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La Fédération se prononce enfin sur les événements des derniers mois

12 novembre 2018

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Par : Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

Depuis que les allégations de mauvaise gestion financière ont été rendues publiques, la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) est restée discrète. Au cours des dernières semaines, le syndicat étudiant a changé son fusil d’épaule pour faire de la transparence une de ses priorités. La Rotonde s’est assise avec Paige Booth, présidente par intérim de la FÉUO, pour discuter de la Fédération, ses défis et son futur.

La Rotonde : Pourquoi est-ce qu’il a fallu autant de temps avant que l’on puisse faire cette entrevue ?

Paige Booth : Je pense qu’on ne savait pas comment gérer la situation avec les allégations. On a changé notre stratégie de communication ; c’est important d’être transparent et de communiquer avec les étudiants. On n’avait pas les meilleures stratégies avant. On l’a réalisé et on sait maintenant qu’il faut toujours communiquer et être transparent. On a fait beaucoup de changements au sein de la gouvernance et on va continuer à être plus progressif, ouvert, transparent et démocratique.

LR : Pourquoi, selon toi, vos approches n’étaient pas les meilleures ?

PB : Je ne suis pas certaine. C’était peut-être à cause des relations publiques et le fait que c’était beaucoup de choses négatives. On pensait que ce n’était peut-être pas une bonne idée de parler avec certaines personnes, certains médias. Désormais on sait qu’il faut communiquer avec ces gens si on veut que tout le monde soit au courant. Il faut commencer à ouvrir les portes.

LR : Pourquoi est-ce que c’est maintenant que vous réalisez l’importance de la transparence ?

PB : Ce n’est pas un secret qu’en ce moment nous n’avons pas la confiance des étudiants. Ces changements sont alors nécessaires si on veut que la FÉUO continue d’exister, tout comme pour protéger ses services. Pour ce faire, il faut que la gouvernance soit plus progressive et plus transparente et c’est pourquoi on a fait autant de changements et qu’on va continuer à en faire.

LR : Pourquoi la FÉUO n’a-t-elle pas répondu aux allégations, et il fallu que l’Université réagisse avant ?

PB : Je pense que certaines personnes voulaient compléter l’enquête pour prouver que les allégations ne sont pas ce que tout le monde pense. On a aussi essayé de faire beaucoup de choses avec le Conseil d’administration (CA). Clairement ce n’était pas la bonne stratégie. On essaie maintenant d’envoyer nos communications avant que l’Université envoie les siennes. Il faut de meilleures relations avec les étudiants afin de travailler pour eux contre des institutions qui travaillent contre leurs intérêts.

LR : Que réponds-tu aux gens qui accusent le CA d’être biaisé ?

PB : [Il est] vraiment divisé et c’est pourquoi on a fait beaucoup de changements structurels au sein de la gouvernance. Les membres du conseil qui sont des représentants de leur faculté ne peuvent plus se présenter aux élections avec des membres de l’exécutif sous forme de parti. Les présidents des corps fédérés vont aussi siéger sur le CA. Tous ces changements devraient éviter que le CA soit aussi divisé dans le futur. Ce serait vraiment une bonne chose si on était davantage sur la même page afin d’améliorer la FÉUO et pour avoir de bonnes démarches représentant tous les étudiants sur le campus.

LR : Beaucoup de personnes ont accusé la FÉUO de supprimer leurs commentaires sur Facebook. Est-ce que c’était le cas ?

PB : C’était le cas, oui. On a changé nos stratégies de communication et maintenant on interagit avec les étudiants sans supprimer de commentaires. Je ne sais pas qui en particulier les supprimait parce que c’est un département de marketing qui gère les médias sociaux.

LR : Selon toi, est-ce que les allégations de mauvaise gestion financière sont fondées ?

PB : Non, mais je pense qu’il faut améliorer notre système de gestion financière. On a déjà passé beaucoup de motions pour faire un remaniement de ce système et avoir des règlements plus stricts. Je ne pense pas qu’on ait brisé les règlements d’une quelconque manière. On a adopté les quatre recommandations dans le rapport [de PricewaterhouseCoopers (PwC)]. Il faut s’assurer qu’on utilise l’argent des étudiants de manière responsable afin de les aider.

LR : Pourquoi est-ce qu’il a fallu autant de temps avant que les individus visés se retirent temporairement ?

PB : Je ne suis pas certaine, mais je pense que c’était surtout parce qu’ils savaient qu’ils étaient innocents. Par exemple, Rizki [Rachiq] n’avait plus accès à l’autorité financière alors il pensait peut-être qu’étant donné qu’il ne touchait plus à l’argent, il pouvait continuer à faire son travail, mais il y avait trop de pression.

LR : Les dépenses des membres de l’exécutif n’étaient pas inclues, pourquoi ?

PB : Ce n’était pas une vérification financière, qui se déroule chaque année avec Deloitte. L’enquête par Deloitte était en train de se faire pour la vérification financière de l’an dernier. Les allégations ont ensuite fait surface et ils ont décidé d’arrêter le temps qu’il y ait une vérification judiciaire, puis ils seront de retour après pour continuer leur travail.

LR : Comment la FÉUO va-t-elle appliquer les quatre recommandations du rapport ?

