
Le fait français en Ontario : Une langue à protéger et promouvoir
Les francophones et francophiles de l’Ontario ont célébré, le jeudi 25 septembre dernier, la Journée dédiée à leur drapeau, flottant depuis la première levée en 1975, à Sudbury. Officialisée en 2010, la Journée des Franco-Ontariennes et des Franco- Ontariens fête l’héritage et la fierté linguistique de la communauté francophone de la province, bien que celle-ci doit toujours se battre pour survivre.
Selon Linda Cardinal, professeure à la Faculté des sciences sociales et directrice de la Chaire de recherche sur la francophonie et les politiques publiques de l’Université d’Ottawa (U d’O), le français est primordial. Non seulement dans les affaires universitaires, mais également partout en Ontario. « Sur le plan provincial, c’est une loi cadre d’offrir des services en français de façon active aux communautés bilingues de 5000 habitants francophones ou plus ou où il y a plus de 10 % de la population qui est francophone », explique-t-elle.
Un déséquilibre évident
Siégeant également au Bureau des gouverneurs, Mme Cardinal déclare que l’offre des services en français de l’U d’O est au coeur de la planification stratégique du projet Destination 20/20, une initiative de l’Université pour atteindre des « objectifs ambitieux ».
Mme Cardinal rappelle qu’en ce qui concerne l’Université d’Ottawa, il existe un déséquilibre évident entre les deux langues, notamment dû au fait que seulement près de 30 % des étudiants sont francophones.
« L’important dans le cas de l’Université, ça serait de ne pas prendre des mesures “après-coups”, c’est-à-dire de réfléchir avant de prendre ses décisions », explique Mme Cardinal. « Il faut être franco-responsable pour assurer un meilleur équilibre », rajoute cette dernière.
« Sur le plan juridique, on a un régime linguistique qui est assez limité et qu’on réfère parfois comme un régime bilingue pratique par rapport à un bilinguisme officiel », explique la professeure. « Historiquement parlant, on peut parler d’une approche franco-ontarienne comme une approche de petits pas ».
Selon Phyllis Dalley, professeure à la Faculté d’éducation de l’U d’O, les problèmes d’offres de services en français dépendraient non seulement de chaque faculté, mais aussi du nombre d’intéressés.
« C’est sûr que c’est différent dans chaque faculté, mais dans la notre [Faculté d’éducation], il y une grande place accordée au français », affirme Mme Dalley. « Nos salles de cours sont peut-être plus petites que les anglophones et nos cours sont parfois annulés. Par contre, ce n’est pas parce que l’offre n’est pas là, mais parce que les étudiants francophones n’y sont pas ».
L’Université tente d’attirer plus d’étudiants francophones, notamment en offrant une exonération des frais de scolarité pour les étudiants internationaux de langue française venant étudier à l’U d’O, leur économisant jusqu’à 10 000 $ par année.
La réalité franco-ontarienne
« Être Franco-Ontarien, c’est plus qu’être un francophone en Ontario. C’est d’accepter de ne pas prendre le français pour acquis et de le revendiquer à chaque fois », affirme Mme Cardinal.
Lors des dernières années, plusieurs organismes ont été mis en place pour, non seulement protéger, mais aussi pour promouvoir les services en français en Ontario. Parmi ceux-ci, on retrouve l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne et le Regroupement étudiant franco-ontarien.
Ensemble, ces trois organismes franco-ontariens font pression, depuis quelques années, sur le gouvernement provincial pour l’obtention d’améliorations en termes d’éducation francophone, notamment la création d’une université entièrement et exclusivement francophone.
Ces revendications sont autant plus importantes lorsqu’il est calculé que l’offre de programmes postsecondaires francophones au sud de la province ne représente que 3 % de tous les programmes qui y sont offerts.
Mme Dalley affirme « qu’être francophone en Ontario, c’est devoir faire le choix à chaque jour de poursuivre ou de délaisser la langue française ».