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La FCFA lance un défi à Justin Trudeau

12 février 2018

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Par : Nicolas Hubert

Le président de la Fédération des communautés francophones et acadiennes (FCFA) du Canada, Jean Johnson, a lancé à l’occasion de la rentrée parlementaire, le 29 janvier, un défi au premier ministre Justin Trudeau sur le financement du Plan d’action sur les langues officielles 2018-2023. La Rotonde revient avec le président de la FCFA sur son défi lancé à Trudeau.

La Rotonde : Dans quel contexte intervient votre défi lancé à Trudeau ?

Jean Johnson : Notre objectif essentiellement c’est de renforcer la capacité de nos communautés avec un plan d’action qui va être transformatif. On a eu plusieurs rencontres avec [la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie] Joly, qui a été très réceptive à notre demande et présentement nous devons travailler avec [le ministre des Finances, Bill] Morneau pour nous assurer qu’il soit sérieux au niveau de l’investissement et que Trudeau appuie cette démarche. Trudeau a besoin de faire une déclaration, de donner une directive très claire à l’appareil fédéral, du fait que les langues officielles sont une priorité et que de facto les communautés francophones en situation minoritaire sont également des priorités.

LR : Quel est votre espoir d’influer sur le renforcement du Plan d’action ?

JJ : On a de très grands espoirs. Les communautés ont un très haut niveau de frustration de l’inaction du gouvernement fédéral depuis 12 ans. On est inquiet d’une culture qui est instaurée au sein de l’appareil fédéral. Une culture d’inaction envers nos communautés. C’est pour cela que samedi dernier [le 29 janvier], dans une entrevue j’ai dit que le statu quo, ou un manque d’investissement important, c’est de livrer un message que les communautés doivent s’attarder à gérer leur propre déclin. Et c’est exactement le contraire de ce que l’on veut faire. Donc on a besoin d’un plan d’action transformatif.

LR : Vous soulignez que les communautés de langues officielles ont été sous-financées au cours des dernières années ?

JJ : Absolument ! Il n’y a eu aucun changement au niveau des investissements depuis le plan Dion. Donc les communautés se sont essentiellement plaintes que la vaste majorité des fonds du plan d’action, 75 % des investissements, vont à l’appareil gouvernemental. Soit à des bureaucraties fédérales, ou simplement à travers des transferts de fonds aux provinces et territoires. Et on sait très bien que lorsque les fonds sont transférés aux provinces, il n’y a aucune possibilité de savoir où sont allées ces ressources financières. Le niveau de grogne et d’insatisfaction au niveau des communautés est très élevé présentement. Ce que l’on souhaite c’est que Trudeau agisse. Tout est dans ses mains.

LR : Quels sont les impacts de ce sous-financement ?

JJ : On a eu un bon réflexe en juin dernier de faire une tournée et d’être présents dans nos communautés. Ce que l’on a entendu partout c’était le même message : « On est à la gorge au niveau du financement, on n’a pas les ressources pour payer des employés, pour les garder pour plus longtemps qu’un an ou deux ». Il y a une injustice au niveau des investissements. On est en train de fragiliser nos communautés. On est en train de fragiliser la capacité de livrer les services de base dont les communautés ont besoin. Nous n’avons pas besoin de gérer notre survie, le déclin de nos communautés. Nous, ce dont nous avons besoin c’est les ressources financières pour permettre de bâtir la capacité de nos communautés.

LR : Concrètement, qu’amèneraient ces ressources financières ?

JJ : On ne veut pas un programme qui va être uniforme partout à travers le pays. Ce que l’on dit essentiellement c’est qu’il y a des différences de plan d’action dans chacune des provinces. Les plans stratégiques sont différents d’une réalité à l’autre et ce que l’on souhaite c’est que le nouveau plan d’action va permettre d’innover au niveau du financement. Permettre aux communautés de renflouer leur manque à gagner et aussi d’augmenter les services selon les priorités.

LR : Quelles sont vos attentes envers M. Trudeau ?

JJ : Un, c’est de dire oui à une rencontre avec la FCFA. Deux, c’est de prendre l’occasion de l’annonce du plan d’action, au minimum, mais publiquement de faire une déclaration de son engagement et de la priorité qu’occupent les langues officielles et nos communautés. Et trois, que le Plan d’action soit transformatif, autant au niveau du contenu du plan qu’au niveau des investissements.

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