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Faire son propre vin : Combattre les prix de l’alcool en faisant soi-même

2 février 2015

– Par Alex Jürgen Thumm –

La vente des alcools en Ontario est hautement critiquée. Même si le LCBO (la Régie des alcools de l’Ontario) se démarque comme l’acheteur le plus important de vin au monde et propose les plus bas prix d’alcool au Canada, il a été sujet de nombreuses controverses. Le vérificateur général a déclaré que les prix sont trop hauts et que le LCBO n’exige pas les rabais appropriés de ses fournisseurs. On a d’ailleurs remis en question les avantages de prix qu’il offre au gouvernement fédéral, aux diplomates et aux églises. Ce mois a vu une indignation considérable au sujet du rôle du Beer Store. Y a-t-il un moyen de s’en sortir? Oui, selon les maisons de vinification d’Ottawa.

Le vin est la passion de Martin Chayer. « Faire du vin n’est pas autant pour le boire que pour vivre le monde du vin », prône l’étudiant à la maîtrise en lettres à l’Université d’Ottawa. « Le vin représente une obsession du genre humain depuis des milliers d’années. Faire son vin, c’est quelque chose qu’il faut vivre pour comprendre, et on le ressent avec tous les cinq sens ».

Il s’intéresse au vin depuis l’âge de 17 ans. Les grands-parents de sa copine italienne à l’université en faisaient à la maison, faisant même pousser leurs propres raisins dans l’arrière-cour. « Ça m’a poussé à y penser », mentionne-t-il. Depuis un an, il travaille comme vinificateur chez Wine Bottega à Ottawa.

Un processus qui prend peu d’efforts et peu d’argent

Pour faire son propre vin, il ne faut plus s’acheter l’équipement de vinification soi-même. Plusieurs magasins de la région proposent de vous laisser faire le vin en magasin.

En réalité, il ne faut presque rien faire soi-même puisque les magasins s’occupent de la majorité du travail. On effectue seulement deux visites en magasin. La première prend une quinzaine de minutes puisque, selon la loi, le client doit personnellement verser la levure. On attend ensuite de quatre à six semaines avant de revenir. À la deuxième visite, le client doit légalement effectuer la mise en bouteille, ce qui prend 20 minutes.

Le consensus des magasins de vinification à Ottawa est que l’on peut faire une bouteille de vin chez eux pour quatre ou cinq dollars, mais dont la qualité serait équivalente à une bouteille de 15 $ au LCBO. Le Wine Station promet même des prix à partir de 2,60 $ la bouteille. Chaque lot de vin produit entre 26 et 30 bouteilles de la même variété de vin.

C’est surtout la sélection qui varie d’un magasin à un autre. Le Wine Station offre plus de 150 variétés de vin. « Nos raisins proviennent majoritairement de la Californie et du Mexique. Ils sont transformés en jus à Toronto et puis expédiés à mon distributeur à Ottawa », explique le propriétaire du Vinabella Winery, Iain Macfarlane, qui dit avoir dans les alentours de 1500 clients par an.

Beaucoup d’étudiants du Collège Algonquin fréquentent le magasin Wine Kitz Ottawa Iris, dans l’ouest de la ville, selon l’employée Kayla Fasken, étudiante en littérature anglaise à l’Université Carleton.

« Je ne vais jamais recommencer à acheter du vin du LCBO », proclame l’étudiante qui fait son propre vin depuis deux ans. « Moi, je m’arrange avec mes amis pour que nous puissions faire plusieurs commandes de vins différents en même temps. Nous partageons les coûts et avons chacun une dizaine de bouteilles de chaque variété. Comme ça, il ne faut jamais paniquer et courir à la dernière minute au LCBO pour chercher du vin », explique-t-elle.

« Faire du vin en magasin exige un effort minimal. Apportez votre vin préféré au magasin et notre dégustatrice de vin trouvera un mélange de raisins en magasin pour l’appairer. La meilleure chose avec l’autovinification en magasin, c’est que nous pouvons ajuster le vin à votre goût ».

Les débats sur la qualité du vin fait maison

L’un des plus grands avantages de l’autovinification est le montant minimal d’agents de conservation qui se retrouvent dans le vin, réclame M. Macfarlane. « On en rajoute très, très peu. Beaucoup de gens ont un mal de tête après avoir bu du vin commercial à cause des agents de conservation, mais ils peuvent boire notre vin sans aucun problème », soutient le propriétaire du Vinabella Winery.

Or, selon certains critiques, l’autovinification n’est pas forcément recommandable. Mauro Dal-Cin, un ingénieur passionné du vin, s’en méfie. « Je ne le recommande pas. La qualité est très variable. Il peut être bon, mais les saveurs sont souvent monotones », mentionne-t-il. M. Dal-Cin explique que plus on transforme les raisins, plus ils changent, et plus ils risquent de se gâter. Il faut donc ajouter encore plus de sulfites pour protéger le vin.

Mme Fasken rassure les clients potentiels. « La qualité du vin que nous faisons est égale à celle du LCBO. Nous le garantissons. Si vous n’aimez pas le goût, nous vous rembourserons à 100 %, sans question. Tous nos clients ont de bonnes expériences. L’autovinification a progressé beaucoup dans les derniers ans et beaucoup de gens qui prétendent ne pas aimer le vin fait maison adorent nos vins. Le vin que faisaient mes parents, par exemple, était terrible ».

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