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#FemmesEnPolitique : « Il n’y a pas de meilleur endroit qu’ici pour en parler » – Wynne

– Par Clémence Labasse –

C’est accompagnée par la clameur d’une salle comble d’étudiants que Kathleen Wynne est arrivée à l’Université d’Ottawa (U d’O) jeudi dernier. La première ministre de l’Ontario a réaffirmé sa détermination de faire avancer concrètement la cause des femmes durant son mandat.

L’allocution clôturait un après-midi de discussions dédiées à l’enjeu des femmes et de la politique orchestrée par le mouvement jeVote. Colloque, table ronde et finalement allocution, à quelques jours de la Journée internationale de la femme, la Faculté des sciences sociales a proposé une réflexion sur la place des femmes en politique. De la salle de conférence intime à l’allocution grand public, l’événement aura mobilisé les foules. Retour sur une journée de discussions.

Mettre en place des stratégies d’action

« Pourquoi est-ce important de parler de femmes en politique? Parce que la sphère politique est, dans sa nature même, le lieu où la société prend des décisions collectives et imagine et construit son futur? » C’est par ces mots que Caroline Andrew, professeure émérite qui présidait le premier colloque, a inauguré la journée.

Dans les institutions gouvernementales, lieux où se manifeste plus conventionnellement la politique, les femmes restent largement sous-représentées. Nancy Peckford du mouvement Voix Égale a, en début de journée, tenu à rappeler quelques statistiques clés. « Il n’y a que 25 % de femmes dans la chambre des communes », a-t-elle souligné. Aux paliers provincial et municipal, on retrouverait plus ou moins ces mêmes proportions.

L’importance et l’influence des mouvements populaires, la réforme du processus de nomination, le leadership des femmes autochtones, ainsi que le comportement des médias et de l’électorat sont autant de sujets qui ont été explorés au cours de cette table ronde.

Les intervenants du premier panel, universitaires et praticiens, en plus de se pencher sur les causes du problème, ont mis la priorité sur l’action. « Il faut transformer les défis en opportunités », a d’ailleurs déclaré l’avocate Nancy Peckford.

La politique de l’intérieur

Travaillant souvent dans les coulisses, trois femmes en sont sorties pour parler de leurs expériences dans le monde de la politique et des défis qu’il reste à relever. Trois femmes élues, trois femmes chef de cabinet, trois femmes diplômées de l’U d’O. Interrogées par la rédactrice de Maclean’s, Anne Kingston, Katie Telford et Michele Austin ont ainsi souligné les difficultés des femmes à s’imposer en politique dans le climat actuel et les incohérences des attentes à leur égard.

L’environnement dans lequel évoluent les femmes, notamment dans l’arène politique, est hostile et valorise les traits masculins aux dépens des autres, selon Katie Telford, du Parti libéral. « On nous demande de penser comme un homme, d’agir comme un homme, d’être comme un homme, mais dès lors que l’on s’y applique, la femme perd sa féminité et cela lui est reproché », a-t-elle remarqué.

Il existe de nombreuses femmes compétentes qu’il faut pousser à aller de l’avant. Cependant, il faut penser autrement. « Nous devons arrêter de penser les femmes candidates comme des femmes candidates, mais seulement des candidates », a souligné Michele Austin de Summa Strategies. « Les femmes peuvent gagner des élections, elles peuvent être des gagnantes ».

Anne McGrath, directrice nationale du Nouveau Parti démocratique, a d’ailleurs tenu à faire remarquer que jamais de sa carrière elle n’avait entendu d’homme douter de ses capacités à concourir pour une nomination.

Qui sont les mères de la Confédération?

Dans son intervention très attendue, la première ministre de l’Ontario a soutenu que la société doit encourager les femmes à prendre les devants. Elle a témoigné avec franchise de son propre chemin, un chemin qu’elle décrit comme parsemé d’embuches.

« Il y a eu des barrières parce que je suis une femme. Des barrières parce que je suis une lesbienne. Et comme le faisait remarquer l’un de mes voisins surpris de me savoir première ministre, des barrières parce que j’étais une mère. Il m’a dit “C’est incroyable que vous y soyez arrivée. Vous n’êtes qu’une mère.” ». Pourtant, ajoute-t-elle, rien ne l’avait mieux préparée à sa tâche qu’être mère.

Trop souvent, on mesure le succès et l’influence des femmes par leur nombre au sein des organes de pouvoir politiques ou économiques, mais il ne faut pas pour autant minimiser le rôle des mères dans ces cercles de pouvoir, insiste la première ministre.

Projetant à l’écran la photo des « Pères de la Confédération », elle a ironisé « où sont donc les mères de la Fédération? »

Ultimement, « il ne s’agit pas de rechercher l’égalité pour l’amour de l’égalité », a précisé la première ministre en français. « Nous devons bâtir une société plus égalitaire pour tout le monde ».

jeVote : une entreprise étudiante

Troisième édition de jeVote, une initiative qui est majoritairement dirigée par les étudiants, l’événement aura réuni quelques centaines d’étudiants, hommes comme femmes. Très commentées sur Twitter et sur les autres réseaux sociaux, ces conférences en auront touché un très grand nombre.

« Pour moi la première ministre a touché des points très pertinents. Selon moi il est clair que les femmes doivent prendre plus de place dans l’arène politique », assure Rami Marsit, étudiant de troisième année en sciences de la santé. Philipe Lavoie, étudiant de deuxième année en études internationales et langues modernes, abonde dans le même sens : « Dans la société canadienne, l’idée qu’une femme ne peut pas concilier avoir des enfants et avoir une carrière est encore forte ».

Sara Minaeiea, étudiante, organisatrice et coordinatrice des bénévoles pour jeVote, est ravie du déroulement de la journée. « Voir tellement d’étudiants, hommes comme femmes, avec leur carrière devant eux, s’intéresser aux dynamiques des femmes en politique et essayer de comprendre les dynamiques en jeu auprès de personnalités impliquées dans ce monde, de la première ministre de l’Ontario elle-même, me rend particulièrement enthousiaste », confie-t-elle.

Avec l’approche des élections fédérales, d’autres événements du même acabit vont être tenus. « Nous ne pouvons donner plus de détails, parce que nous n’en sommes nous-mêmes pas sûrs », a plaisanté Minaelea. « Mais ce n’est certainement pas la fin ».

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