».

Le festival a commencé en douceur avec le folk infusé de rythmes africains et d’influences country de Megan Jerome, une chanteuse munie d’une voix honnête et d’une vulnérabilité saisissante. Le quintet de Nancy Walker a ramené la première soirée plus proprement dans la sphère du jazz, avec des compositions costaudes mettant en valeur les forces de ses musiciens. Charlie Hunter, artiste unique en son genre maniant une guitare-basse hybride, a volé la vedette avec sa formation en trio dans un concert qui vivait dans le cœur du groove. Ses arrangements complexes, où les rôles de basse, d’accompagnement et de mélodie sont maniés simultanément, rappellent les techniques pionnières de Les Claypool, avec qui Hunter a d’ailleurs collaboré. Ses doigts dansant le long du manche, son hochement de la tête perpétuel et son regard à la fois concentré et quasiment désapprobateur, était un plaisir à la fois auditif et visuel pour le public.

Le samedi, un nouveau projet conçu par les organisateurs du festival, où les artistes se poussent à offrir une prestation hors de l’ordinaire, a été réalisé avec le groupe de local FET.NAT, accompagné de chorale. Comme le décris Cancura, « c’est un projet spécial, on a sollicité des idées de performance du public, on leur a guaranti une redevance, du soutien au markéting, et ceci (FET.NAT) était la soumission la plus forte qu’on a eue cette année. On a eu beaucoup d’applications, il y avait un montant surprenant d’intérêt dans le concept ». Leur performance, mélange que l’on pourrait difficilement décrire de post-rock avec une forte touche de théâtre avant-garde, proposait le rajout d’une dizaine de chanteurs entassés sur la petite scène de la quatrième Salle. Dirigée par Philippe Charbonneau, la chorale bruitait, criait et chantait en accompagnement et en contre-jeu avec la guitare, le saxophone et la batterie tantôt erratiques, tantôt parfaitement synchronisés.

La glace ayant été bien brisée, le trio de Jean-Michel Pilc a proposé un jazz aventureux et raconteur. Un Parisien résidant à New York, Pilc a offert une musique rappelant à la fois le mouvement impressioniste de son pays natal et le jazz quartal et free de son pays d’adoption. S’est ensui le Matt Wilson Quartet, qui apporte avec lui une véritable panoplie de cymbales et d’instruments de percussion des quatre coins du globe. Comme l’énonce si bien Wilson, le groupe met toujours de l’avant la philosphie de « faire disparaître la fosse autour de l’estrade ». Celui-ci communique aisément avec la foule et laisse même ses fans essayer ses instruments après le concert. Oliver Mtudzuki and the Black Spirits a clôturé cette première fin de semaine avec le premier concert au Dominion-Chalmers du festival le dimanche. Dans leur première performance à Ottawa en cinq ans, la formation zimbabwéenne a su ensolleillé assombrie la salle avec ses chansons folkloriques et mouvementées, la grande spiritualité du groupe transperçant à tous moments.

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