PB : Il y a l’évaluation des risques de fraude, ce que PwC avait mentionné comme étant bénéfique pour chaque organisation, surtout que nous avons quatre entreprises. On a alors adopté cette mesure et c’est une compagnie externe qui s’en occupera pour la Fédération. Ensuite il y avait la question du conflit d’intérêts. Avant on n’incluait pas les membres de l’exécutif et aussi ce n’était que lorsqu’il y avait implication de gains financiers personnels. Maintenant, on a inclus le volet personnel. Par exemple, Axel [Gaga] qui siégeait sur le comité constitutionnel, ça ne pourrait pas être possible avec les changements qu’on a apportés. C’est un règlement qui continuera d’être amélioré pour qu’il soit plus strict. Il y avait aussi une recommandation indiquant que le poste de la vice-présidence aux opérations soit une position permanente remplie par un expert-comptable agrégé. La dernière recommandation visait une politique d’approvisionnement. Par exemple, s’il faut acheter quelque chose d’une valeur de 150 $ ou plus, il faudra faire des appels d’offres. Une personne ayant une relation avec une personne évaluée dans ce contexte devra se retirer du processus. Ce système sera appliqué pour chaque service et commerce.

LR : Quelle est la position de la FÉUO quant à la non-satisfaction de l’Université face au rapport ?

PB : Personnellement je pense que cette décision était déjà prise avant que le rapport soit publié. On leur a demandé s’ils changeraient d’avis si les conclusions du rapport réfutaient les allégations, et ils ont dit que non, probablement pas. On a fait tellement de changements pour s’assurer qu’une situation comme celle-là ne puisse jamais se reproduire. Personnellement, je ne pense pas que c’est justifiable [comme décision de l’administration]. Je ne pense pas que c’est dans l’intérêt des étudiants.

LR : Qu’est-ce qui attend les services de la FÉUO ?

PB : On travaille très fort pour les maintenir. On va essayer d’avoir un contrat intérimaire avec l’Université. Je vais les rencontrer cette semaine pour qu’on puisse établir quelque chose de décembre à février. Ce contrat servirait à maintenir la gestion des services et des entreprises de la FÉUO, en plus des clubs et des corps fédérés.

LR : Quelles autres actions de la FÉUO est-ce que l’on va voir dans le futur ?

PB : J’espère qu’on verra plus d’implication auprès des étudiants, dans la communauté universitaire. Je pense qu’on va agir sur tous les changements proposés et avec l’Assemblée générale, on va pouvoir écouter toutes les suggestions qui nous sont apportées et nous agirons en conséquence.

LR : Qui va écrire la question référendaire ?

PB : Je n’[en] ai aucune idée. Ils ont dit que ce serait une compagnie externe qui sera embauchée pour faire le référendum. En ce qui concerne la question, je pense que ce sera l’Université étant donné que c’est eux qui gèrent le processus. Je ne suis pas 100 % certaine.

LR : Un autre groupe a l’intention de se présenter au référendum – le Syndicat étudiant de l’U d’O (UOSO) -, est-ce que vous avez communiqué avec eux ?

PB : Oui, j’avais une réunion avec eux il y a un ou deux mois. Ils ont emmené de très bonnes suggestions, et au CA on a agi en fonction de certaines d’entre elles. Plusieurs d’entre eux m’ont ensuite envoyé des messages personnels pour me remercier et me dire que ce sont de bons changements. J’espère que la campagne va bien se dérouler. L’Université avait dit ne pas vouloir des élections divisées et pas de partis, et maintenant elle apporte un référendum qui va diviser le campus. Je pense que ça peut être dangereux et néfaste. Je ne suis pas certaine de la manière dont l’Université va assurer la sécurité des individus et assurer que ce sera une élection de bonne foi.

LR : L’UOSO indique être dévoué « à maintenir les centres de service, les entreprises et les programmes présentement en place ». Qu’en penses-tu ?

PB : C’est impossible. Les services et les commerces appartiennent à la Fédération comme organisation incorporée auprès du gouvernement. Alors techniquement, ces services et commerces appartiennent à la FÉUO. Si l’Université ne collecte pas de fonds pour la FÉUO, il n’y a aucuns fonds pour les corps fédérés, les commerces ou les services. Alors ce n’est pas de l’autorité de l’Université de choisir que conserver ou non. Ce sont tous des fonds de la FÉUO, et si elle ne collecte pas ces fonds, les services et commerces ne seront pas supportés. Ce sont des promesses…

LR : Comment sont les relations avec l’Université ?

PB : Difficiles, mais la communication reste ouverte. Même après la rencontre avec David Graham, Michel Bergeron et Michel Guilbeault, où ils nous ont dit qu’ils n’avaient plus confiance en la FÉUO et qu’ils organiseraient un référendum, Graham m’avait demandé si notre rencontre de l’après-midi tenait toujours. On continue à avoir nos rencontres mensuelles habituelles.

LR : Rizki Rachiq et Axel Gaga ont tous deux annoncé leur démission, quels sont tes commentaires à ce sujet ?

PB : Dans le cas de Rizki, il a reçu beaucoup d’attention des médias et de pression. Je pense qu’il a démissionné pour le bien de l’organisation et les étudiants. Je n’avais pas les mêmes expériences qu’Axel qui, aux yeux du public, était un criminel, même s’il n’a rien fait. Le rapport l’indique. Je trouve ça triste. C’est difficile. Dans mon cas, j’ai aussi eu des expériences pas très plaisantes sur le campus.

LR : Quel est ton futur au sein de la Fédération ?

PB : Après cette année c’est fini. J’essaie de préserver la Fédération étudiante, mais je m’étais déjà dit que je ne ferais qu’un mandat, même pas comme présidente en plus, j’ai été élue pour être la vice-présidente aux affaires externes. J’ai fait un engagement auprès des étudiants quand j’ai été élue alors je vais continuer de le respecter et j’espère pouvoir finir mon mandat.

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